Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 18 juin 2016

Qu'est-ce que ça peut faire du moment qu'on sème...

Nous sommes retournés rue des Petites Écuries y manger un döner.
Heure-Bleue a commencé à parler avec un client.
Évidemment un Indien, jeune, beau, brun et bien plus mat que moi…
Nous nous sommes mis à discuter à quatre.
Enfin, discuter…
Le Turc, un Anatolien à peau claire m’a raconté des tas de choses.
L’Indien à la peau mate a raconté des tas de choses à la lumière de mes jours.
Nous les avons écoutés, rassurés, du moins nous l’espérons.
L’un, l’Indien a un cancer de la peau qu’il fait soigner à l’hôpital.
Il a peur, il a trente-quatre ans, il a abusé de sa jeunesse, fait beaucoup la bringue, exagéré sur la boisson.
L’Indien tient le restaurant indien juste à côté du restaurant turc où nous sommes.
Le Turc, marié et père de deux filles et d’un garçon se sent du coup inquiet à cause du cancer de la peau de son copain.
Il a trente quatre ans, lui aussi.
Il me montre ses bras, il craint, au moindre petit bouton qui pousse, le mélanome qui va l’emporter à coup sûr.
Il me raconte qu’il travaille douze heures par jour et passe trois heures par jour dans les transports.
Heureusement, ses heures de transport lui sont payées comme des heures de travail.
Il m’a appris pourquoi ses döner sont classés dans les meilleurs de Paris.
Tout est fait chez eux, la grande broche est faite sur place, marinade, salage, empilage, tout est fait ici.
Il m’explique que ça revient plus cher mais que c’est peut-être pour ça que ce restaurant existe depuis trente ans alors que les autres achètent les broches toutes faites et font la coupe avec un robot ou au couteau électrique « oui, celui qui ressemble à une tondeuse de coiffeur ! »
Je crois qu’il fait partie de la famille.
Puis il me reparle de sa peur d’avoir un cancer de la peau, me remontre ses bras.
Je regarde attentivement et lui dis que non mais que je peux lui indiquer un dermatologue et l’hôpital où il reçoit en consultation.
Nous les avons laissés ravis et rassurés.
Heure-Bleue et moi avons changé de chemin pour rejoindre Saint-Lazare.
Nous avons quitté le Xème en passant près du lycée Lamartine, traversé le IXème au travers de passages autres, une partie du IIème et du Ier arrondissement pour retourner dans le IXème prendre le train.
Sur le chemin, j’ai vu une Oldsmobile « Cutlass », une voiture que je n’avais pas vue depuis les années 60, ça bouffe comme un camion ces charrettes là…

images smartphone 022.jpg

Alors je l’ai prise en photo, elle était près de la boutique qui m’a fait penser à Jean Dutourd.

images smartphone 020.jpg

Ça faisait très longtemps que nous n’avions pas emprunté le passage Choiseul à côté du théâtre des Bouffes Parisiens.
C’est devenu une suite de pizzerias et de cafés et c’est assez désolant.
Puis, avant de nous diriger vers Saint Lazare, nous sommes allés à la Bourse chercher le pain.
Oui, des fois on va chercher le pain à la Bourse, on est comme ça, nous…
Et nous sommes passés par la rue Vivienne.
Là, nous avons été soudain surpris par un grand cri sortant d’un bistrot.
Et non, ce n’était pas une émeute, c’était juste un but marqué par une équipe quelconque dont j’ai ignoré la nationalité jusqu’aux informations de la soirée.
Pas une émeute en cours de route, pas de flaques de sang sur les trottoirs,  pas de cadavres jonchant les rues, rien.
La guerre civile censée ensanglanter Paris dont on nous rebat les oreilles depuis des semaines est d’une platitude…

jeudi, 16 juin 2016

Le blet en herbe…

De rien, Mab...
Hier nous avons profité de deux heures, vingt-huit minutes et trente sept secondes d’un ciel presque clément puisque nous avons profité au départ d’un ciel de Boudin qui, arrivés au Monop’ s’était transformé en ciel de Turner…
Sur le chemin, j’ai eu le nez attiré par une odeur qui m’a ramené d’un coup en pension.
Dans la cour de récré, celle où il y avait des tilleuls et deux marronniers.
Je ne sais pas pourquoi il y avait ces marronniers.
Ce n’était pas, à mon avis, une bonne idée parce que l’automne met déjà de mauvaise humeur à cause de la rentrée et que les marrons font d’excellentes munitions pour les castagnes de cours de récré.
Personnellement, je préférai le coin des tilleuls.
D’abord parce qu’ils étaient loin des cabinets ensuite parce que ça sentait extraordinairement bon.
Imaginez, lectrices chéries, un nez de gamin de six à neuf ans, vierge de toute fumée de cigarette, à l’odorat jamais sévèrement entamé par quoi que ce soit.
Imaginez le chatouillé par l’odeur de la fleur de tilleur au printemps et au début de l’été.
C’est une odeur magique, elle fait fermer les yeux de plaisir.
Le genre d’odeur qui vous fait comprendre que Sénèque s’est planté lamentablement et qu’il aurait mieux fait de suivre Épicure…
C’est pourquoi j’ai longtemps occupé le temps que j’ai passé aux toilettes à lire « La vie heureuse » de Sénèque et le reste de mon temps à essayer de suivre les judicieux conseils d’Épicure.
Vous rendez-vous compte, lectrices chéries ce que ce passage devant une allée ombreuse de l’avenue qui mène au Monop’ me fait errer ?
Il y eut un peu plus loin, un parfum de seringas, très plaisant mais moins que le tilleul si vous voulez mon avis.
Au Monop, je me suis amusé avec la dame de l’accueil.
Je lui avais rapporté une bouteille de vin affublé d’un goût de bouchon prononcé.
Cette bouteille faisait partie d’une promotion qui proposait 50%  de remise sur la seconde bouteille si on en prenait deux.
J’avais donc pris deux bouteilles, sûr de faire une bonne affaire.
La dame a commencé à m’expliquer que le calcul allait s’annoncer compliqué à cause de la remise.
Elle a sorti sa calculette et s’est livrée à de savants calculs desquels il ressortait que ça n’allait pas aller de soi.
Il me semblait simple pourtant de prendre la bouteille fautive et de m’en donner une autre mais non.
Pas question, elle tenait absolument à me rembourser les 50% de remise sur la seconde bouteille.
Je ne sais par quel miracle j’ai réussi à lui faire avaler que j’avais bu la bouteille tarif réduit et que lui ramenait celle plein pot et qu’en conséquence je prendrais une autre bouteille et que tout le monde serait content.
J’aurais une bouteille plein tarif, le Monop’ serait sûr que j’avais pris une bouteille à 50% et le tout sans aucun mouvement de caisse.
Ça a marché…
Nos courses faites, nous sommes allé à l’arrêt du bus sous un ciel de Turner qui a eu la bonté de ne pas devenir orageux rien que parce que nous étions dehors.
Passionnant, non ?

mercredi, 15 juin 2016

Vivement que les souris grisent…

PA261437.JPG

Le temps ces temps-ci me fiche le moral par terre.
Une petite journée de soleil passablement ennuagée vendredi dernier et c’est tout.
Je sursaute quand par hasard un semblant d’éclaircissement des murs me fait croire que le soleil arrive enfin.
Je soupçonne un complot du gouvernement et de ses affidés dans cette affaire.
Je me demande si quelqu’un ne surveille pas l’apparition du ciel et se précipite alors pour demander au Président de la République de faire un tour dans les jardins de l’Élysée.
J’ai envie de flâner, le nez au vent et l’œil à l’affut dans les rue de Paris.
J’ai envie de m’asseoir à la terrasse d’un café et de regarder passer les gens.
J’ai envie d’entendre Heure-Bleue commenter les passants.
J’ai envie de lui raconter des bêtises qui occasionneront ce fou-rire qui lui donne cet air malicieux qui rend ses yeux clairs irrésistibles.
J’ai envie de traverser ces places qui n’ont finalement que peu changé avec le temps.
J’ai envie de parcourir ces rues qui parfois me serrent le cœur parce que parcourues en d’autres temps.
J’ai envie de marcher sur le trottoir où il y a du soleil.
J’ai envie de laisser la lumière de mes jours entretenir la diaphanéité de sa peau tandis que je tenterais de restaurer la matité de la mienne…
J’ai envie d’autre chose que de pluie et de nuages.
J’ai envie de soleil mais pas de plage.
J’ai envie de griserie, pas de grisaille.
J’ai envie de Paris en été...

mardi, 14 juin 2016

Le moral, hélas tique…

La publicité vous prend pour des cons, la publicité vous rend cons !
Je lisais la revue d’informatique quotidienne qui m’est gracieusement fournie par mail depuis une vingtaine d’années.
Mon inscription date de l’époque bénie où être partie d’une profession vous permettait d’être informé gratuitement sans être envahi par des publicités à chaque clic.
Mon attention a été attirée par un article dédié aux activités du Web et notamment sur les « smartphones ».
Était abordé le problème de la lassitude et de la passivité de l’utilisateur de smartphone face à des publicités incontournables quoiqu’on tente de lire.
Vous trouvez ça agaçant, lectrices chéries ?
Moi aussi.
Apparemment nous sommes assez nombreux à être exaspérés sur Terre pour que le monde de la communication s’en émeuve.
Une enquête fut illico diligentée.
Enquête dont le résultat ne m’a pas surpris.
La conclusion de l’enquête a failli me faire envoyer mon café sur le pantalon…
L’avis de l’autorité en la matière me montre brillamment qu’il a compris de travers.
Après avoir constaté l’agacement croissant des « internautes » face à ce déferlement incessant de « réclames » aussi peu sollicitées que mensongères dans nombre de cas, que dit-il, « l’expert » ? Hmmm ??
Hein, qu’est-ce que tu nous dis, Monsieur l’expert ?
Eh bien tu nous dis ça, et sans sourire :

« On ne peut que conseiller aux marques et aux annonceurs de créer des publicités innovantes, pertinentes et adaptées aux attentes des consommateurs. »

« L’expert » vient de conclure que le consommateur attend une publicité !
L’enquête qu’il a menée lui montre pourtant que le consommateur, eh bien la pub ça le saoule mais non, ça ne le frappe pas.
Un type pas expert aurait plutôt conseillé aux marques de créer des produits adaptés et correspondant aux attentes des consommateurs.
Mais pas lui, non, il conseille des publicités adaptées…
J’en ai quant à moi déduit que le Web n’est plus guère qu’un medium de pub.
Pire, que le produit n’est plus là pour satisfaite un besoin mais simplement un prétexte à la publicité.

lundi, 13 juin 2016

Pour solde de tout conte...

Nikolai-Kornilievich-Bodarevsky-Femme-allongée-avec-un-chat.jpg

Déjà petite elle savait qu’elle allait se marier avec un prince.
Un vrai, un comme ceux des contes de fée.
Un qui serait beau, avec une peau mate comme celle de ce garçon à deux rangs d’elle dans sa classe.
Elle en était sûre.
Malgré un premier réflexe de dégoût qu’elle avait rapidement surmonté, elle avait embrassé une grenouille pendant ses premières vacances « de grande », en colo.
Les échecs, pour répétés qu’ils fussent, n’avaient pas entamé son moral ni annihilé ses espoirs de finir enfin dans les bras d’un prince.
Puis elle avait grandi, quitté l’école pour l’université et avait trouvé sa voie dans la zoologie.
Elle avait assez de connaissances maintenant pour savoir qu’il était peu probable qu’une bestiole quelconque se transformât en prince avec un bisou.
Néanmoins, un soir, quand le dernier assistant du laboratoire avait claqué la porte elle s’était surprise à ouvrir l’aquarium de la rainette, la prendre et déposer un léger baiser sur ses lèvres.
Rien…
Elle soupira, prit sa veste, donna un tour de clef et quitta la fac des Sciences.
Elle remonta la rue Linné jusqu’à la rue Lacépède où elle habitait en se disant qu’elle avait embrassé trop de grenouilles dans sa vie et qu’à trente ans il était temps de passer à autre chose.
Sur le chemin elle acheta une tranche de jambon, une tartelette aux pommes et une canette de Coca Zéro.
Elle retourna sur ses pas et acheta une petite boîte de miettes de thon pour le chat puis arriva chez elle.
Elle était seule.
Depuis toujours, seulement un peu plus depuis la mort brutale de ses parents.
Elle était restée là, dans l’appartement où elle avait grandi et où elle comptait bien un jour amener un prince.
Celui ci surgirait de façon inattendue, quand elle aurait perdu espoir, ce qui ne saurait tarder vu que la rainette du labo trépasserait dès demain matin. 
Elle dîna tristement avec Bidule, le chat.
Lui avait rapidement avalé le contenu de la petite boîte et essayait maintenant de lui voler un morceau de jambon.
Elle le lui céda avec un sourire et aussitôt qu’il l’eut avalé il vint s’installer sur les genoux de sa maîtresse.
Elle se leva, débarrassa la table, fit la vaisselle et, après un passage par la salle de bains, partit se coucher.
Une atmosphère étrange s’abattit soudain sur le quartier.
Ce n’était pas le silence d’un soir normal de Jardin des Plantes.
Une lumière bizarre tombait de nuages et éclairait son lit d’une couleur inhabituelle.
Allongée elle lisait quand la lumière varia brusquement et prit une teinte orangée qui l’inquiéta.
Bidule sauta sur le lit et chercha un abri sur sa poitrine.
Elle le prit dans ses bras et l’embrassa doucement sur le museau.
L’éclair qui traversa à grand fracas la fenêtre brisa une vitre et elle se sentit soudain écrasée par le poids d’un corps.
La lumière revint, normale et éclaira une scène qu’elle n’aurait jamais imaginée, même dans ses rêves « prinçomaniaques » les plus agités.
Elle était allongée sur son lit, la chemise de nuit en désordre.
Un homme, aussi beau qu’elle l’avait rêvé, était couché contre son flanc, nu comme sa mère l’avait fait.
Il la regardait avec des yeux pleins d’amour.
Elle le regarda avec des yeux pleins d’attente.
Puis elle ferma les yeux et attendit.
Il osa poser ses lèvres sur les siennes.
Ce fut le début du baiser le plus sensuel qu’elle ait jamais connu.
Son ventre fut parcouru de frissons, ces frissons d’attente qu’elle désespérait de connaître.
Même ses seins se comportèrent bizarrement.
Elle se colla contre lui et entrouvrit les lèvres.
Le moment fut parfait.
Un peu plus de deux mois plus tard, elle donna naissance chez elle à quatre chatons et, assez bizarrement, à deux rainettes vertes.
Elle ne pensa même pas à cacher les uns ni les autres…
De toute façon, qui penserait qu’elle était leur mère ?
Elle regarda le prince Bidule, sourit rêveusement à la pensée qui la traversa et l’idée de commencer une autre portée immédiatement la tenta, quoi qui puisse naître…

Bon, ce n’est pas ce que j’avais eu comme idée au départ mais ça s’est écrit tout seul, alors…