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jeudi, 10 janvier 2019

Je m’en suis donné à « Cœur Joie »…

Ouais bon…

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J’écoutais ce matin un scientifique du domaine des « neurosciences ».
Vous savez bien, lectrices chéries qu’on sent, ressent et re-sent…
Ainsi cet expert en fonctionnement cérébral parlait de l’odorat.
À l’écouter, j’ai rapidement pensé à ma mère.
Ma mère était dotée d’un odorat tel que tout le monde disait d’elle « elle a un nez de chien ! »
Pour elle, le monde était surtout « un endroit qui sent ».
Ce n’était pas un monde plein d’odeurs ou de parfums, agréables ou non.
C’était d’abord « un endroit qui sent ».
Quand nous étions petits, elle faisait notre toilette.
Nous n’étions jamais assez rincés.
Elle nous rinçait espérant retirer la moindre fragrance de savon de notre peau.
Elle nous sentait de la tête aux pieds.
C’en était parfois gênant.
Nous avions l’impression d’être ses chiots et que ma mère nous reniflait pour être sûre que nous étions bien ses petits.
Il n’était pas question que nous mangeassions une viande chose qu’elle n’eût pas sentie avant de la faire cuire.
Non que la nourriture fût exceptionnelle, simplement il était hors de nous donner quelque viande que ce soit qui eût risqué de nous envoyer à l’hôpital, infectés par un microbe dévastateur.
Cette sensibilité exagérée aux odeurs, j’ai appris ce matin que ce n’était pas une maladie grave.
Elle était seulement gênante, surtout pour ceux qui partageaient sa vie, et s’appelait « hyperosmie ».
Si ce genre d’affection permet de déceler l’odeur d’une violette dans les déchets d’un abattoir, elle pourrit la vie de l’entourage…
Dans la famille, personne n’a eu la malchance d’hériter de cette « hyperosmie » mais tous nous avons l’odorat suffisamment affûté pour qu’un parfum, une odeur, si évanescente soit-elle, suffit à nous faire revivre des moments qui seraient de toute façon inoubliables.
Ébloui perpétuellement par cette particularité d’une odeur, d’un parfum, de faire entendre une voix, toucher une peau, ressentir un regard ou revivre un instant.
Évidemment, ça a parfois l’épouvantable pouvoir de rappeler le malheur, le vrai malheur, celui de la disparition définitive.
C’est un peu l’effet qu’a sur moi le parfum de la lotion « Aqua Velva » ou du savon « Monsavon, le vert, celui que sentait mon père.
Ma mère ne sentait rien d’autre que sa peau, propre et douce mais uniquement maternelle, sans apprêt ni artifice car elle ne supportait pas de sentir quoi que ce soit.
Cette émission, uniquement par ce qu’a évoqué l’intervenant, le son donc qui a évoqué des odeurs m’a fait revoir et réentendre, ressentir, retoucher et goûter des gens aimés, vivants ou non.
Ouaip ! Ça me fait ça les odeurs et les parfums.
Je me demande si ce n’est pas la mémoire à plus long terme dont nous disposons…
Celle qui lie les sens les uns aux autres et à tous les souvenirs que nous entassons chaque jour.