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lundi, 06 novembre 2017

Les mains sales...

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« Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. »
À y réfléchir, ça n’a aucune importance et je me demande bien pourquoi elle m’a dit ça.
Peut-être pour me faire sentir que « quand même, le boulevard Raspail, c’est autre  chose que cette piaule qui fait face à un mur de briques ».
Il est vrai que ma chambre, étonnamment bien rangée pour l’occasion, donnait à la scène un côté « Fenêtre sur cour » pas piqué des vers.
Elle continua à parler mais je n’écoutais pas, trop occupé à la regarder.
Un moment pourtant, une phrase attira mon attention :
« 
Elle m’habillait le matin, me déshabillait le soir et dormait dans la même chambre que moi. »
« Elle »… Pourquoi « elle » ?
J’ai cru qu’elle parlait de moi mais non, elle racontait son enfance.
Je la regardais et j’étais assez heureux qu’elle en soit sortie car j’en trouvais le résultat magnifique.
« Une tête bien faite » sur un corps qui ne l’était pas moins.
Dire qu’il y a peu, il pensait encore « Quelque part en France, il y avait une jeune fille claire… »
Il ajouta en pensée une autre ânerie, il lui dirait « tu es à moi ! ».
Bref, il avait rêvé une niaiserie alors qu’aujourd’hui il admirait celle qui, devant la fenêtre lui racontait ce qu’elle était.
Il se demanda un instant s’il était vraiment un homme ou s’il lui manquait quelque chose pour faire plus sérieux.
S’il voulait continuer à la voir « s’habiller le matin » et la voir « se déshabiller le soir et dormir » avec lui, il lui fallait devenir un mec, un vrai.
Un dont on dirait plus tard que tout petit déjà, « on savait qu’on assistait à l’enfance d’un chef. »
Voilà !
Je vais laisser pousser ma moustache, décida-t-il.