Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 06 juin 2019

Quand le discours constipe, l’eau de Vichy…

Ne dites rien, je sais...
Je ne sais pas quoi écrire.
Je ne sais plus quoi écrire.
Je ne sais plus comment écrire ce que j’aurais peut-être envie d’écrire.
En réalité, il y a des choses que j’écrirais volontiers et même je saurais comment les écrire.
Mais je ne suis pas sûr de vouloir le faire.
Depuis quelque temps, je sens un vent mauvais souffler de ci de là sur les blogs.
Ceux-ci s’étiolent, moins nombreux, plus neutres, moins vivants.
Je dirais même « craintifs » pour certains.
L’idée d’affirmer des idées, ses idées, semble disparaître au profit –si l’on peut dire- d’une neutralité insipide.
Je vous parlerais bien de Süzel, ma cousine préférée dont c’est le premier anniversaire de la mort.
Mais que dire ? Qu’en dire ?
Le crabe emporte tant de monde…
Je l’aimais pour des tas de raisons.
C’était ma cousine.
C’était une artiste, fine et intelligente.
C’était une jolie femme.
Bon, d’accord, elle était rousse même si je sais qu’en vrai elle était châtain.
Surtout, surtout, c’est la seule avec qui je pouvais rire du vol du fauteuil roulant d’un de ses amis.
Je fus alors prêt à l’accompagner pour en voler un autre à l’imprudent cul-de-jatte qui l’aurait laissé devant un bistrot.
Il est mal vu de rire du malheur d’autrui.
Il quasiment normal de le causer sans autre excuse que « n’y voyez rien de personnel ».
Bande d’hypocrites.
Ce matin, j’ai entendu quelque chose qui m’a rappelé Süzel.
En plus d’un message de son camarade de vie, la radio m’a expliqué pourquoi elle n’avait aucune chance de s’en tirer.
Un médicament qui pourrait sauver la vie d’un malade « crabisé » ne peut lui être administré car le « Comité économique des produits de santé » est en cours de négociation sur le prix dudit médicament.
On a beau jeu de gloser sur une Angleterre qui avait scandalisé il y a peu en refusant de soigner des gens pour des motifs moraux ou économiques.
Que le malade soit fumeur suffisait semble-t-il à lui barrer la route de l’hôpital en cas d’infarctus.
Que le malade soit chômeur pousse un responsable de la santé à expliquer qu’un chômeur sans formation ne rembourserait jamais sous forme d’impôts ou de bénéfices le coût de son crabe…
Voilà où nous sommes arrivés.
C’est censément le rationalisme qui est la clef de nos problèmes.
Je viens de m’apercevoir avec stupeur que l’équilibre des comptes est devenu l’horizon indépassable de la pensée.
L’humanité viendra après.
Après les banquiers sans doute…