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mercredi, 29 septembre 2021

« Dubonnet » damne…

Ouais, je sais, j’ai déjà honte…

Gévéor.jpg

Ce matin, j’ai vu chez Fabie une photo qui m’a rappelé deux choses.
Cette photo m’a d’abord ramené dans les tunnels du métro où la maigre lumière dispensée par des ampoules anémiques montrait à intervalles presque réguliers la séquence « DUBO… DUBON… DUBONNET »
Le visage collé à la vitre, je regardais défiler, sous cette obscure clarté qui ne tombait pas des étoiles, cet appel à picoler qui était courant dans les années cinquante et soixante.
Plus tard, l’alcoolisme était pointé d’un doigt de procureur méprisant.
Comme il ne désignait alors que le buveur de « gros qui tache » ou, selon le milieu professionnel, le client qui s’achetait « une betterave » ou « un encrier de déménageur », le bon Français se mit à se saouler avec du whisky d’importation.
Ça ne faisait pas « poivrot »…
« Alcoolique mondain » ça avait quand même une autre gueule !
L’autre souvenir tient aussi dans cette photo.
Pour éviter que ce « Dubonnet » ne soit en butte à la vindicte des ligues de vertu, on rappelait dans les « réclames » qu’il s’agissait d’un « vin tonique au quinquina » et que ce vin aromatisé servit de médicament au légionnaire en campagne depuis le milieu du XIXème siècle.
Ma mère, dans son souci permanent de bonne santé et d’éviter de gaspiller des sous en médicaments ou pire, en visites chez le « docteur » avait eu une idée.
En plus c’était une idée « durable ».
Alors que personne ne buvait de vin à la maison, elle achetait une bouteille de vin dit « Pelure d’oignon » de la maison « Cramoisay et Champlure ».
Ça faisait un peu luxe car il n’était pas du rouge foncé du « Vin des Rochers » dit « Le velours de l’estomac », ni du rouge plus clair du « Gévéor » dit « Après l’effort, le réconfort ».
Il avait une couleur rousse et, selon ma mère, « il ne sentait pas la vinasse ».
Elle le transvasait dans un « litre étoilé », y ajoutait quelques cuillers à soupe de sucre et un petit flacon « d’extrait d’écorce de quinquina » acheté à la pharmacie.
Cet « élixir de longue vie » fait maison durait toute l’année et le reste en était jeté au début de l’année suivante.
On avait droit à une cuiller à café en cas de fièvre ou de maladie quelconque.
Mon père avait droit à un petit verre.
Il n’aimait pas ça et je soupçonne que ma mère le savait et que c’est pour ça qu’elle lui en donnait un petit verre et non une cuiller à café.
Mais ce ne sont que supputations de ma part…
Bref, comme d’habitude, il n’y a rien de tel qu’une photo pour vous faire passer du Montmartre de 2021 à un passage de la Porte de Clignancourt des années cinquante...