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dimanche, 05 février 2023

Dernière manif’.

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Ce matin, Adrienne m’a surpris.
Je ne pensais pas qu’Adrienne fut d’un naturel à participer à la manifestation d’une grogne collective.
Sa note d’aujourd’hui a donc ravivé chez moi le souvenir de « ma dernière manif’. »
La dernière fois que j’ai manifesté, c’était pour protester contre l’attentat de la rue Copernic.
Feu le Premier ministre de l’époque, alors que l’attentat avait fait quatre morts, avait maladroitement remarqué qu’il « aurait pu tuer des Français innocents »…
Ce fut la dernière fois que j’ai manifesté.
Il me faut vous dire que placé derrière la camionnette du MRAP (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour l’amitié entre les peuples, depuis, antisémitisme a été supprimé...) « l’aboyeur » dit à un moment « on est un peu sec, là, z’auriez pas un slogan ? »
Le Libé du matin, en référence à Cohn-Bendit avait titré « Nous sommes tous des juifs français ».
Cette version du « Nous sommes tous des juifs-allemands » de 1968 m’avait plu, je la  lui ai donc suggérée.
Là, le type me dit « Ah... Ça me fait un peu ch... ! »
Bêtement, je demande « Pourquoi ? »
Et là, il me répond avec un air faux-cul flagrant « Ben, passque chuis pas un... juif... »
À entendre son hésitation, je l’ai même entendu penser « youpin ».
Je lui ai demandé ce qu’il faisait là, il n’a rien dit et a demandé un autre slogan.
Alors j’ai continué, dégoûté malgré tout, jusqu’à la place de la République.
Là, comme souvent dans les manifs, du moins celles que j’avais suivies jusqu’en 1980, car on était en 1980, une sorte de vague à l’âme est tombé sur la foule.
Bien que n’ayant pas digéré les mots de « l’aboyeur » j’avais faim.
Saisi de l’inspiration subite du farceur, j’ai hurlé, comme un slogan « Nous voulons dî-ner ! Nous voulons dî-ner ! ».
À la troisième reprise, des voix ont commencé à s’élever de la foule, quelques secondes plus tard, la place entière scandait « Nous voulons dî-ner ».
Puis le silence s’est soudain abattu sur la place.
Certains se sont sans doute demandé quel imbécile avait lancé ce slogan, quasiment un blasphème.
Hélas pour eux, j’avais disparu.
Cette preuve que le panurgisme n’est jamais loin et qui explique sans doute quelques atrocités m’a inquiété.
En attendant, ça m’a dégoûté des manifs…