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mardi, 23 novembre 2021

T’as d’beaux vieux, tu sais…

 

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Hier, je suis allé chez le dentiste.
Comme supputé après un craquement inquiétant, j’ai laissé une dent dans la bagarre.
Comme j’en ai l’habitude depuis quelque temps, la petite souris est passée.
Évidemment, cette sal… euh... cette saleté de souris, au lieu de laisser une pièce a laissé une facture…
Dès l’arrivée, j’ai senti que ça allait mal se passer.
Rien que l’aspect de la salle d’attente m’avait prévenu.
La décoration en avait changé.
Les chaises, sans doute pour donner l’illusion de propreté chirurgicale, avaient été changées pour des chaises en plexiglas d’une transparence qu’envieraient les comptes de campagne de candidats à l’élection présidentielle…
Hélas, la petite table, tout à fait simple et neutre qui supportait quelques revues qui accusaient à peine cinq ans de salle d’attente, a été remplacée.
Et par quoi ?
Eh bien par une… Une chose, je ne vois pas d’autre mot.
Une chose surprenante que je pensais disparue depuis que j’avais quitté la Porte de Clignancourt.
Une chose dont je pensais que les derniers exemplaires avaient été brûlés dans un gigantesque autodafé, histoire de supprimer toute trace du manque de goût criant qui vit le jour aux Galeries Barbès vers la fin des années cinquante et le début des années soixante.
Une chose censément objet de recherches archéologiques.
Je veux parler de ces meubles, tables et buffets dits « Style Regency en acajou palissandré  vernis polyester » selon la formule de l’époque.
C’était exactement ça, ça m’avait tant choqué que j’ai retenu la formule.
Je vous assure que c’est exactement comme ça que c’était écrit sur les publicités !
Cette petite table, vue hier chez le dentiste m’a ramené instantanément, dans les années qui m’ont connu adolescent.
Hélas, comme à l’adolescence, j’ai souffert.
Pas du cœur, non, de la bouche.
Le pire ?
Comme à l’adolescence, j’ai ressenti cette épouvantable impression d’avoir reçu un coup de poing dans la figure qui m’a laissé un côté de la mâchoire engourdi pendant quelques heures.
J’ai conclu la journée par une autre catastrophe.
La lumière de mes jours avait tenu absolument à venir me retrouver dans un café près de la gare Saint Lazare.
Ça avait un air de rendez-vous clandestin qui me plaisait beaucoup.
Il s’agissait en réalité de me traîner chez le coiffeur.
Elle fut coiffée par une coiffeuse.
Je fus défiguré par un type de plus de quatre-vingts piges, qui passait « aider » deux fois par semaine.
Je suis tombé « le jour de l’aide ».
Bilan ?
Une dent en moins, des cheveux massacrés, un air d’engagé volontaire chez les « Marines » mais en pas jeune.
Bref, ça sent « le contrôle d’identité avec bavure policière »…
Quelle journée !