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mercredi, 11 juin 2014

Le grand ôteur...

Vous voyez le rapport entre Victor Hugo et Molière ?
Eh bien, je sais depuis ma deuxième cinquième qu’il y a un rapport 10 entre les deux.
1 Molière = 10 Victor Hugo…
Je vous avais parlé de mes démêlés avec les fous chargés de mon éducation.
Je vous avais aussi entretenu des injustices qui m’avaient blessé.
Je n’avais et n’ai toujours pas perdu malgré tout la néfaste habitude de faire confiance.
Quelques années après ma sortie de Frères & Co, mon monde faillit s’effondrer.
Suite à un accroc sévère à la morale enseignée, mes parents avaient résolu en trois étapes le problème.
Mon père m’engueula sévèrement. Mais c’est seulement parce qu’il n’avait pas le droit de nous taper dessus.
Ma mère me talocha durement. C’est tout bêtement parce qu’il avait été décidé en haut lieu qu’elle serait la seule à pouvoir se livrer à des voies de fait sur les quatre enfants de la famille.
La troisième étape fut la plus sympa : Il fut décidé que j’aurai droit à de l’argent de poche.
Et ne me dites pas que onze ans passés, c’est trop tôt pour donner des sous.
La décision fut prise par mon père. Ma mère n’osa pas s’y opposer mais n’en pensait pas moins. De ce jour, elle considéra que le maigre pécule que m’avait alloué un père optimiste valait bien qu’elle meublât de ce jour un porte-monnaie déjà hermétique de toute une ménagerie de scorpions, de hérissons voire d’oursins.
Je ne suis pas très fier –en réalité pas fier du tout- de la genèse de cette affaire…
C’est cette aventure qui amènera plus tard la déconvenue la plus affreuse de ma vie d’enfant.
Déconvenue que je vous raconterai une prochaine fois.
Pour en revenir aux causes de la relative générosité de ma mère, il vous faut savoir, lectrices chéries,  qu’en 1960, même si elles excitaient déjà ma curiosité, je n’étais pas intéressé que par les filles.
La perte de l’œil droit m’avait fait abandonner provisoirement la chimie pour l’électricité et ses multiples expériences.
Après avoir « fait sauter les plombs » moult fois, j’appris qu’on pouvait faire des choses super intéressantes avec le 110 V de l’époque.
Heureusement que le secteur était à 110 volts pour quelques années encore sinon vous vous passeriez de mes palpitants récits car je serais probablement resté collé à un de mes bidouillages s’il avait atteint les 230 volts actuels…
Toujours est-il que je fus intéressé au printemps de cette année-là par l’achat d’un moteur électrique vu sur un stand du Marché aux Puces de Saint Ouen que j’honorais de ma fréquentation dès que j’avais un franc en poche.
Le « vieux », un type tout maigre qui devait avoir quarante ans à tout casser mais avait des poils blancs dans une barbe mal rasée et sur les tempes, tenait ce stand bordélique rue Jules Vallès. Il m’avait à la bonne, probablement parce que j’étais poli, et acceptait de me voir fouiner dans le bric-à-brac le plus monumental que j’aie jamais vu.
A part la chambre de l’Ours en 1982 évidemment…
J’avais repéré ce moteur, une merveille laquée noir, avec ses deux fils torsadés, son axe poli. Il me semblait assez gros pour bricoler et assez petit pour que je puisse l’emporter pour le montrer. J’avais déjà en tête les machines délirantes que je pourrais réaliser si je l’avais.
Et puis, ô merveille, il n’avait même pas l’air vieux !
Bref, je le voulais.
Je suis allé voir le vieux.
- C’est combien, s’il vous plaît monsieur ?
- Dix balles mon gars !
- C’est cher…
- Cinq balles et tu l’emportes…
- Je les ai pas…
- Eh môme ! Faut quand même que j’aie un peu « d’affure » !
- Bon, je reviens demain alors. Au revoir monsieur.
Oui, le monsieur causait un peu voyou…
C’est le lendemain, avant le départ pour le lycée que se noua le drame.
Je me suis levé, vaguement lavé, genre « toilette de chat » ai pris mon petit déjeuner avec ma grande sœur, ai attendu qu’elle parte, ai regardé partout dans la cuisine et ai vu ce qui allait sceller mon destin : Le porte-monnaie maternel !
J’éteignis la lumière, ouvris le porte-monnaie, vit un billet plié, dans les tons verts , le pris et partis, mon cartable dans une main, le billet dans l’autre, le cœur battant et les genoux pas très stables.
Arrivé au rez-de-chaussée, sur le seuil de l’immeuble j’ai ouvert la main et ce fut l’horreur.
Au lieu du « Victor Hugo » supputé, j’avais dans la main un « Molière ».
Au lieu des cinq francs espérés j’avais une fortune de cinquante francs dans la main. Un coup à se faire assassiner !
J’ai jeté le billet dans notre boîte aux lettres et me suis enfui au lycée.
Ce fut une des plus mauvaises journée que j’y passai.
Et, mon dieu, que j’ai pu traîner avant de rentrer à la maison…

Commentaires

Mais c'est terrible ce que tu nous contes là!

Écrit par : mab | mercredi, 11 juin 2014

Oh oh l'horreur ! Moi qui était malade pendant 8 jours(euh 8 heures, non 8 minutes) quand je piquais 20 centimes (les anciens avant 1960) pour acheter au bureau de tabac de la rue grande biesse des "coquilles" remplies de sucre coloré que l'on léchouillait ou alors des oetits pots ou une espece de bonbon en pain d'ange remplis de poudre chimique au goût de fruits chimiques aussi que l'on aspirait avec une paille !

Écrit par : Ckan | mercredi, 11 juin 2014

ah !! c'est malin !! j'espère que tu ne t'es pas trompé de boite aux lettres ?

Écrit par : maevina | mercredi, 11 juin 2014

Venant du blog d'"heure bleue" j'ai parcouru avec beaucoup de plaisir les derniers articles du vôtre, très drôles et très bien écrits. L'écriture est-elle une passion dans votre couple? Bravo, en tout cas!

Écrit par : Anne-Marie | mercredi, 11 juin 2014

Et tu nous laisses en carafe, à supputer des suites données à cette affaire !!! Sans coeur en plus ! ;-)

Écrit par : moune | mercredi, 11 juin 2014

Moi, c'était l'argent du lait que je chipais à ma mère, et, elle ne s'en est jamais rendue compte. Nous en parlions encore avec ma sœur la semaine dernière. Ce n'était que pour acheter des bonbons, des kg de bonbons que je distribuais aux autres enfants, par culpabilité. A part ma mère, je n'ai volé personne d'autre, sauf mon mari, mais, la loi dit que ce n'est pas du vol. (ah, si, j'ai un peu chapardé dans les magasins, adolescente, mais, là, c'était pour faire comme la petite bande de "loubards" que je fréquentais, loubards pas bien méchants.
Houlàlà, je comprends la trouille de l'enfant. Quelques pièces, ce n'est pas du vol, juste du chapardage, mais un gros billet. Effectivement, je n'ai jamais non plus piqué de billets.

Écrit par : juliette | mercredi, 11 juin 2014

mais aussi, pourquoi tu avais éteint la lumière ???? Tu me feras toujours mourir de rire!
Tu en a d'autres comme çà à nous raconter????
Et...finalement, tu as réussi à l'avoir un jour ce moteur??

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 11 juin 2014

En fait...quand tu n'en connais plus...des conneries, tu en inventes! MDR...j'ai pas souvenance d'avoir pris des sous à ma mère, faut dire que nous comptions souvent les centimes...pour acheter du pain...

Écrit par : Joëlle | mercredi, 11 juin 2014

mais pourquoi ne pas les avoir remis dans le porte-monnaie ? Pourquoi la boite aux lettres ?

Écrit par : liliplume | mercredi, 11 juin 2014

Aïe aïe aïe!

Écrit par : Livfourmi | jeudi, 12 juin 2014

Ouille je crains une taloche !

Écrit par : Brigitte | jeudi, 12 juin 2014

Je viens de me piquer une bonne crise de rire avec cette histoire, elle est superbement bien rédigée et j'adore la chute. J'arrive même à imaginer la scène..... c'est excellent !!

Écrit par : Ysa | vendredi, 13 juin 2014

Cher Goût, tu fais erreur ! En ces temps préhistoriques que j'ai aussi vécus, ton Molière (et tous les uatres) valait 100 fois le Père Totor ! Eh oui ! il valait 500 NF, alors qu'Hugo n'en valit que 5...
Si j'en suis à ce niveau de lecture, c'est qu'après un long moment d'hibernage, je vous lis à rebours, la Lumière de tes jours et toi-même... et comme toujours, je me régale de vos commentaires con-joints

Écrit par : Gwen | mardi, 01 juillet 2014

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