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dimanche, 15 avril 2018

Le Livre de Merveille.

Ô surprise, hier matin l’Ours a téléphoné.
« Les petites veulent vous voir ! » affirma-t-il.
L’Ours nous a donc amené Merveille et P’tite Sœur dans l’après-midi et s’est enfui aussitôt.
Nous avons donc, Heure-Bleue, les filles et moi, longuement discuté de l’ordre dans lequel on devait faire les courses, les jeux et le goûter.
Pour le goûter, les desiderata des unes et de l’autre enfin définis, nous sommes partis.
Pour le goûter, que je vous résume :
Heure-Bleue : rien.
Le Goût : rien.
Merveille : « Je ne sais pas, peut-être un bout de pain ».
P’tite Sœur : Tout.
Je savais que je finirai par manger la moitié du pain au chocolat que P’tite Sœur me tendrait en ayant l’air de me faire un cadeau alors qu’elle hésitait seulement à le jeter dans le caniveau de peur de se faire engueuler…
Nous avons laissé à la marchande de barbe-à-papa du square assez de sous pour sortir le Yémen de la misère, nous avons fait les courses et sommes revenus à la maison.
C’est là que j’ai vu dans un geste que les choses changent.
Merveille grandit.
Je l’ai su hier rien qu’à sa façon de s’asseoir sur mes genoux.
Il y a quelque temps, elle m’évitait encore vaguement, dans cette période où les filles et les garçons ne veulent rien avoir à faire ensemble.
Habituellement, Merveille s’assied sur mes genoux comme on enfourche un vélo, assez brutalement.
Puis, une fois installée, me raconte des choses très importantes qui doivent absolument rester secrètes même si elle les a dites à ses copines, ses parents et ses grand’ mères.
Hier, pas de vélo.
Je suis sûr, lectrices chéries, que vous connaissez ce mouvement élégant.
Ce mouvement de hanches très féminin, fait pour repousser légèrement une jupe et s’asseoir sans la froisser.
Eh bien Merveille a fait ça, mais en leggins et pour s’asseoir sur mes genoux.
Mieux, elle a levé les yeux au ciel d’un air vaguement douloureux et dit « Aïe papy ! » Et a ajouté d’un ton souffreteux « Je me suis fait mal aux seins… »
J’ai regardé Merveille d’un air interrogatif.
Elle m’a dit « Si, papy, j’ai les seins qui poussent. »
J’ai regardé son T-shirt.
On ne pouvait pas dire que « Déjà Jayne Mansfield perçait sous Merveille »…
Je me suis rappelé le temps pas si lointain où elle était en CE2.
- Papy, je voudrais avoir des titis…
- Pourquoi ça, Merveille ?
- Parce que les robes tombent mieux quand on a des titis.
Bref, hier soir elle m’a « montré ses seins ».
De fait, les deux lentilles que j’avais toujours connues ont été remplacées par deux petits pois.