dimanche, 20 août 2017
Ça va bouillir.

Avant-hier, la lumière de mes jours et moi écoutions « La marche de l’Histoire ».
Étonnamment, nous avons écouté avec attention « Zappy Max » dont nous pensions qu’il n’avait plus mal aux os depuis un moment.
Il nous a surpris par une vivacité d’esprit et un optimisme étonnant chez quelqu’un qui accuse quatre-vingt-seize printemps.
Bon, ces quatre-vingt-seize printemps se remarquent quand même à un détail qui m’a frappé :
C’est le seul homme que j’ai entendu dire de vive voix « les personnes du sexe » pour parler des femmes.
Je n’avais lu « les personnes du sexe » que dans les romans antérieurs aux années trente…
Des milliards de souvenirs nous sont alors revenus.
Ce salaud de Kurt von Straffenberg, dont le rôle était tenu par Gérard Sire, était connu sous le sobriquet de « le Tonneau » dans « Ça va bouillir » gracieusement offert par la lessive « Sunil », celle qui « ajoute l’éclat à la blancheur ».
C’est une musique qui a brusquement surgi des profondeurs de ma mémoire.
L’ouverture de Fidelio.
Une voix qui se prenait pour une voix de soprano vantait les mérites de la lessive « Tide », née en 1946, sur la mélodie de Fidelio.
Elle affirmait avec sérieux que « Tiii-deee, Tid-eeee, Tide bout plus blanc que tout ! » et terminait sa misérable prestation en disant d’une voix étonnée « même mon mari l’a vu ! »
Heure-Bleue s’est rappelé deux succès inoubliables de Zappy Max : le « Crochet Radiophonique » et « Quitte ou double ».
Nous avons laissé tomber avant de larmoyer sur l’accent de Pierre-Jean Vaillard et l’émission « Rendez-vous à cinq heures ».
Je pense que c’est le temps nuageux d’aujourd’hui qui me rappelle les dimanches des années cinquante où je m’ennuyais ferme…
13:52 | Commentaires (15)
vendredi, 18 août 2017
Une bonne pâte…

De rien Mab…
Ces temps ci, je renverse, je casse et j’ai « du beurre dans les mains » selon l’expression consacrée.
Ce midi, j’ai failli renverser la sauce piquante.
Heure-Bleue, testant mon féminisme, remarque ironiquement « tu as tes règles, Minou ? »
Patient et calme, ainsi que le recommandent tous les sites qui militent contre les violences faites aux femmes, j’attends la suite.
Je sais que sous peu, elle va sortir un de ces double-sens dont elle a le secret et qui tombent toujours au bon moment.
Après s’être extasiée une fois de plus sur ma capacité à commettre des maladresses, la lumière de mes jours tend la main.
Elle est trop petite et son bras est donc trop court pour qu’elle puisse ramasser un spaghetti tombé sur la nappe près du plat.
Je la regarde officier.
Que dis-je, je l’admire.
Et la merveille arrive, inattendue mais espérée.
« Minou, je suis trop petite, je ne peux pas atteindre ta nouille ! »
Je regarde Heure-Bleue attentivement.
Même pas un regard intéressé.
Je sais qu’elle n’a pas un instant songé à ce à quoi j’ai pensé immédiatement, nourri que je suis à la poésie particulière qui sous-tend les chansons des Charlots.
Néanmoins, un je ne sais quoi dans mon expression la pousse à se demander ce qu’elle a bien pu dire.
Le visage de la lumière de mes jours s’éclaire.
Elle a enfin vu ce qu’on pouvait retirer de cette nouille opportunément posée par inadvertance sur la nappe.
Vous voyez que moi aussi je peux être doué en matière de double sens.
Mais c’est laborieux chez moi.
C’est si spontané chez Heure-Bleue.
C’est pour ça que j’ai décidé de lui en laisser la charge.
Je sais que mes espoirs ne seront jamais déçus.
Cela dit, il est heureux que la fenêtre fut heureusement fermée pour nous permettre d’écouter la radio sans gêner les voisins.
Imaginez un peu le regard de nos voisins, nous croisant dans le couloir, après avoir entendu :
« Minou, je suis trop petite, je ne peux pas atteindre ta nouille ! »...
13:09 | Commentaires (10)
mardi, 15 août 2017
« Touche pas à la femme blanche ! »
Vous savez quoi ?
Une fois de plus.
Heure-Bleue, avec qui je me crois tout permis me jette à la face alors que je passe derrière elle « Touche pas à la femme blanche ! »
C’est probablement la quatre-cent-dix-huit-mille-neuf-cent-seizième fois depuis 1974, date de sortie du film de Ferreri.
Pourquoi est-il resté dans nos échanges ?
Eh bien, d’abord Heure-Bleue est blanche.
Elle est aujourd’hui blanche mais quand le film fut tourné, elle était très blanche.
Très pâle même, avec cette… Bref, je vous ai déjà parlé de cette peau.
Le film lui-même, fut tourné près de chez nous, dans le trou énorme qui faillit engloutir Saint Eustache et allait donner naissance au Forum des Halles.
Marcello Mastroianni regardait (et pas que, d’après les suites) une Catherine Deneuve magnifiquement diaphane.
Tout était donc idéalement fait pour que j’entendisse régulièrement pendant des décennies ce fameux « Touche pas à la femme blanche ! »
Souvent même, comme aujourd’hui par exemple, l’idée affleure à peine la surface de mon esprit en voyant la lumière de mes jours en tenue légère qu’elle sait.
Elle me tourne le dos, je passe, je la caresse du regard, en douce.
Et j’entends « Touche pas à la femme blanche ! »
Je me pose deux questions.
Comment sait-elle ?
Puis, que se passerait-il si d’un coup je cessais de penser à ce à quoi je pense quand je la vois peu vêtue.
Comment prendrait-elle l’inanité de me jeter « Touche pas à la femme blanche ! » alors que justement je n’y pense pas ?
Je me le demande.
Mais bon, tant que je pense, que je passe sans un mot et que j’entends « Touche pas à la femme blanche ! » tout va bien…
Il sera temps d’y penser quand je n’y penserai plus…
17:01 | Commentaires (9)
lundi, 14 août 2017
Le moi doute, à Paris…
De rien Mab.
Je sais, j’aime les films d’Éric Rohmer…
Je suis sûr que tu trouveras lequel, Lakevio.
Je l’ai regardée descendre lentement l’escalier.
Elle n’avait passé qu’une robe légère qui soulignait ses appas plus qu’elle ne les masquait.
Son pas était silencieux, pas même le petit tapotement de pieds nus auquel je m’attendais.
Comment faisait-elle donc pour me donner l’impression que la pesanteur n’existait pas lorsqu’elle se mouvait.
Encore deux marches et elle passerait de l’ombre à la lumière.
J’attendais avec impatience qu’elle franchît ces deux marches.
J’attendais avec impatience de voir ces genoux qui m’affolaient.
J’attendais avec impatience que le rayon de soleil éclairât la face intérieure de son genou droit.
Je savais que ce serait le genou droit, j’en avais encore la sensation du toucher sous les doigts.
Je savais aussi que la lumière du soleil se réfléchirait sur ce genou légèrement relevé et éclairerait l’intérieur de la robe ainsi échancrée.
J’attendais cette marche, plus que deux.
J’attendais de m’extasier sur ce que dévoilerait la lumière douce du reflet.
J’attendais cette lumière vaguement lunaire, elle m’en dirait bien plus que la nudité crue.
J’attendais que, descendant ces deux marches, elle levât sa main qui se mettrait, comme toujours à voleter au dessus de la rampe.
J’avais préparé le café.
J’étais sûr qu’elle en voulait une tasse.
Je savais aussi que dès qu’elle aurait posé son livre sur la table, je souhaiterais qu’elle se ravise.
Avant même qu’elle ait pris sa tasse, je lui prendrai la main pour lui faire remonter cet escalier.
Je savais qu’elle sourirait et me serrerait les doigts.
Je savais que ça se passerait comme ça.
Ça se passait toujours comme ça.
J’aime cet escalier l’après-midi…
09:33 | Commentaires (14)


