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samedi, 08 mars 2025

Aujourd’hui c’est recyclage…

Je cherchais quelque chose à vous dire sans tomber dans les histoires de retour d’hôpital ou les histoires de santé qui comme toujours montrent essentiellement que quelque chose ne va pas.
Le temps allant toujours dans le même sens, j’ai décidé aujourd’hui de regarder derrière moi, histoire de trouver un souvenir qui au moins me montrerait que les choses se sont arrangées.
Alors voilà…

Ça commence en Janvier 1955
Je vous ai déjà parlé de ma mère ?
Non ? Il me semblait bien que non.
Eh bien je vais continuer encore un instant…
Et vous parler plutôt d’une sombre histoire de blouse bleue et de pull-over vert.
Et c’est là que vous allez voir que Mr Sabatier –mais non, pas celui de la télé, l’autre, celui de l’Académie- est un aimable narrateur avec ces histoires d’allumettes suédoises mais bien loin d’avoir l’envergure littéraire de votre serviteur.
Donc, cette histoire de blouse.
Quand feue ma mère (on dit pas « ma maman disparue » aujourd’hui ?) sous le prétexte futile d’une dégradation monstrueuse de mon langage dès l’entrée à « la grande école », décida qu’il n’y avait rien de mieux pour mon avenir que m’envoyer passer quelques années chez les Maristes.
Une vraie bande de fondus, ces derniers, mais bon, on n’avait pas le droit de dire « merde », ni « con » ni « chier », bref, le goulag…
Il faut avouer que déjà Le-goût-des-autres perçait sous Minou comme disait Victor.
La maternelle à peine quittée, un trimestre avant mon sixième anniversaire, j’échouai pour une semaine en CP avant que d’être envoyé en CE1 pour cause de brillance intellectuelle.
Cette dernière, en moins d’un mois, s’avéra un leurre. J’apprenais en effet plus aisément le langage du charretier que celui de Molière.
Suite à une remarque à ma mère assez peu élégante pour qu’elle la ponctuât d’une calotte, il fut décidé de m’envoyer en pension pour y apprendre à parler et à penser.
Pour le second terme, ce fut un échec patent.
Et c’est là que cette blouse intervient.
Pour aller passer quelque temps en pension, il fallait un trousseau.
Dans ledit trousseau il était bien vu de glisser trois blouses, si possibles discrètes et n’incitant pas à se distinguer de ces camarades.
Ma mère, persuadée malgré tout que justement je me distinguais de mes camarades, acheta un lot de blouses, autrement promises à Emmaüs, j’en suis sûr.
Les moins gamins d’entre vous se rappellent sûrement ces blouses d’écolier, grises, sans âme, mais pourvue de poches gigantesques permettant de stocker sans faiblir deux kilos de billes au bas mot.
Eh bien, mes trois blouses n’étaient pas de ce genre.
Quand elle m’amena au pensionnat, le frère économe qui cumulait les fonctions d’économe, de linger et de préfet de police, nous accueillit dans son bureau du rez-de-chaussée, avec une vue imprenable sur la cour de récréation. Ce détail a son importance.
Et c’est là que ça a commencé à déraper.
Tandis que les « anciens » se pressaient à la vitre du bureau pour voir « le nouveau qui arrive en cours de trimestre », ma mère, Jézabel, devant eux s’est montrée, comme disait Jeannot. Elle ouvrit ma valise, en sortit une blouse…
Bleue ! La blouse était bleue !
Pas le bleu marine foncé discret, non. Bleu roi !
Sans les larges revers habituels des blouses grises « normales », non, une espèce de liseré montant rouge.
Oui, rouge vermillon le liseré !
Avec une fermeture comme celle des blouses de dentiste, sur le col. Un Mao avant l’heure !
L’accueil de mes camarades s’annonçait risqué.
Le frère économe, lui, se passa la main sur le visage, l’air presqu’aussi désespéré que moi.
« Euh, un peu trop voyant, non, Madame ? »
« C’est ce que j’ai trouvé dans mes moyens, mon père » rétorqua ma mère d’une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Lara Fabian quand elle dit qu’elle aime.
Voilà ce que ma mère avait fait.
Moi qui –à l’époque du moins- ne rêvais que me noyer dans la masse enfantine, et sans faire de vagues, j’étais effondré.
Pour ce qui est de ne pas se distinguer de ses camarades, c’était une réussite toute relative.
Je crois bien que c’est à ce moment que je me suis enquis de ce que pouvait être la psychanalyse.
Plus tard, j’ai lu sur le sujet.
Et c’est pourquoi aujourd’hui je peux vous l’affirmer haut et fort.
Sigmund Freud s’est lamentablement vautré.
Ce n’est pas son père qu’il faut tuer.
C’est sa mère !
Je vous parlerai des pull-overs (je n’ai jamais su mettre ce foutu mot étranger au pluriel…) dans un prochain billet…

Commentaires

Et bien moi, à 7 ans, je me suis retrouvée avec des chaussures de ski (!) achetées en Suisse (famille oblige). J' ai dû les étrenner à l' école ... à Alger ( tu vois le tableau ). Devant mon refus, une bonne fessée (tu ne trouves pas ça exagéré ??) m'y expédia. Voyant mes yeux rabougris par les larmes, ma maitresse me dit que j'avais de la chance d'avoir de telles chaussures :)).

Écrit par : Nina | samedi, 08 mars 2025

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Je me souviens avoir porté une blouse noire avec un liseré rouge... mais j'étais une fille.

Écrit par : Nina | samedi, 08 mars 2025

Je me souviens avoir porté une blouse noire avec un liseré rouge... mais j'étais une fille.

Écrit par : Nina | samedi, 08 mars 2025

ton histoire pourrait figurer dans une anthologie sur le sujet, juste après la casquette de Charles Bovary ;-)

Écrit par : Adrienne | samedi, 08 mars 2025

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La forme revient, super ! on va pouvoir à nouveau se délecter de ton verbiage. Tu nous avais déjà parlé de cette blouse qui fit fureur. quant à la réplique de ta mère, je la trouve fort judicieuse, si tout le monde se met à commander dans le porte monnaie des autres, mais où va-t-on ! Par contre on devrait tous faire pareil avec qui vous savez.

Écrit par : delia | dimanche, 09 mars 2025

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Pfiouu quelle époque ! Alors, avec cet "accoutrement" tu devins héros ou souffre-douleur en récréation ?

Écrit par : Praline | dimanche, 09 mars 2025

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J'imagine que tu as du avoir envie de partir en courant...
Moi, mon père m'obligeait à mettre des protège coude, pour ne pas user les blouses, j'étais la seule en classe à porter un tel accoutrement ( un tissu en forme de tube, avec elastique pour resserrer de chaque côté) dès le CP ;) On ne trouve même pas de photo sur la toile ...

Écrit par : Fabie | dimanche, 09 mars 2025

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