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vendredi, 20 janvier 2017

Le goût du pain...

Ce matin, j’ai regardé par la fenêtre.
Puis je me suis précipité pour allumer le chauffage.
Le thermomètre intérieur prétendait qu’il faisait 16°C à la maison et l’autre qu’il faisait -5°C dehors.
Rien qu’à l’apprendre les poils de mes jambes, enfin ceux qui leur restent désespérément accrochés, se sont dressés.
J’avais des jambes genre échidné mais avec moins de piquants.
Le temps de préparer le petit déjeuner de l’une et le café de l’autre, ma peau a cessé de ressembler à celle d’un poulet fraîchement plumé.
En touillant mon bol, aidé par les frissons car « il fait froid sa race quand même », je me suis mis à repenser à la cruauté des Frères et à celle de ma mère.
Celle des Frères, guidée sans doute pas ce besoin maladif de punir et mortifier.
Celle de ma mère par un besoin vital de faire attention aux sous.
Le résultat fut ces hivers passés, comme les étés mais là c’était bien, en culotte courte.
En y repensant, je suis dit que ce n’était sûrement pas plus drôle pour mes sœurs.
Les jambes ne sont pas plus protégées du froid par des jupes courtes que par des culottes courtes…
Je suis sûr, lectrices chéries, que nombre d’entre vous sont allées à l’école en jupe en plein hiver avec rien d’autre que leur peau pour protéger leurs jambes du froid.
Socquettes ou chaussettes. Point.
Je revois mes culottes courtes, haïes des années durant,  jusqu’à l’entrée au lycée.
Toutes du même modèle, et pour cause car elles devaient servir au moins deux ans.
Imaginez les, lectrices chéries, de velours côtelé marron, le même que celui des pantalons de paysan
Un ourlet démesuré la première année, quasiment inexistant la fin de la seconde année.
Flottant largement, tenu par des bretelles élastiques la première année et aux poches merveilleusement profondes comme des tombeaux.
Tenant la seconde année grâce à l’élasticité relative de la ceinture et aux poches miraculeusement rétrécies par des raccommodages successifs pour cause de trop de bricoles fourrées hâtivement dedans.
Il me souvient d’une fessée administrée avec un retard de quelques jours pour cause de trou vicieusement disposé dans une poche.
Ma mère m’avait envoyé chercher le pain, « un pain parisien pas trop cuit » et « surtout chez Galy, hein ! Pas chez Marion ! »
Vêtu de cette culotte courte, j’avais profité d’un vague relâchement dans l’humeur maternelle pour glisser subrepticement une pièce de dix francs, des francs d’avant Pinay, dans ma poche.
C’étai sans compter hélas sans la vigilance maternelle dès qu’il s’agissait d’argent et sans mon ignorance de la valeur dudit argent.
A l’époque, une baguette coûtait vingt francs, comme le journal, et le pain de 400 g dit « pain parisien » en coûtait quarante.
Rêvant à l’inattention maternelle, idiot naïf que j’étais déjà, j’ai glissé la pièce de dix francs dans ma poche.
Ma mère a pris le pain, m’a demandé la monnaie, j’ai dit « j’ai pas, je l’ai perdue ».
Méfiante, elle a fait les poches de ma culotte et ne l’a pas trouvée.
J’ai été aussi surpris qu’elle.
Quelques jours plus tard, elle a pris ma culotte pour y raccommoder un trou quelconque.
J’étais occupé quand elle a appelé « Patrice ! Viens voir un peu mon garçon ! »
Elle m’a attrapé par un bras et m’a collé une énorme claque sur la cuisse.
En hiver en plus !
La pièce avait glissé par un trou, de la poche dans l’ourlet de la culotte.
C’est là qu’elle avait retrouvé la pièce.
Caramba ! Encore raté…


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