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mardi, 06 octobre 2020

Le mec plus ultra…

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Hier, Gwen m’a posé une question : Pourquoi « Lemmy » ?
Gwen, cette gamine qui a tout de même un peu de recul sur le cinéma des « fifties », pense que ça a un rapport avec Eddie Constantine, qui buvait la moitié de son cachet et jouait l’autre moitié aux « courtines ».
Gwen a raison, il y a bien un rapport avec le célèbre – du moins à l’époque – Peter Cheney et son héros « Lemuel Caution » dit « Lemmy ».

Quel rapport avec mon père ?
Mais vous ai-je déjà parlé de mon père ?
Pas trop mais je vous ai parfois dit, au gré de mes souvenirs, que ma mère l’appelait « Lemmy » quand ça allait bien car, quand ça allait moins bien il redevenait « Gaby ».
Il me faut vous dire que mon père, ce héros au sourire si doux, était, jeune homme, doté d’un caractère ombrageux.
Caractère forgé par cinquante-trois mois de campagne ponctués par diverses haltes comme le débarquement en Sicile, le débarquement en Italie, la bataille de Monte Cassino, le débarquement en Provence et la bataille des Vosges qui lui a laissé son plus mauvais souvenir.
Mon père, d’une netteté de salle d’opération, avait passé soixante-deux jours sans se laver, au fond d’un trou gelé dont on ne pouvait sortir la tête sans se faire canarder.
On comprend bien que ça esquinte la psyché et que les médailles récoltées sur les champs de bataille n’y changent rien...

Mon père donc, au sortir des rigueurs de l’hiver, aperçut ma mère sur qui « il fit une fixette », comme disent les djeun’s.
Comme « il la kiffait grave » et qu’elle était d’accord, ils décidèrent de se marier.
J’appris plus tard grâce à une erreur de chronologie qui sauta à l’oreille d’Heure-Bleue  que contrairement à ce que prétendit longtemps ma mère qui fut, à l’écouter, au moins deux fois vierge, ils prirent quelques acomptes histoire de vérifier qu’ils n’allaient pas se fourvoyer, du moins dans les draps.
C’est là que « Lemmy » apparaît.
La veille du mariage, ma mère dut aller le chercher au commissariat car il avait baffé un type et y gagna le surnom de « Lemmy ».
Pendant notre prime enfance, elle dut le calmer, le cajoler car il a fait des cauchemars épouvantables jusqu’au milieu des années cinquante.
Elle dut aussi faire attention à ne pas susciter l’attention d’autres mâles…
Il était, selon elle, l’Eddie Constantine du quartier, immortel interprète du rôle de « Lemmy Caution ».
Le seul souvenir que j’aie de ce rôle fut de voir mon père traverser la rue pour demander des explications  à un homme qui avait eu l’imprudence de regarder ma mère avec trop d’insistance depuis le trottoir d’en face.
Heureusement, il était doté d’un assez solide sens de l’humour.
Qui hélas faisait dire de lui « il préfèrera perdre un ami plutôt que rater un bon mot »…

Commentaires

chouette ce récit ! la mère d'une amie dont je suis allée à l'enterrement la semaine dernière était une survivante d'Auschwitz. A 90 ans ses nuits étaient toujours peuplées de cauchemars !

Écrit par : ang/col | mardi, 06 octobre 2020

Branchée sur Internet, je rêve d'ordinateurs que je branche et débranche et dérègle.... ce qui est impossible depuis mon lit :); on a les traumas qu'on peut.

Écrit par : Nina | mardi, 06 octobre 2020

Tu tiens de ton père, ton fils aussi.

Écrit par : heure-bleue | mardi, 06 octobre 2020

C'est bien ce qu'il me semblait !
;-)

Écrit par : alainx | mardi, 06 octobre 2020

Il me semblait que l on disait cela aussi « il préférerait perdre un ami...... » de Louis Juvet, mais je ne trouve rien à ce sujet sur le net, donc je dois me tromper.
En tout cas cette description est très plaisante, même si, au quotidien pour une jeune épouse ce fut, peut être, parfois pas simple. Mais quand on s aime, « ça le  fait » comme on dit

Merci
Bicounette87

Écrit par : Claude Boyer | mardi, 06 octobre 2020

C'est bien ce que je disais précédemment, j'aurais bien aimé ton pere surtout que ta note du jour me rappelle bigrement certains traits du caractere de qui tu sais, même si lui n'avait fait que l'Agerie, .... et meme si l'humour n' était pas sa 1 ere quaite... il fallait faire attention et.... je faisais attention du moins quand j' etais jeune....

Écrit par : Emiliacelina | mardi, 06 octobre 2020

" Tu tiens de ton père" dit heure bleue. Serait-ce que tu as aussi traversé la rue quand on regardait un peu trop ta belle rousse ? ;-)

Écrit par : Yvanne | mardi, 06 octobre 2020

Mais pourquoi diable ai-je mis ma phrase au passé ?

Écrit par : Yvanne | mardi, 06 octobre 2020

"Mais pourquoi diable ai-je mis ma phrase au passé ?"

Parce que tu es cruelle !

Écrit par : le-gout-des-autres | mardi, 06 octobre 2020

Ne te méprends pas : je pense que tu es toujours fringant. :-)

Écrit par : Yvanne | mercredi, 07 octobre 2020

j'ai l'impression - ça fait tout de même un certain temps que je te lis - j'ai l'impression qu'il t'a légué une ou deux choses ;-)

Écrit par : Adrienne | mardi, 06 octobre 2020

Un portrait d'un patriarche digne des romans les plus notoires . Ah ! la figure paternelle si chère à nos cœurs...

Écrit par : Jerry OX | mardi, 06 octobre 2020

Mais vous ai-je déjà parlé de mon père ?
Jamais (ha, ha)...comme moi qui ne parle jamais de mon mari...(re-ha-ha)

Écrit par : julie | mardi, 06 octobre 2020

Je te suis depuis assez longtemps pour me souvenir que tu as parfois parlé de ton père dans le passé, mais je n'avais pas gardé Lemmy en mémoire.
Donc Eddie a eu une petite part dans l'histoire de ta famille...

Écrit par : Gwen | mardi, 06 octobre 2020

Quand même, cette génération a vécu de terribles choses. Et certains plus que d'autres.
Et nous on se plaint de devoir porter un masque… même pas à gaz.

Écrit par : alainx | mardi, 06 octobre 2020

Mais alors, avec tes sœurs il devait être hyper protecteur et sévère ou pas ?

Écrit par : Anita | mardi, 06 octobre 2020

Ah ça, il était protecteur.
C'était un "père de fille" accompli...

Écrit par : le-gout-des-autres | mardi, 06 octobre 2020

Ah oui c'est un très chouette portrait. Dans un genre où tu excelles, les chroniques familiales et parisiennes. Nos parents ont vécu des choses un peu similaires, 44-45. Mon père a achevé la guerre. Il a pénétré assez loin en Allemagne. Puis il a rempile pendant deux ans (dans l'armée de lattre de tassigny. Il voulait voir du pays... en effet, pour l'humour et les bons mots, la pomme n'est pas tombée loin de l'arbre :-)

Écrit par : Pivoine | mercredi, 07 octobre 2020

Les commentaires sont fermés.