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lundi, 18 octobre 2021

Devoir de Lakevio du Goût N° 101

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Je pense que vous en avez assez des œuvres de John Salminen mais que voulez-vous, elles me posent toutes des questions auxquelles j’essaie de répondre.
Si vous m’aidiez, vous aussi à y répondre, ce serait gentil.
Mais ce serait trop simple.
Il faut d’abord trouver quelles questions posent l’œuvre, et je sais qu’elle ne pose pas les mêmes à chaque observateur.
Puis, quand vous avez enfin une question qui vient, il reste à y répondre…
J’aimerais que vous commenciez votre devoir par « Ce fut un chagrin désordonné », comme écrit Maupassant dans « Un cœur simple ».
Ce serait chouette aussi que vous le terminassiez sur « Le centre du combat, point obscur où tressaille la mêlée, effroyable et vivante broussaille, » comme disait Victor Hugo dans « L’expiation »
J’eusse aimé que vous y casassiez aussi le célèbre « L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme. »

Ce fut un chagrin désordonné qui m’étreignit lorsque je la vis s’éloigner d’un pas vif et le dos contracté plus par le ressentiment que par le froid.
Je m’étais comporté comme un parfait idiot de m’emporter de la sorte pour une raison aussi futile que l’allée à emprunter dans ce parc.
Elle aimait l’allée qui partait sur la droite et se dirigeait vers un minuscule étang protégé par une vague clôture.
J’aurais aimé pour une fois faire le tour par l’autre côté, emprunter l’allée qui passait par la gauche pour aboutir au même étang.
Elle a insisté.
Je me suis buté.
Arrivé au sommet de la bêtise, j’excipai alors de ma qualité de mâle pour exiger qu’elle me suivît.
Elle s’arrêta soudain, se tourna vers moi et dit d’une voix calme, trop calme :
- Il n’y a pas de chef ici ! 
- Euh… J’ai…
- Tu as quoi ?  Nous vivons ensemble ! Ensemble !!!
J’ai tenté piteusement et encore plus bêtement :
- Oui mais…
- Mais quoi ? Il n’y a pas de subordonné ni de chef ! 
Elle fit encore quelques pas et me jeta :
- Si j’avais eu besoin d’un chef, je me serais engagée dans l’armée, je ne serais pas venue dans ton lit !
Je me serais giflé d’avoir été aussi stupide.
Il y a des moments, comme ça où la cervelle régurgite des préjugés plutôt que créer des pensées…
J’ai allongé le pas, l’ai rattrapée et me suis confondu en excuses.
Je bafouillais d’émotion, je crois bien qu’un moment, j’ai chevroté.
Je ne savais plus quoi dire, les yeux me piquaient.
Le reproche s’est effacé lentement de ses yeux, elle a soupiré, levé les yeux au ciel et chuchoté « Que vous êtes bêtes, pauvres hommes que vous êtes… »
Puis, elle a eu dans le regard cette étincelle que j’avais craint ne plus jamais voir et que j’aimais tant.
Je lui ai pris la main, elle l’a serrée et s’est collée contre moi.
« L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme. » comme disait Hugo…
Et je fus heureux d’être le vaincu.
Elle me tira, hâta le pas et, sans même que nous nous en aperçussions, nous sommes arrivés à la maison où en hâte nous avons alors jetés nos habits.
Tous nos habits…
Puis quand le calme fut revenu, elle s’est levée et je l’ai admirée, glissant un regard que j’espérais discret sur ce nid où je m’étais blotti il y a peu.
C’est là que je me suis demandé si Victor Hugo pensait vraiment à la bataille de Waterloo quand il a écrit :
« Le centre du combat, point obscur où tressaille la mêlée, effroyable et vivante broussaille »…