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mardi, 19 juillet 2016

Quand le père eut bu…

Le soleil éclatant promettait des chamailleries à propos d’ombre et de lumière, de chaleur assurée et de fraîcheur improbable.
Je trépignais d’impatience, la vaisselle du déjeuner était faite et déjà presque sèche dans l’égouttoir.
C’était une de ces journée d’été comme j’en rêve de septembre à juin.
Il était l’heure de partir.
Au lieu de se jeter sur son sac à main pour aller à notre rendez-vous avec notre amie,  Heure-Bleue bayait aux corneilles, odalisque assise.
Connaissant sa sensibilité à tout rappel à l’heure, je me suis contenté de dire :
- Ahem… Elisabeth…
- Ce n’est pas parce que je ne suis pas habillée que je ne suis pas prête, Minou…
Je me suis dit « tiens ! Changement de programme… »
Mais non, ce n’était pas ça.
Elle a fini de se préparer et nous sommes partis.
En réalité, ce n’était même plus sous un soleil éclatant dans un ciel azur, le temps genre carte postale, non.
C’était sous un cagnard redoutable et sous un ciel blanc de chaleur qui ressemblait à une feuille de tôle.
Ça m’allait bien mais j’avais déjà mal pour Heure-Bleue qui a trop chaud au-delà de quinze degrés.
Nous avons rejoint notre amie à la terrasse ombreuse de ce café que nous affectionnons tous trois, au coin du square d’Anvers,  à l’angle de la rue Gérando.
En face, sur l’autre côté de l’avenue Trudaine, l’entrée de la rue Turgot m’appelle.
Un jour ça me reviendra. C’est sûr.
Ça a un rapport avec le lycée et la rue Condorcet, je le sais.
Mais quoi ?
Nous avons conversé un long moment puis nous sommes allés chez « Tissus Reine » où notre amie avait besoin de quelque longueur de tissus bleu layette.
Je n’ai pas dit, comme chaque fois que je vois le « pull à taches » de mon épouse préférée « je hais cette couleur ».
Pendant qu’elles cherchaient toutes deux le tissu le mieux adapté, j’ai regardé aussi les rayons.
Je me suis longuement arrêté devant celui des tissus dits « liberty ».
Un motif m’a rappelé quelque chose assez soudainement.
Vous savez bien, lectrices chéries, cette impression qu’on éprouve quand on croise un souvenir  marquant.
J’ai failli dire quelque chose à la lumière de mes jours quand je me suis rappelé que quand je l’ai connue, le « power flower » qui a fait les beaux jours du  « liberty » était passé de mode.
Alors je l’ai gardé pour moi, il faisait trop chaud pour croiser un regard soupçonneux.
Après un café dans la Halle Saint Pierre où j’ai acheté un petit livre de Stephen Hawking pour Merveille –oui, elle s’intéresse énormément à la science- nous sommes entrés dans le jardin du Sacré-Cœur.
Plus de sable.
Plus un grain de sable.
Du goudron partout.
Nous n’avons croisé que des gens qui sentaient la bière aigre à vingt pas alors nous avons descendu la rue de Steinkerque jusqu’au métro Anvers.

rue de Steinkerque.JPG

Cette boutique et celles adjacentes en mauvais état ont été remplacées par un grand « Prêt à manger ».
Heure-Bleue m’a dit « Tu n’as pas l’impression qu’on t’a retiré ta jeunesse ? »
J’ai regardé autour de moi.
Mais non, le lycée est toujours là.
Mais comme moi, il s’effrite…