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lundi, 13 mars 2017

L’air du temps…

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J’ai claqué la porte, bien décidé à ne pas revenir.
« C’est ça ! Va-t-en ! » Avait-elle crié.
Comme toujours, j’ai traîné dans le coin, acheté un journal et bu dix cafés en le lisant.
Comme toujours, j’ai trouvé que le café n’était pas bon.
Comme toujours, j’ai trouvé qu’il n’y avait rien d’intéressant dans le journal.
Comme toujours, quand on se disputait, le monde avait un goût détestable.
J’y ai pensé un moment et je me suis rendu compte que je ne savais même plus comment avait commencé cette dispute.
Probablement un de ces détails qui les causaient depuis toujours.
Une porte d’armoire mal refermée, une porte laissée ouverte, une goutte de dentifrice sur le miroir de la salle de bains, bref, une vétille.
Evidemment, ce qui était une vétille pour moi était important pour elle.
Non qu’elle fût maniaque, simplement je n’accordais pas comme elle l’attention désirée à ce qu’elle considérait comme important.
Nous avions donc entamé une de ces disputes qui tournaient rapidement à un spectacle qu’on eût pu monter à la Fenice…
Je ne voyais plus mon journal étalé sur la table.
Mon dixième café était froid.
Je l’ai bu machinalement, suis allé payer au comptoir et suis sorti.
J’ai traîné les pieds un moment, le temps de descendre jusqu’au métro.
Je me suis rappelé qu’on ne traîne pas les pieds.
Une odeur marquée de gardénia m’a attrapé par le nez devant une parfumerie.
J’ai regardé la vitrine.
Un flacon dont le bouchon faisait penser à un oiseau arrêté en plein vol m’a semblé parfait.
Je suis entré, ai demandé un paquet cadeau pour le parfum.
Je suis reparti avec mon petit sac blanc à la main.
Arrivé à la maison, j’ai trouvé la fenêtre ouverte.
Je n’ai même pas râlé sur l’imprudence de partir en laissant la fenêtre ouverte et j’ai posé mon petit sac blanc sur la desserte.
Quand j’ai fini de regarder les narcisses efflorescents, j’ai vu le petit sac marron posé à côte du petit sac blanc.
Je me suis dit « Tiens ? Elle s’est consolée en achetant quelque chose… »
Puis « Mais où est-elle ? »
Elle était là.
Derrière moi.
Je me suis retourné, elle avait l’air faussement pincé.
Je lui ai dit :
« Je t’ai trouvé  « l’Air du temps » ! »
Elle avait du mal à contenir son sourire.
« J’ai trouvé ton « Vetiver » ! »
J’ai soupiré de soulagement.
Je déteste être fâché avec elle…