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mercredi, 15 août 2018

L'écrit va scier !

J’avais la crève.
J’ai failli me plaindre puis je me suis souvenu que ma cousine et Mab étaient mortes il y a peu.
Alors je me suis dit que je me plaindrai une autre fois.
Un peu de pudeur ne nuit pas.
Ce n’est pourtant pas l’envie de me plaindre qui me manque.
Et j’ai de quoi…
Pensez, lectrices chéries qu’un drame familial a failli se nouer qui ne fut évité que par ma distraction.
Je suis allé me laver les dents et, sans faire attention, dans un réflexe altruiste inattendu j’ai jeté le tube de dentifrice vide.
La chose paraît évidente mais songez, lectrices chéries que parmi nos petits jeux de mariés depuis longtemps, il y en a un qui consiste justement à presser le tube de dentifrice jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une miette de dentifrice.
C’est là que le drame se joue.
La suivante car je fais tout pour que ce soit Heure-Bleue la victime, d’abord je n’en ai pas d’autre à ma disposition, prend le dentifrice.
Puis, voyant apparaître une miette de dentifrice, jubile intérieurement en se disant « Yahooo !!! Je l’ai eu ! C’est lui qui va changer le tube, jeter vieux, jeter l’emballage du neuf et pester parce qu’il va devoir aller tout nu à la cuisine en passant devant la fenêtre ! »
Hélas pour elle, il n’y a pas assez de dentifrice au fond du tube.
Je ricane en la regardant presser en vain le tube.
Elle finit par « Et m… ! »
Puis « Minou ! C’est pas bien ce que tu fais ! »
Je n’ai plus qu’à attendre qu’elle aille à la cuisine et passe, seins nus devant la fenêtre.
Hélas donc,  emporté par un élan de jugeote inattendu chez moi, j’ai changé le tube, jeté le vieux et l’emballage du neuf.
Notre théâtre a du coup joué « Relâche » à guichets fermés…
Alors j’ai allumé la radio.
J’écoute Bashung avec ravissement.
Il chante « La nuit je mens ».
Et à l’écouter car je l’écoute, je ne me contente pas de l’entendre, je me fais une fois de plus une réflexion que je me fais depuis des décennies.
Bientôt six.
Oui six car j’ai attendu d’avoir une quinzaine d’années pour me la faire.
Bientôt six décennies que je me dis que la poésie est un art difficile.
Bien plus que l’écriture.
Pour tenter la poésie, faut être bon ou inconscient.
Apparemment, le monde foisonne d’inconscients.
Ou d’imprudents car la prudence commanderait de se relire.
Et l’objectivité d’effacer illico ce qu’on vient d’écrire.
Ecrire est beaucoup plus simple, il suffit de savoir écrire.
Et encore pas toujours d’après ce que je lis parfois.
Il faut évidemment avoir quelque chose à dire.
La poésie, c’est autre chose.
Il faut bien sûr avoir quelque chose à dire.
Il faut surtout avoir quelque chose à ressentir.
Il faut savoir le faire ressentir.
Il faut savoir faire partager une vue différente de ce qui nous entoure et qu’on voit de travers. Qu’on ne voit pas comme tout le monde.
Savoir regarder le monde de côté, ou de dessus, ou de dessous.
Enfin d’ailleurs.
Et savoir dire ce que l’on voit.
Nombreux sont ceux qui s’y essaient.
Encore plus nombreux sont ceux qui se cassent la gueule…