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lundi, 05 avril 2021

Devoir de Lakevio du Goût N°75

devoir de Lakevio du Goût_75.jpg

Vous ne connaissez peut-être pas le jardin des Tuileries.
Il n’a pas changé depuis les années soixante et je le reconnaîtrais entre mille.
Nous n’étions pas encore des mamies et des papys.
Mais je suis sûr que nos âmes sont mieux préservées que nos corps.
Que vous dit cette photo des années soixante ?
Elle me dit, comme le chantait François Hardy « Tant de belles choses » ...
À lundi, vous avez sûrement quelque belle histoire à dire.

Je sais que tu es sur la photo.
Tu sais que j’arrive.
Nous avons rendez-vous.
C’est aujourd’hui que nous nous embrasserons.
Ce n’est pourtant pas hier que nous nous sommes croisés pour la première fois.
Je me la jouais un peu « cow-boy »...
Le mec blasé, l’habitué de la conquête rapide.
Le « cador de la tchatche ».
J’ai abandonné les copains sur la place de la Concorde.
L’air sérieux je les ai salués, façon « Les mecs, il y a des combats qu’on doit mener seul ! »
Tu faisais semblant d’être intimidée, genre « jeune fille timide ».
J’étais emprunté, j’ai osé « Je cherchais quelque chose de spirituel à vous dire mais rien n’est venu... »
Tu as trouvé ça très drôle.
J’ai été surpris mais j’ai pris l’air de celui qui l’a fait exprès.
Puis, plus tard, bien plus tard, je t’ai dit « tu sais que quand je t’aperçois fois, ça me fait quelque chose au cœur ? Comme un coup ! »
Toi aussi, plus tard tu m’as dit « Quand je t’attends et que je te vois arriver, tu me fais un effet bizarre dans le ventre ! »
- C’est vrai ?
- Oui ! Pourtant t’es moche, hein... Enfin non mais t’es pas...
Elle s’est arrêtée, un peu embêtée, et a déposé un léger baiser sur ma joue.
- Laisse tomber, je sais de quoi j’ai l’air...
- Mais pour l’effet dans mon ventre, c’est vrai.
- Pour l’effet sur mon cœur, c’est vrai aussi.
Alors on s’est promené.
On a fait presque toutes les allées des Tuileries.
Il y avait des chaises mais on ne s’est jamais assis.
On a marché.
On s’est aussi beaucoup arrêté.

***

J’ai été dérangé.
- Qu’est-ce que tu regardes, papy ? 
- Derrière moi...
Comment nos petits-enfants pourraient-ils savoir à quoi ressemblaient, leurs grand’mères et grands-pères pendant les années 60...
Ils nous expliquent déjà « vous ne pouvez pas comprendre », « vous n'avez jamais connu ça », « vous ne pouvez pas savoir ».
Bon, on avait dit ça à nos grands-parents et nos parents.
Mais nous c’était vrai...