lundi, 04 novembre 2013
Blood, sweat and tears...
Je squatte votre divan aujourd’hui encore, lectrices chéries.
Je vous sais, connaissant les tendances sadiques si fréquentes chez homo pas toujours aussi sapiens qu’il devrait, impatientes de savoir comment votre serviteur va se sortir de cette première tentative d’intégration chez ces fous sanguinaires que vous supputez mal disposés à mon égard.
Eh bien voilà :
En attendant cette récré, problématique à coup sûr, je m’assis à la place assignée par le Frère-Maître, au premier rang. Je remarquai aussi, près de la porte donnant sur la cour, deux élèves à genoux, les mains sur la tête et me demandai de quels crimes abominables ils pouvaient bien être coupables.
Je sus plus tard que je serai au premier rang pendant tout le temps que je passerai dans cette école, ma mère s’étant longuement épanchée sur les raisons qui l’avaient poussée à me confier aux bons soins des Frères…
Cela dit, ce Frère avait un certain talent pour se faire écouter, non qu’il fut particulièrement attrayant ni même simplement intéressant mais il avait une règle de bois dont il distribuait les coups assez libéralement sur le bout des doigts de ceux dont il jugeait l’attention défaillante.
Comme c’était mon premier cours, j’y prêtai attention. D’ailleurs, d’un naturel curieux j’appréciais plutôt d’aller à l’école et ce que je lui demandais était de m’intéresser, de me faire découvrir le monde et me l’expliquer. Une vraie graine d’élève en somme…
La cloche sonna, me surprenant en pleine réflexion sur ce que disait le Frère.
Je m’attendis à la même ruée qu’à la « grande école » de la rue Championnet mais non. Dans un silence religieux –oui, je sais…- toute la classe attendit que le Frère ait terminé sa phrase et replié son grand cahier pour relever son pupitre et y ranger ses affaires. J’étais le seul à n’avoir rien à ranger…
J’appris pour l’occasion qu’on ne se précipitait pas non plus pour arriver le premier dans la cour et qu’il y avait un ordre précis qui consistait à faire sortir les rangs un par un en passant devant le Frère qui dispensait les taloches ou les satisfecit, selon le comportement pendant le cours de l’élève qui passait devant lui.
Je sortis donc dans cette cour cimentée que quelques tilleuls déplumés par l’automne meublaient difficilement. A peine dehors, je fus entouré d’une bande de garçons quasiment tous plus vieux que moi, tous n’étaient pas plus grands –merci maman et ta soupe- mais tous étaient curieux. Certains semblaient en plus désireux d’éprouver ma résistance à la coercition.
Manque de chance pour eux, s’ils avaient une assez forte personnalité pour être suivis par une petite cour de lèche-bottes, peu connaissaient ce langage de charretier que j’avais rapidement assimilé –j’ai toujours été plutôt doué pour les langues- pendant le peu de temps que j’avais passé à la « grande école » et sur les trottoirs où ma mère me traînait pour faire les courses.
L’épreuve promettait donc de se révéler assez sérieuse...
06:40 | Commentaires (7)

