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lundi, 30 août 2010

Aujourd’hui, c’est lundi, c’est enfoncement de portes ouvertes.

Je vous préviens, c’est long et ne fera pas avancer le schmilblic d’un poil de glabre.

Mais ça me soulage d’apprendre que le 27 septembre l’Assemblée Nationale, parmi tous les problèmes auxquels se heurtent les Français, qu'ils soient « de souche » (auvergnats) ou « d’origine étrangère » (nègres ou du voyage) , va se pencher sur celui qui, selon le gouvernement, les obnubile.
Un problème qui passe manifestement avant des billevesées telles le chômage galopant, la croissance des inégalités, l’avenir des systèmes de retraite, celui de notre système de santé, la précarité croissante, l’éducation ou la recherche.
Bref, rien que des trucs de « rouges » aux mains pleines de faucilles et de marteau et un couteau entre les dents...
Eh oui, le 27 septembre, l’Assemblée Nationale va se pencher sur « le problème de l’immigration » !

Ou comment se faire éjecter de France en étant Français puis plus Français parce que Français pas de la bonne origine.

C’est très simple.

Chapitre I
Vous prenez une des nombreuses mères célibataires qui parcourent nos rues de bon matin en poussant un landau.
Femme vivant dans des conditions difficiles mais qui atteint la fin du mois en traînant son gamin en bas âge à son boulot de nounou à domicile chez des particuliers.
Elle bénéficie, comme elle a la chance d’habiter dans les Côtes d’Armor, outre le tarif particulièrement motivant de près de 2,60 € de salaire horaire pour vingt-cinq heures par semaine ce qui lui garantit la somme mirobolante de 281,70 € mensuels, les prestations sociales qui suivent :
La CAF lui versera obligeamment 178 € mensuels pour le gamin qu’elle a eu l’imprudence de laisser venir au monde.
Elle aura droit aussi à une APL de 66,80 € mensuels.
Grâce à son gamin, le RSA gonflera son opulent pécule de 475 € tous les mois.

Bref, cette fainéante pourra s’éclater avec ses 1000,80 €.
A condition tout de même d’oublier de régler ses 380 € de loyer, ses 100 € de facture d’énergie et ses 50 € de carte de bus…

Bref, plus de la moitié de ses revenus disparaissent avant même que la banque ait eu le temps de les voir –ce qui ne manquera pas de causer quelques trous supplémentaires sous forme d’agios ou de pénalités qui ne manqueront pas d’enfoncer cette pauvre femme la faisant passer de temps à autre du statut enviable de pauvre à celui de miséreuse.

La moitié du décor est plantée.
Passons à l’autre moitié.

Vous prenez un de ces nombreux Mouloud dont rien que le prénom est une faute de goût.
Vous lui faites passer un honorable bac D, suivi d’un BTS de chimie enlevé avec brio.
Notre jeune homme a, comme beaucoup, dès ses dix-huit-ans obtenu la nationalité française lors d’une cérémonie qui a fait la fierté de ses parents. Parents presque illettrés qui se sont saignés aux quatre veines pour envoyer leur fils à l’école jusqu’à vingt ans passés pour en faire un bon citoyen, de formation supérieure et qui pourra vivre dignement d’un travail qui ne tuera pas, comme celui de son père, toutes ses articulations avant cinquante ans.
Comme il habite dans une des nombreuses « cités sensibles » qui entourent les villes un peu importantes, il est inutile de préciser que son parcours professionnel, une fois déduites les heures de contrôle d’identité, se résume à quelques stages non rémunérés et quelques entretiens qui commencent par un air gêné de l’employeur potentiel et une fin de non recevoir quand on lit l’adresse du domicile de l’aspirant bosseur.

Ce lascar, donc, au hasard des lignes de bus des Côtes d’Armor croise notre jeune mère.
Inutile de dire qu’une blondinette de vingt-deux ans bien fichue tape dans l’œil d’un beau ténébreux de vingt-deux ans avec la précision du pavé soixante-huitard sur le casque du CRS…
Des négociations s’engagent rapidement et se concluent logiquement quelques jours ou semaines plus tard, après moult cafés, entre les draps de la blondinette.

Et c’est là que ce qui devait arriver arrive...

Chapitre II

Pour fêter leur amour quasiment neuf, Blondinette et Beau-Ténébreux vont aller dîner dans une pizzeria,  restaurant un peu plus délicat que la gondole de sandwiches du supermarché voisin qui leur sert de cantine.
Blondinette a confié Bébé à une voisine un peu envieuse –ça fait souvent ça quand vous voyez un couple fraîchement constitué et que vous êtes toute seule devant votre machine à laver – pour être tranquille avec Beau-Ténébreux et le regarder dans les yeux.

Et avec les deux yeux cette fois, au lieu d’en avoir toujours un qui surveille Bébé. Ça fait louche…

Après le dîner copieusement arrosé d’un quart de rosé amoureusement partagé et suivi d’un café dont chacun peut apprécier le goût sur les mains de l’autre –ben oui, il y a des moments comme ça, où on ne se lâche pas facilement- voilà nos amoureux partis tranquillement vers le deux-pièces-cuisine de Blondinette.

Sur le chemin, il y a la rencontre quasiment inévitable, dès que les soirées s’avancent et qu’il fait sombre, entre une patrouille de la BAC et le ténébreux au teint hâlé.

Et évidemment, c’est là que les choses prennent une sale tournure.
Comme souvent, le buté au front bas hante les patrouilles comme le fantôme les châteaux écossais.
Le ton monte, Blondinette traite le buté de « minus habens ».
Le buté au front bas, dont les connaissances du rudiment sont moins que rudimentaires justement, n’a pas compris mais sent bien que ce n’est pas un compliment.
« Outrage caractérisé » brame-t-il à ses collègues, trop heureux de jeter par terre Blondinette pour menotter cette dangereuse délinquante.

Beau-Ténébreux, lui, est en train d’expliquer à un autre policier que non, il est bien français et que non, ce n’est pas une fausse carte d’identité et qu’il n’importunait pas une jeune Française de souche mais que c’était son amoureuse.
Ç
a aurait pu se solder par une amende à Blondinette si le policier qui contrôlait Beau-Ténébreux n’avait cru bon d’ajouter « Pfff… Encore une fille à bougnoule ! »
Le contrôle, déjà mal engagé, tourne mal quand Beau-Ténébreux, bien élevé malgré tout, traite le policier de raciste.
Paf ! Tout le monde en garde à vue.

Selon les résultats d’une enquête soigneusement orientée dans le sens qui convient ces temps-ci,, il apparaît que Blondinette et Beau-Ténébreux avaient « une vie commune ».
Que Blondinette avait payé le restaurant de Beau-Ténébreux avec l’argent de l’aide sociale.
Qu’il y avait donc :
-Fraude aux prestations sociales.
-Trop perçu manifeste desdites prestations.
- Et, de la part de Beau-Ténébreux, profit indu des prestations sociales indûment perçues.

Bref, Beau-Ténébreux, qui n’avait mis les pieds qu’une fois en Algérie au cours de son enfance, qui est né en France et naturalisé Français depuis seulement quatre ans est déclaré bon pour la déchéance de la nationalité française et l’expulsion du territoire français.
Dans la foulée, Blondinette risque 75.000 € d’amende et cinq ans fermes pour avoir perçu indûment des prestations sociales auxquelles la vie en commun avec Beau-ténébreux ne lui donnait pas droit.

Pour mémoire, l’article I de la Constitution que voici :

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

 insiste, trop lourdement au gré de certains, sur l’égalité de tous devant la loi.
Comme quoi, l’article premier de la Constitution de la République Française est une vague recommandation sur laquelle on peut s’asseoir.

Commentaires

Et même faire plus avec ........

Belle explication..... Mais certainement valable de nos jours.

Bonne journée. Mon rendez vous avec le neurologue est pour demain 14 heures 15. espérons que je ne vais pas en baver autant qu'en 2004 à 2007.

Écrit par : patriarch | lundi, 30 août 2010

"c'est long" ... mais exposé de manière très brillante, comme d'habitude.
Où va-t-on ? L'avenir est bien sombre.

Écrit par : monique | lundi, 30 août 2010

Douce France , cher pays de mon enfance ... on se rapproche des pays non démocratiques , et les gens ont voté pour ça !

Écrit par : Brigitte | lundi, 30 août 2010

T'es pas bien de raconter des trucs comme ça alors que je vais aller me coucher, c'est malin je vais faire des cauchemars......

Écrit par : ysa | lundi, 30 août 2010

Ce n'est pas faux tout ce que tu nous racontes..
Hélas.

Écrit par : Fauvette | mardi, 31 août 2010

belle histoire d'amour !

Écrit par : maevina | mercredi, 01 septembre 2010

triste réalité !

Écrit par : saperli | jeudi, 02 septembre 2010

Pauvre France !

Écrit par : Mamie Dany | samedi, 04 septembre 2010

... C'est drôlissime vu par M. Le Goût, mais, mais parce qu'il y a un mais : comment a-t-on pu en arriver à de telles situations, en moins d'une génération, alors que l'on arrivait il y a encore 20 ans à se supporter les uns les autres. Le souci, c'est que les gouvernements qui se sont succédés ont tellement laissé les choses dériver et la situation est telle, que les gens ne supportent plus l'autre.

Écrit par : ciboulette100 | lundi, 06 septembre 2010

c'est drôle et navrant tout à la fois...

Écrit par : Pascale | lundi, 06 septembre 2010

Les commentaires sont fermés.