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mardi, 29 avril 2025

Le manque de peau rend triste...

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Hier matin, je suis allé chez le dentiste.
Rien de bien passionnant si ce n’est que le dentiste est dans une banlieue très agréable.
Surtout en fin de matinée de printemps.
Le temps, justement était à la cervelle pleine d’idées quant à l’usage qu’on peut faire d’un ciel bleu, d’une température douce et d’une population très clairsemée.
Pour prendre le bus, je suis passé par l’avenue Stuart Merrill car, alors qu’auparavant nous habitions le quartier des sculpteurs, nous habitons aujourd’hui dans celui des poètes…
Je suis donc monté dans le 164.
Si je n’étais pas arrivé, le machiniste eût été bien seul dans son bus et se serait ennuyé…
Il me remercia en conduisant avec douceur dans une circulation plutôt maigre.
Avant d’arriver vers l’île de la Jatte, sur ce boulevard plein de belles maisons et d’immeubles de luxe, un arrêt me fit détacher les yeux de mon livre.
Une jeune femme est alors montée.
Bien que n’étant pas particulièrement attiré par les blondes, celle-ci avait quelque chose de rare pour une femme de son âge car ce n’était plus une enfant dont on attend toujours quelque timidité à l’arrivée dans un lieu où il y a des inconnus.
Ce quelque chose était non seulement sa peau, qui était magnifique mais surtout, ce qui lui donnait cet air de vague timidité était cette nuance nacarat dont on ne pouvait dire si elle était due à une humilité improbable ou un léger essoufflement.
Bref, je fis très attention à ne pas la regarder de façon appuyée puis, le bus reprit sa route et moi mon bouquin.
Je ne sais pas où elle est descendue ni même avec précision la station où elle était montée.
Je me rappelle simplement sa peau et cette teinte qui donnait envie de la toucher.
M’est revenu le même genre de souvenir dans le bus 39, vers la station Grenier Saint Lazare.
Une dame manifestement antillaise était montée dans le bus et montrait un dos largement découvert.
Debout derrière elle j’ai remarqué une peau d’acajou sans aucun défaut, légèrement lumineuse car il faisait là encore beau temps.
Je me rappelle avoir eu envie d’y passer la main comme sur un meuble de bois précieux.
Puis je suis revenu à la maison et, après le déjeuner, Heure-Bleue et moi sommes allés au square des Battignoles où les plus vieux arbres commencent à perdre leurs branches tandis que les canards, de plus en plus impertinents tentent d’obtenir de quoi satisfaire une gourmandise insatiable.
Mais quand même, je dois vous avouer que si je n’étais pas en train de relire Théophile Gautier, j’aurais été incapable de découvrir que la peau de cette blonde avait la nuance « nacarat » qu’il a utilisée dans « Émaux et Camées »…

dimanche, 27 avril 2025

Samedi pas grand’ chose ce matin…

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Hier, on est allé se promener dans mon coin préféré du IXème arrondissement.
La lumière de mes jours, tandis que nous buvions un café tout contre le square d’Anvers, a remué chez moi l’envie que j’avais eue pendant mes années de lycée et parfois, selon les souvenirs qui me traversaient l’esprit, celle d’habiter rue Turgot.
Nous nous disions qu’habiter ce coin de Paris avait plein d’avantages.
Il y avait déjà un boulanger que nous connaissions depuis un moment pour son pain et sa brioche.
Puis, en longeant l’avenue Trudaine, on passait devant mon lycée qui avait connu des jours meilleurs et qui aujourd’hui est recouvert de filets sur tous ses murs comme si l’établissement allait s’effondrer dans la semaine.
Un lycée que j’avais connu en 1960 sans piscine intérieure, avec des cours de « récré » où il y avait des arbres.
Bref, les années ont passé et je ne le constate pas que dans mon genou droit…
Néanmoins, la rue Turgot reste une rue qui nous fait envie à tous deux.
Nous en avons descendu la moitié, la maison, inaccessible évidemment – non, je n’écrirai pas « inatteignable » comme n’importe quel type qui cause dans le poste – est toujours là, face à EDF et La Poste, puis nous sommes remontés et repartis jusqu’à la rue des Martyrs.
Nous sommes évidemment passés devant le restaurant où nous avions déjeuné pour notre mariage.
Le restaurant, qui donna son titre à un film n’existe plus et la manif qui s’indignait de la mort de Pierre Overney, « maoiste gaucho prolétarien » tué par des « sbires du grand capital » en février 1972 avait cessé sans laisser de trace ailleurs que dans la mémoire des « soixante-huitards attardés » que nous sommes…
Embourgeoisés malgré tout, nous avons descendu la rue des Martyrs et avons acheté des choses étranges comme ces boulettes d’agneau délicieuses mais qui laissent des souvenirs autres que gustatifs.
De fait, ces boulettes m’ont donné du fil à retordre pour nettoyer l’évier.
La sauce de ces boulettes usait d’une épice inconnue qui avait pour effet de laisser la vaisselle et l’évier tels qu’on les eût dit passés au « Stabiloboss jaune fluo » !
Mais c’était bon.
N'oublions pas cette boutique de produits italiens, au confluent de la rue Lamartine, de la rue des Martyrs et de la rue Saint Lazare, boutique pleine de produits délicieux et dont la modicité des prix nous a surpris.
Ce fut un samedi somme toute calme et agréable, d’où cette note sans intérêt et dont le but est de persister à écrire sur un blog en perdition…

mercredi, 23 avril 2025

L’ange des CHU 

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Hier, je suis allé faire un tour pour rien à l’hôpital.
Ce CHU fait partie des 250 hôpitaux les mieux notés dans le monde et ce n’est pas le dernier de la liste !
Néanmoins, je me demande si cette place est vraiment méritée…
Nanti donc de l’ordonnance me fixant rendez-vous pour hier 14H30, j’ai pris le tram qui ne passe pas loin de la maison et me dépose censément à l’hôpital.
Que je vous dise, « censément » est le bon mot car il me faut parcourir plus de trois cents mètres pour arriver devant l’entrée de l’hôpital.
Après avoir demandé où était l’ascenseur qui m’éviterait une pente telle qu’on en voit à Montmartre, je suis arrivé là où j’étais censé être accueilli.
Tout était parfait !
Les trente minutes d’avance sur l’heure du rendez-vous, histoire de peaufiner un dossier qu’ils avaient déjà.
L’attente finalement brève au guichet.
La dame m’a demandé le papier qui justifiait ma présence en ces lieux.
Elle l’a lu.
Puis elle a tapé sur le clavier de son ordinateur et m’a dit « Non Monsieur, vous n’avez pas rendez-vous aujourd’hui… »
Surpris j’ai tendu l’autre papier, celui qui me donnait rendez-vous demain au même endroit.
Elle a retapé quelques chose sur son clavier puis m’a dit « Aaaahhhh !!! Voilà ! Vous avez reçu le mail du rendez-vous de demain quelques heures après le premier et « ils » ont oublié d’écrire « ne tenez pas compte du mail précédent », c’est juste un oubli… »
Bref, j’ai rendez-vous demain, même heure, même endroit.
C’est en ressortant du CHU qu’une chose m’a frappé.
Il y a au bas mot, six entreprises de pompes funèbres entre le boulevard et l’entrée de l’hôpital.
Et c’est là que je me suis dit « S’ils font comme ça pour les interventions chirurgicales, il n’est pas surprenant qu’il y ait foule d’entreprises de pompes funèbres alentour… »
Mais bon, ça m’a promené et permis de voir que depuis que j’ai passé le deuxième trimestre de ma cinquième au lycée, les locaux sont beaucoup plus neufs et pleins d’appareils dont on n’avait pas encore idée.
C’est fou ce qu’on a fait comme progrès en soixante-cinq ans.
Sauf pour la précision des rendez-vous.

mardi, 22 avril 2025

Devoir de Lakevio du Goût N° 201

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Si Elaine avait réfléchi un peu et s’était renseignée, elle aurait repéré cette saleté de Guenièvre qui se laissait doucement aller à rêver de ce que recouvrait le haubert de Lancelot.
Au lieu de rêvasser à des contacts plus affectueux avec le Chevalier de la Charrette, Elaine d’Astolat, au lieu de frimer en se faisant appeler « Lady of Shaalot » et en laissant bien plus tard Lord Tennyson lui dédier un poème, aurait mieux fait de surveiller ce grand dadais de Lancelot du Lac.
Je suis sûr que si elle l’avais espionné un peu plus sérieusement et suivi dans les couloirs du château de Kaamalot, elle l’aurait serré lors de la scène où Guenièvre,si j’en crois d’autres auteurs, « lui tendit les lèvres et il y but longuement » …
Bref, cette pauvre Elaine, cantonnée à ne voir le monde qu’à travers un miroir qui, comme chacun sait surtout ceux qui s’occupent d’optique, ne donne qu’une image virtuelle de la réalité, était mal partie…
D’autant plus mal partie qu’un jour elle aperçut Lancelot, que la virtualité de l’image transformait en pure merveille.
Elle aussi, se dit finalement en tombant raide dingue qu’elle aurait bien glissé sa main sous le haubert de Lancelot, histoire de vérifier qu’elle lui faisait le même effet…
Elle se morfondit un moment mais, tenaillée par l’envie de savoir le goût de la peau de Lancelot, elle prit un bateau en saison bien trop froide pour son petit corps fragile et finit surgelée sans avoir pu goûter à l’étreinte de son chevalier adoré.
Ce couillon, tout fier d’avoir allumé cette belle rouquine, fit semblant d’être triste mais pas trop pour éviter le courroux de Guenièvre qui, comme chacun sait était jalouse mais prudente parce que si Arthur avait su à quoi elle pensait, elle aurait été virée de Kaamlot avec pertes et fracas.
Ainsi vont et finissent les amours contrariées qui font la richesse de la littérature depuis que l’humanité a découvert que certains outils fournis par la nature ne servent pas qu’à faire pipi…

201ème Devoir de Lakevio du Goût 

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Ça fait un moment qu’un tas de petits problèmes et une vue de plus en plus déficiente font que je n’ai pas lu de livre autre que des polars légers histoire de ne pas me tordre inutilement un des trois neurones qui me restent.
La lumière revenant dans mon seul œil actif, elle commence à éclairer un cerveau anesthésié depuis trop longtemps.
Rendez-vous compte, lectrices chéries et lecteurs non moins chéris que ce matin j’ai pensé !
Le truc qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps.
Ça m’a même amené à me souvenir que le cerveau consomme environ le tiers de l’oxygène qui parvient à nos éponges.
Évidemment, vu l’état lamentable dans lequel la cigarette a mis mon système respiratoire, il n’est pas étonnant que ma cervelle ait perdu de cette vivacité qui fit l’admiration de certains enseignants et le désespoir d’autres.
Il est plus étonnant qu’après avoir gaspillé tant de souffle, que le peu d’oxygène restant ait pu laisser assez d’activité cérébrale et poussé certaines entreprises à m’accorder imprudemment des responsabilités…
Tout ceci pour vous dire qu’un long entraînement au rodage de neurone me semble encore nécessaire pour qu’enfin je puisse vous passionner de récits qui sans votre indulgence coupable seraient bon pour la corbeille.
Néanmoins, le soleil éclatant, la vision revenue telle qu’elle était quand j’avais quinze ans, tout ceci me ravit et me met d’humeur joyeuse malgré les trouvailles aussi stupides qu’incessantes des cinglés qui mènent le monde à sa perte.
Histoire de nous remettre dans le bain, je vous propose de dire ce que vous ressentez à la vue de la Dame de Shalott, ce tableau de John William Waterhouse censé traduire la pensée de lord Tennyson lorsqu’il écrivit le poème éponyme..
Même si lundi est le lundi de Pâques qui vit sortir à la surprise générale le Christ sortir de sa tombe, et dire bêtement à Marie-Madeleine qui ne demandait que ça « Noli me tangere », je compte sur vous pour donner à ce lundi toute la sensibilité nécessaire.
Voilà, voilà…