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mardi, 03 octobre 2017

Celle qui Tarbaise prend son temps…

Oui Mab, je n’aurais pas dû…

Ce mardi matin, je suis allé dans notre « nouveau chez nous ».
Je regardais depuis la vitre du 95 la lumière du matin sur le cimetière de Montmartre.
C’était absolument magnifique de verdure, de rousseur et d’or.
Un beau cimetière comme ça, ça donnerait presque envie de mourir…
Mais, bon, avant j’avais une armoire et une commode à monter.
Au bout d’un moment, je suis descendu au « mini-market » du coin de la rue pour acheter du papier et de l’eau.
Le papier était l’exemple type de l’erreur à ne pas connaître quand on a la chance d’avoir pour épouse une femme à la peau si tendre.
Je m’en suis aperçu en le sortant de son emballage pour le mettre à sa place.
L’odeur m’a fait jeter un regard suspicieux sur l’emballage.
J’y ai lu quelque chose comme « anti-odeur » ou « retient les odeurs ».
Je vais devoir tenter de le revendre avant l’arrivée de la lumière de mes jours dans ces lieux, sinon, il risque d’y avoir de sombres histoires de « feu au c… » qui n’auront rien de libertin…
Puis je suis descendu pour déjeuner d’un croque-madame.
Arrivé au café de la petite place j’ai su ce qui me manquait depuis ces dernières années.
Le bistrot !
Le « troquet parigot » ! Le vrai !
Celui avec le vieux turfiste ronchonnant, le stylo à la main, griffonnant « Paris turf ».
Il y a même les « mamies calva », si si ! Ça existe encore !
Même, plus fort encore, j’ai vu et entendu le pilier de comptoir.
L’inévitable, celui qui explique au mastroquet rebeu de son état, « c’qu’y faudrait faire pour que la France elle tourne comme y faut ».
Il n’a pas encore intégré que « le mec à virer, bref tous ces… enfin tu m’comprends », c’est justement celui qui est en train de remplir son verre de rouge.
Je me suis demandé si ce n’est pas la banlieue « qui se la pète » au point que tous ces gens, sortis d’un bouquin de Calet ou de Modiano, n’osent pas se montrer en banlieue où personne ne semble oser picoler, tout juste si dans certain coin de zyva, à part le vol et le « chichon » on ose être décontracté…
J’ai fini par monter l’armoire et ça m’a fichu sur le flanc alors je suis revenu tranquillement en lisant mon bouquin.
Reste l’épineux problème du déménageur fantaisiste…
Comme ce n’est pas moi qui l’ai choisi, je peux me contenter d’en rire parce que, même s’il n’est pas agréable de se faire gruger, une grosse erreur de jugement dont je ne suis pas coupable, c’est toujours bon à prendre.
Je suis au théâtre…
J’attends l’entrée en scène d’Heure-Bleue.
Je la vois face au déménageur.
Pompant honteusement Euripide, je la vois telle Médée s’adressant à Jason « Je sais quels crimes je m’apprête à commettre mais la passion l’emporte sur la raison »
Bref, il va y avoir du sport.
Ne jamais tenter de piquer des sous à Heure-Bleue…

lundi, 02 octobre 2017

Avec ces lignes j’ai fait des touches…

Oui Mab, je sais…

lakevio.jpg

Ça a débuté comme ça.
Je l’ai vu se pencher et examiner cette petite lampe dans la vitrine.
Tout ça ne m’aurait pas troublé outre mesure si je ne l’avait vu soudain hoqueter.
Je l’ai regardé un moment, penché, immobile, quasiment une statue.
Il a été encore une fois secoué et je me demandais par quoi quand j’ai vu étinceler un reflet sur sa joue.
Puis la larme a coulé lentement et rejoint sa bouche où elle s’est accrochée un instant aux poils de sa moustache avant de tomber à ses pieds.
La porte de la boutique s’est ouverte et l’antiquaire est sortie.
Elle lui a posé la main sur l’épaule et dit « je sais bien, c’est dur, mais il faut vivre Monsieur Fadeuil… »
Il a hoqueté de nouveau, faisant de son mieux pour  ne pas éclater en sanglots sur l’épaule de l’antiquaire.
Elle a insisté « Vos enfants ont pensé que c’était mieux pour vous de vous éviter d’avoir sans cesse votre femme à l’esprit chaque fois que vous regarderez autour de vous… »
Elle ajouta doucement « Du courage Monsieur Fadeuil, ce n’est qu’un mauvais moment à passer… »
Il s’est secoué pour chasser la main de l’antiquaire et a voulu s’éloigner.
Il a eu un nouveau sanglot et s’est effondré sur le trottoir.
Cette petite lampe de Gallé à l’abat-jour rouge qu’il lui avait offerte avait eu raison de lui.
L’antiquaire appela les secours, une voisine se précipita.
- Madame Polant ! Qu’est-il arrivé à  Mr Fadeuil ?
- Il n’a jamais surmonté la mort de son épouse, j’ai peur qu’il n’ait eu une attaque.
- Il n’a pas de famille ?
- Il a des enfants mais ils sont loin. Qui va s’occuper de ce pauvre homme ?
J’ai poursuivi mon chemin, triste pour ce pauvre homme.
Je connaîtrai la suite quelques jours plus tard :
En fait, Madame Polant déléguée par la famille avait seule suivi le corbillard…