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lundi, 08 mai 2017

Le Palais de la Découverte.

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C’est la première fois.
Je pensais tout à l’heure encore à Yves Montand qui regrettait de « n’être pas seul un instant avec Paulette ».
Il en était si marri qu’il avait bafouillé et chanté « de n’être pas un seul instant avec Paulette »…
Elle ne s’appelle pas Paulette.
Mais pour la première fois elle a bien voulu rester avec moi quand les autres sont partis.
Nous avons continué lentement, le long du chemin et, après avoir sauté un fossé nous nous sommes installés dans ce pré, « faisant naître un bouquet changeant de sauterelles, de papillons » comme disait encore Montand.
Elle s’est assise dans l’herbe, décontractée, je me demande comment elle fait pour être aussi calme tandis que je souffle sur une fleur de pissenlit.
Enfin, je souffle… J’essaie, j’ai du mal à garder un semblant de souffle tant j’ai la poitrine serrée.
C’est la première fois que nous sommes seuls, ensemble, à l’abri des autres.
Je tente de l’intéresser en lui parlant mais je ne sais pas quoi dire.
Elle me regarde pourtant gentiment, différemment toutefois de sa façon de me regarder habituelle.
C’est la première fois.
Je croise les jambes, je ne sais pas quoi faire mais je sais ce que j’aimerais faire.
Je fais semblant de rien mais je crois qu’elle sait.
Elle sait que je regarde ses boucles acajou.
Je me demande si elle sait que je voudrais lui retirer ce chapeau et noyer mon visage dans sa chevelure.
Elle sait aussi que mon regard s’arrête sur sa bouche.
Je suis sûr qu’elle sait que je regarde ses lèvres entrouvertes avec l’envie de les baiser doucement.
Seulement voilà, je n’ose pas.
Elle non plus.
Je fais bien attention à ce que mon regard ne passe que brièvement sur son corps, qu’il ne s’arrête pas sur ses jambes surtout.
Je n’ose pas.
Elle non plus.
Mais nous oserons la prochaine fois.
Je l’ai vu dans ses yeux.