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mercredi, 02 janvier 2019

Un jour t'en souvient-il...

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« Imaginer » a récupéré deux chattes.
Ces deux chattes ne remplaceront jamais « Nougatine », leur défunte greffière, non.
Elles lui succéderont, au mieux.
« Imaginer » et son chéri ont passé tant d’années avec Nougatine.
« Imaginer » nous a avertis de l’arrivée de ces deux fauves chez eux.
Elle m’a rappelé une autre bestiole qui elle, n’a pas même eu de remplaçante car nous avons pensé qu’à nos âges, le risque était grand que nous abandonnassions la bestiole à sa solitude et non l’inverse.
Bon, d’accord, ça c’est juste pour voir ce que donne le verbe « abandonner » à l’imparfait du subjonctif.
Bon, c’est « relou » comme disent les djeuns.
Notre greffière à nous m’est revenue à l’esprit.
« Balagan » portait très bien son nom, elle mettait le souk partout dès qu'elle cessait de dormir ou de réclamer des câlins.
Elle volait, elle miaulait, elle débarrassait hâtivement la table, elle ruinait tous les habits auxquels elle s'agrippait, elle nous a tué au moins deux tables à coup de griffes, mais c’était notre greffier.
Et comme tous ses prédécesseurs,  elle est irremplaçable.
Elle est morte cet été là. L’été 2011.
Elle aurait eu un successeur si nous avions été plus jeunes.
Un successeur, jamais une « remplaçante »…
Comme disait Perec « Je me souviens ».
Ce jour là, un jour il m’en souvient.
Non, je ne voguais pas en silence et je n’entendais pas au loin, sur l’onde et sous les cieux que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence, etc.
Non, dans les brumes de ma mémoire, ce soir là je suis en train de regarder « harutz esrim ve shtaïm », un gilet de laine sur les épaules car quand la température du soir passe brutalement de 45°C à 33°C, ben on n’a pas chaud…
Je suis avachi dans un canapé et seul comme un paria.
Seul ?
Vraiment ?
En réalité, entrée par je ne sais quelle fenêtre, une bestiole de moins de cent grammes vient de se nicher dans un des pans du gilet.
Occupé que je suis à regarder une rediffusion où Yehudi Menuhin m’explique combien il est finalement assez facile de jouer du violon et le montre avec brio, je n’avais rien remarqué.
En me levant, je me retrouve avec une bestiole accrochée à mon gilet, gentil comme vous me connaissez, je la mets dehors et vais me coucher.
Je suis réveillé par un frôlement délicat sur la joue, comme Heure-Bleue est à Paris –et qu’il y a belle lurette qu’elle ne me réveille plus d’une caresse-, je pense rêver et je continue de somnoler.
Manifestement je ne me réveille pas assez vite car on me tire du coma en me mordant le nez.
Oui, on me réveille en me mordant le nez !
Qui ose ?
La bestiole…
La bestiole, revenue par la fenêtre.
La bestiole qui partage mon petit déjeuner, juchée sur la table, et engloutit un morceau de pastrama tandis que je mange ma tartine en jetant un œil mauvais à ce squatter…
Ce bidule, qui tient dans la main, ne sait même pas miauler mais sait très bien se faire comprendre, vient de m’accueillir chez elle.
N’allez surtout pas croire que cette bestiole vient chez moi, non, elle a décidé au moins de ne pas me virer de chez elle.

C’est devenu le chat le plus cher du monde, un chat pour lequel il m’a fallu payer 5% du prix d’un aller-retour en première classe par kilo de chat pour la ramener en Europe.
Je ne sais pas encore que je lui ai appris un truc qui me pourrira les nuits plus tard.
Je lui ai appris à miauler.
Mais bon, elle est gentille et a de si beaux yeux…