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mardi, 22 septembre 2020

Si jeune et déjà marri...

Il me semble vous avoir déjà parlé de ma mère, sans doute pour vous raconter les tours pendables qu’elle me jouait.
Elle ne se contentait pas d’être persuadée que je passais mon temps à essayer de copuler avec des filles à la vertu discutable.
Bon, en vrai j’aurais apprécié que celles que je croisais eussent la vertu aussi discutable que le supputait ma mère…
Il y avait aussi que sa jalousie la poussait à me faire d’étranges compliments devant mes copains.
Vous n’ignorez pas, lectrices chéries, si vous avez des fils et que vous êtes aussi pénibles avec eux que le furent ma mère et Madame Gallienne mère avec leur fils, que les garçons, pendant leur adolescence, aiment bien qu’on les appelle « Patrice », « Guillaume », « Nicéphore » ou « Alceste ».
Bon, pour « Alceste », je suis moins sûr parce qu’on doit avoir envie de tuer des parents qui t’appellent « Alceste », ça doit te rendre misanthrope…
Mais surtout les garçons, pendant leur adolescence, aiment être comme John Wayne dans « Rio Bravo » ou Charles Bronson dans « Il était une fois dans l’Ouest ».
Jamais, au grand jamais ils ne veulent être, « mon poussin » ou « mon petit trésor ».
Ma mère, donc, voulant en savoir plus que je le souhaitais, demandait régulièrement
« Tu vas encore retrouver cette fille ? »
En revanche, dès qu’un copain était en passe de devenir un ami, pour être sûre que ça allait déconner, elle avait une méthode infaillible.
Ce matin, alors que j’étais dans la salle de bains, me sont revenues des bribes de la conversation qu’Heure-Bleue et moi avions réussi à tenir malgré la température.
Ma mère donc, avait pris l’habitude d’appeler ma sœur cadette « Souricette » tandis que mon père appelait la benjamine « Riboulika » à cause de sa tendance à se bagarrer.
Je pensais naïvement que les petits noms sucrés, genre « Patty », étaient réservés à l’intimité du foyer, surtout à mes sœurs .
Ce fut généralement le cas.
Sauf évidemment dans les circonstances où ils se révélaient le plus dévastateurs.
Il y en eut un, qu’elle cessa d’utiliser voyant cette fois que l’effet était nul.
Il ne fonctionna pas du tout –étrangement je dois dire- avec la lumière de mes jours malgré plusieurs tentatives.
Hélas, je dus éviter des copains qui eussent pu devenir des amis s’ils n’étaient passés à la maison.
Tous toutefois étaient très bien élevés.
Enfin, devant leurs parents ou ma mère.
Géniteurs qui auraient distribué des torgnoles s’ils avaient entendu s’exprimer leur progéniture quand il n’y avait pas d’adultes dans les environs…
Quand par hasard, un de ces copains venait me chercher à la maison un jeudi où je n’avais pas déjà un emploi du matin au lycée, j’avais peur.
Ma crainte était souvent justifiée pour des tas de raisons dont la plus sérieuse n’était pas la conception étrange du rangement qu’avait ma mère.
La chose arrivait pourtant, quasi chaque fois, évènement maudit et inéluctable.
Elle me serrait dans les bras à m’étouffer, me couvrait de baisers et demandait :
« Alors Bichonnet, présente moi donc ton petit camarade qui a l’air si gentil et si bien élevé. »
Bichonnet ! Elle avait osé !
Ouais ! Elle m’avait appelé « Bichonnet » devant un pote de lycée !
Pfff... Bichonnet ! Devant un copain !
Cette fois encore, j’avais failli avoir un ami…