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mercredi, 19 octobre 2016

Doit on dire « un aigle » ou « un oiseau de couleur » ?

Comme chaque matin, lectrices chéries, je prépare mon petit déjeuner.
Pendant qu’Heure-Bleue essaie tant bien que mal d’échapper aux bras de Morphée, je bois tranquillement mon bol de lait entier « bio », sucré d’une cuiller à café de miel d’acacia « bio » lui aussi.
Je me fais penser au « p’tit Parisien qui va acheter ses œufs bio au marché avec son petit panier », le bobo selon Sarkozy.
Puis, j’allume les PC de la maison et me mets à préparer le petit déjeuner de ma « belle endormie » comme dirait Kawabata.
Comme toujours, à peine le petit déjeuner préparé, mon absence a réveillé la lumière de mes jours qui arrive, belle sans ornement, dans le simple appareil d’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil –je sais, je pompe honteusement-.
Je lui sers son petit déjeuner pendant qu’elle court cacher ses trésors dans des hardes hideuses.
Elle est peu prolixe le matin, à vrai dire elle n’est pas réellement réveillée et n’est guidée vers son petit déjeuner que par l’instinct alors je m’assieds face à ma machine et  ouvre mon navigateur.
« Yahoo » me jette alors un titre étrange à la figure :

« Alerte enlèvement: «Un individu de race noire», le gros raté du ministère de la Justice. »

Au premier abord, je me suis demandé qui était ce « gros raté » du Ministère de la Justice, allant jusqu’à penser que c’était probablement un gratte-papier originaire du Mali ou des Antilles.
Mais non, après avoir jeté un regard distrait sur la bavure en question, je me suis dit qu’il va bientôt être impossible de dire d’un type qu’il est noir alors que ça saute au yeux.
Je sais bien que le concept de race dans l’espèce humaine est une ineptie mais depuis la controverse de Valladolid, je pensais que le problème était réglé.
J’imagine la difficulté si, plutôt qu’avoir créé la Normandie, les Vikings avaient été vaincus et qu’on ait traîné en esclavage toute la gent viking.
On aurait eu toutes les peines du monde à parler des « blonds », sans doute seraient ils devenus des « hommes de couleur » eux aussi.
Mais de couleur claire…
J’ai bien peur devoir dire à Merveille quand elle écoutera Barbara et me demandera :
- Papy, on dit « un aigle » ?
- Non Merveille, maintenant on doit dire « Un oiseau de couleur ».
- Mais alors Papy, c’est quoi « un aigle noir » ?
- Un pléonasme, Merveille, un pléonasme...
En réalité tous ces crétins me foutent la trouille.
Quand je les lis prêts à étriper et haïr leur prochain pour des motifs stupides et les vois complètement paniqués à l’idée de ne pas trouver le bon euphémisme pour cacher le mot juste, j’ai peur…