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samedi, 30 mai 2020

Note vide…

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Que voulez-vous diable raconter ces temps-ci, lectrices chéries ?
Le « confinement » censément terminé, le « déconfinement » se révèle par moment pires que la situation précédente.
Une différence pourtant saute aux yeux.
En période de confinement, tout un chacun pouvait une heure durant, vaquer à des occupations comme la promenade, faire quelques achats, se plaindre du confinement et errer dans le milieu de la rue sans porter de masque.
En période de déconfinement, les mêmes se croisent dans les rues et se jettent des regards soupçonneux, se font disputer le milieu de la rue par des automobilistes redevenus les propriétaires de l’asphalte, entrent dans les magasins comme dans une léproserie, évitant jusqu’au regard des autres clients.
Dans ces conditions, comment voulez-vous raconter quoi que ce soit ?
Nos mouvements sont limités.
Si ce n’est par la prudence, c’est par la loi qui nous interdit de fait de nous éloigner trop de la maison.
Vous tentez de prendre l’autobus ? Les heures vous en sont imposées !
Un détail supplémentaire limite l’amplitude de vos déplacements.
Sauf à être chameau, il vous est difficile de vous éloigner de plus de deux heures de chez vous.
Il fait beau, vous traînez, vous avez soif, vous buvez l’eau de votre bouteille.
Ensuite ?
Il vous faut faire pipi !
Hélas, l’obscurité propice de la nuit étant peu courante vers seize-heures, surtout au mois de mai, pas question de profiter d’un porche…
D’autant que nombre de vos congénères l’ont déjà fait.
Un parfum rebutant s’échappe de nombre de ces porches qui étaient autrefois recherchés par les jeunes gens en quête d’abolition de la « distanciation sociale ».
Au lieu de s’embrasser dans les encoignures, on y pisse…
C’est la décadence !
Que dis-je, le déclin !
Quant à nous, n’en parlons pas…
Nous évoluons dans une sorte de « coton en pente » qui nous mène de la maison à l’avenue Junot avec un retour par la rue Caulaincourt quand nous nous promenons.
Sinon, nous tirons, telles des bêtes de somme, notre caddy du Monop’ à la maison.
Heureusement, nous nous arrêtons devant le square où les oiseaux vont être bientôt remplacés par des hordes de footballeurs brutaux.
J’ai le bras assez long pour attraper les branches de seringa en pleine efflorescence.
Je les offre à Heure-Bleue qui est bien embêtée car elle porte déjà son sac à main, la baguette et la crêpe qui lui servira de dessert.
Je suis aussi embêté qu’elle car je porte les courses et mon autre bras est tenu par la lumière de mes jours.
Aujourd’hui, Heure-Bleue me propose d’aller jusqu’au parc Monceau.
J’en suis heureux mais je pense qu’il ne lui est pas encore venu à l’esprit qu’il sera impossible de s’arrêter pour faire pipi quelque part…