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mardi, 24 avril 2018

L’écrit va scier !

Un jour, j’ai voulu écrire un roman.
C’était il y a longtemps.
De fait, c’était il y a plus de soixante ans.
J’avais été ébloui par une découverte faite le dimanche précédent à la maison.
Mon père lisait une revue ramenée de chez le coiffeur à l’angle de la rue et du passage.
Il était question évidemment de la concurrence entre la Russie et les États-Unis dans la course à l’espace.
Pour la première fois je vis une photo de Saturne.
Elle était non seulement magnifique, entourée de ses anneaux mais ce qui me surprit le plus fut qu’elle se trouvait à une distance d’un milliard et demi de kilomètres de la Terre.
Un milliard et demi de kilomètres !!!
Comme tout enfant normalement constitué, curieux et que les limites des lois de la physique n’arrêtaient pas, j’eus l’idée d’y aller.
J’en fis part à mon père qui m’aurait volontiers suivi dans cette affaire car il était toujours prêt à une bêtise pourvu qu’elle fût assez grosse.
Hélas, ma mère ne l’entendait pas de cette oreille.
Toujours affolée à l’idée que je pusse m’abîmer elle s’insurgea avec une mauvaise foi confondante car je ne pouvais qu’être innocent « Gaby ! Ne mets pas des idées comme ça dans la tête de ton fils ! »
Rendu prudent plus par les années passées avec ma mère que par celles passées sur les champs de bataille, mon père la rassura « Voyons ma poule, tu sais bien qu’on ne pourrait pas payer l’essence jusque là-bas ! En plus il n’a pas le permis… »
Ma mère haussa les épaules, nous dînâmes tranquillement et une fois au lit, l’idée germa doucement tandis que je glissai dans les limbes du sommeil.
Le lendemain matin, comme tous les lundis matin, je repris le chemin de la pension.
Ce fut décidé, j’écrirai un roman de science-fiction.
L’action se déroulerait sur Saturne, planète que j’aurais rejointe dans une fusée de ma fabrication capable de franchir grâce à l’énergie atomique le milliard et demi de kilomètres qui me séparait d’elle.
J’allais raconter, j’en étais sûr, des aventures extraordinaires qui feraient passer Guy l’Éclair pour une chochote.
Une sorte de Bleck le Roc en scaphandre et un pistolet à « rayon quelque chose ».
Je me rappelle un mot qui m’avait bien plu à l’époque « annihilateur de champ » et je trouvais que ça faisait vachement bien.
Pour ce que je me rappelle, je l’avais lu dans un bouquin « Fleuve Noir » de la collection « Anticipation » sous la plume de B.R.Bruss.
Ce qui prouve que je suis en bonne voie pour Alzheimer pour me souvenir de détails comme ça…
Hélas, les Frères avaient la mauvaise habitude de se mêler de ce qui ne les regarde pas.
Ma première page me fut confisquée dès la récré avec la recommandation « les récréations sont faites pour jouer, Monsieur, pas pour écrire ou lire ! Un esprit sain dans un corps sain ! »
J’ai tenté par la suite d’écrire un journal, mais ce fut pire.
J’aurais dû me douter qu’après avoir vu le courrier lu et censuré, l’idée d’écrire un journal était une idée folle.
J’ai encore passé un jeudi sur place en émettant l’idée que j’aurais pu être plus détendu si les Frères étaient moins sévères.
Bon, c’était moins enrobé…
Il n’empêche que les Frères sont non seulement susceptibles mais indiscrets.
Je le savais pour ma mère alors j’ai laissé tomber l’idée d’écrire mon journal.
Heureusement que vous êtes arrivées, psys gratos chéries…