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mercredi, 19 septembre 2018

C’est mercredi ? Activités extrascolaires !

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Je suis sorti de chez « Alexine », la boulangerie de la rue Lepic et ai traversé la rue.
Je suis passé devant le banc où habituellement sont assis quelques touristes exténués,  y était assise cette fois une petite grand’ mère triste et esseulée.
Entre ses pieds un cabas qu’elle maintenait debout d’une main squelettique.
Cette main mal accrochée au bout d’un bras étique dépassait d’un de ces gilets qui n’existent plus : mal tricoté et tenu sur sa maigre poitrine par un bouton trop large.
On l’aurait dit tricoté par ma mère…
Elle a levé les yeux quand elle m’a entrevu et dit d’une voix tremblante « Monsieur… Monsieur… »
Je me suis arrêté et l’ai regardée plus attentivement.
Mon dieu, la pauvre ! Elle avait bien vingt ans de plus que moi et son visage faisait penser à une pomme de reinette en plus pâle.
Vêtue d’une de ces robes « trois tons » en liberty, noir, rose et blanc.
Un tas de petites fleurs la couvrait…
J’ai fini par dire « Oui ? »
Elle a chevroté « Vous ne voulez pas me porter mon cabas jusque chez moi ? S’il vous plaît monsieur, vous voulez bien ? »
Qu’aurais-je pu dire d’autre que « bien sûr ! Allez, levez vous et donnez-moi le bras ! » ?
Je me suis penché et ai attrapé son cabas.
Nous sommes allés d’un pas lent jusqu’à la partie la plus étroite de la rue Durantin.
Nous nous sommes arrêtés devant le plus grand porche de la rue. Elle a sorti de la poche de son gilet en ruines la petite clef accrochée à une boutonnière par un lacet et a ouvert l’énorme porte de fer forgé.
Je l’ai suivie sous ce porche éclairé par le soleil qui venait de la rue.
Elle s’est arrêtée au milieu du chemin qui menait à la cour pavée que j’apercevais dans le fond. Ella m’a serré le bras plus fort et s’est tournée vers moi. Une vraie serre, cette main ! Elle m’a saisi la nuque de son autre bras et m’a attiré vers elle.
Je me suis dit « Sacrée mamie ! Elle veut me faire un bisou pour me remercier ! »
Un bisou ? J’t’en fous ! Elle m’a attiré contre son visage fripé et a collé des lèvres desséchées sur les miennes que j’ai gardées obstinément serrées en me disant « mais elle est cinglée ! »
Elle tentait d’insérer sa langue entre mes lèvres en faisant « mmm… mmm… » puis, lasse d’essayer avec sa langue, m’a donné un coup de pied dans le tibia.
Quand j’ai entrouvert les lèvres pour dire « Aïe ! » elle a plongé sa langue jusqu’à toucher la mienne.
J’ai pensé « Elle est quand même sévèrement tachée, la mamie… » mais je n’allais quand même pas la frapper.
J’ai soudain perçu un changement.
Ses lèvres sont devenues plus douces et plus pleines.
Les rides ont disparu de son visage tandis que ses bras reprenaient une rondeur et le velours de la jeunesse et que ses cheveux devenaient de ce blond-roux dit « vénitien ».
Je n’ai plus eu tellement envie que ce baiser finisse qui avait commencé si mal.
C’est elle qui s’est décollée la première. Elle m’a regardé avec un peu de dégoût et a lâché « Ben mon vieux, t’embrasses pas top, j’aurais cru qu’à ton âge t’avais plus d’entraînement ! Pfff… »
J’ai bêlé « Mais… Mais… »
Elle a juste dit « Ben quoi ? T’avais jamais rencontré de fée qui a besoin d’embrasser un homme pour conjurer un sort ? ».
Elle m’a planté là et est partie, balançant les plus jolies fesses que j’aie jamais vu.
Je me suis fait la réflexion que ces robes épouvantables et ces gilets affreux allaient finalement très bien.
Pourvu qu’on ait aux environs de dix-huit ans.
Mais quand même, cette garce aurait pu dire merci !