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lundi, 19 juillet 2021

Devoir de Lakevio du Goût N°90.

Frederick-Childe-Hassam-The-Fireplace.jpg

Vous aimez les cheminées ?
Vous aimez l’odeur du bois qui brûle ?
Vous aimez les flammes dansantes quand elles sont la seule source de lumière de la pièce ?
Vous aimez tout cela ?
Ou pas dut tout…
Alors dites ce que vous inspire cette toile qui vous rappelle ce que vous aimez ou détestez.
Ou ce qu’elle ne vous inspire pas.
À lundi.

Quand elle eut ranimé le foyer en y jetant nombre de bûches pour en faire un grand  feu, elle avait trouvé plutôt agréable cette odeur de viande rôtie qui flotta un moment dans le salon.
Quand l’odeur de rôti brûlé lui succéda, elle ouvrit les fenêtres.
Elle pila les cendres jusqu’à ce qu’il n’en restât qu’un tas de poussières dans l’âtre encore brûlant puis raccrocha la petite pelle à long manche sur le « serviteur ».
Elle repoussa du balai les dernières cendres dans le fond de l’âtre encore chaud et posa la main sur le manteau de la cheminée.
Elle soupira enfin de soulagement en regardant la chaise vide à côté de la cheminée.
Cette chaise serait désormais vide…
Un vague regret la fit soupirer de nouveau mais elle ne sut pas exactement si c’était de regret ou de soulagement.
Elle se pencha de nouveau vers l’âtre et l’examina attentivement puis reprit le tisonnier et remua les cendres.
Elle se tourna alors vers le « serviteur » et attrapa la pince à bûche pour retirer des cendres le petit morceau dont le reflet avait attiré son attention.
Il ne s’effrita comme il aurait dû.
Elle se pencha, s’accroupit enfin et le prit précautionneusement entre deux doigts, vaguement dégoûtée.
Une dent !
Comment était-ce possible ?
Depuis qu’elle avait épousé ce Géronte qui lui tapait sur les nerfs et sur les fesses quand elle passait à portée de ses mains, elle avait toujours évité d’en savoir trop sur sa bouche, émettrice de bruits désagréables, qu’ils fussent incongrus ou simplement porteurs de paroles salaces.
Paroles qui la prévenaient incidemment que ce soir-là « elle passerait à la casserole ».
Elle était persuadée qu’il n’avait plus dans la bouche rien d’autre que la langue et quelques mots orduriers…
Cet après-midi là, sa main se faufilant sous sa robe et lui touchant les fesses alors qu’elle se penchait sur le feu pour le tisonner avait été la fois de trop.
Elle s’était retournée et lui avait asséné un coup de tisonnier.
D’abord effrayée par le geste qu’elle devina fatal, elle se sentit rapidement soulagée.
Au cas où, on ne sait jamais, elle lui asséna encore deux ou trois coups sur le crâne, essuya soigneusement le tisonner, nettoya le carrelage devant la cheminée puis entreprit de le débiter comme le régisseur le faisait avec le porc qui serait consommé cette année.
D’ailleurs c’était le même travail pour finalement le même animal…
Les os et les habits avaient bien fini en poussière et en fumée dans le foyer.
Heureusement qu’elle avait vu cette dent.
Elle la glissa dans sa pochette et partit voir la voisine.
« Dites-moi, Joséphine, vous n’auriez pas vu passer mon mari ? Je suis inquiète, il est parti depuis des heures… »