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mardi, 24 octobre 2017

Le bout d'un blanc dans la conversation...

Hier, comme tous les jours nous sommes sortis.
Le temps fut vicieux.
Il attendit nuageusement que nous atteignions notre première destination.
Le Casto qui nous sert de base ces temps-ci tant il y a de petites choses à bidouiller dans notre « nouveau chez-nous ».
Vicieusement donc, le temps attendit même que nous sortions du Casto pour que nous rentrions à pied pour qu’une pluie étrange se mît à tomber.
Assez fine pour être un crachin.
Trop drue pour n’être pas un crachin.
La lumière de mes jours, dont le coupe-vent n’était pas étanche, nous arrêta devant une boutique à touristes.
Ce qu’on appelle habituellement un « piège à con », un peu comme les élections.
Nous y achetâmes un parapluie.
Il est d’une qualité telle qu’il justifie pleinement l’appellation de « pépin ».
Il fallut le redéployer quatre fois au bas mot entre l’entrée du pont qui enjambe le cimetière de Montmartre et l’angle des rues Lamarck et Damrémont.
Comme quasiment chaque jour, nous eûmes l’occasion de rire.
Enfin… Juste avant l’addition…
Oui, nous étions chez « Bio C Bon » qui n’est pas réputé pour la modicité de ses prix.
Néanmoins, il y a une valeur ajoutée, ne serait-ce que sur la description des produits.
Ça pèche tout de même par une méconnaissance regrettable des règles de la ponctuation.
Sur un emballage de boudin, je lis l’étiquette à haute voix à l’attention d’Heure-Bleue, telle qu’elle est écrite :

« Boudin noir, doux à l’oignon. »

En traînant derrière Heure-Bleue, « J’errricane », évidemment.
Elle me regarde et semble n’avoir pas entendu.
Je lui répète ce que je viens de lire.
Et la lumière de mes jours de dire :
- Pfff… Ça ne m’étonne pas, tu ne changeras jamais…
- ?
- Je suis sûre que tu as pensé au « Dernier Tango à Paris »…
Je trouve néanmoins étrange que, toujours liés télépathiquement, nous nous comprenions souvent si mal.
Nous sommes unis par un océan d’incompréhension en somme.
C’est bien, finalement…

lundi, 23 octobre 2017

Un vers, ça va, trois vers, bonjour les dégâts…

lakevio.jpg

Ne dis rien Mab, j’ai honte…

Lectrices chéries, comme ça au moins, vous comprendrez  pourquoi j’évite de rimailler…
La poésie est un art difficile, c’est pour ça que je me satisfais de l’aimer et ne me mêle point de l’écrire…
Ayant déjà trouvé ma Laure, j’évite de me la jouer Pétrarque.
Ayant déjà ma Cassandre, je ne me prendrai pas pour Ronsard.
De cette petite en contemplant son teint, je dirais comme Agrippa d’Aubigné
« Une rose d’automne est plus qu’une autre exquise »
Pour vous en parler, lectrices chéries, j’adorerais avoir le talent de José-Maria de Hérédia.
Tous les talents, même les moins recommandables…
Mais je vais tout de même tenter le sonnet.
J’espère que tout y sera, la rime, la forme, le rythme.
N’y manquera hélas que la chose la plus importante.
La poésie.
Ne m’en veuillez pas, je ne sais pas faire.

Elle arracha la fleur, un bien bel hortensia
En tira un pétale, puis le manipula
Délicatement, comme un cruel pianiste.
En le mordant le fit si affreux et si triste.

Elle le feuilleta comme fait un lecteur
Qui voit le dictionnaire comme un outil pénible
Qui sert à éclairer et à passer au crible
Ce qu’à bien voulu dire ce satané auteur…

Puis elle reposa ce bien bel hortensia,
Secoua fièrement sa chevelure rousse
Se demandant si la bouée couleur fuchsia

Habillerait si bien une peau aussi douce
Elle s’en inquiétait, la pauvre Anastasia
Elle s’en inquiétait, en mordillant son pouce…

samedi, 21 octobre 2017

Résolutions d’octobre…

De rien, Mab

« Ô bruit doux de la pluie,
  Par terre et sur les toits ! »
Ben oui, c’est vrai, lectrices chéries.
Ça faisait longtemps, très longtemps que je n’avais entendu la pluie tomber à Paris.
Enfin, à Paris, je l’avais déjà entendue.
Je l’avais même entendue longtemps mais ça faisait cinquante ans que je n’avais pas entendu tomber la pluie, la nuit sur la colline de Montmartre.
Elle fait un bruit très particulier.
Justement ce fameux « bruit doux de la pluie, par terre et sur les toits » dont parle Verlaine.
Hélas, trois fois hélas, alors qu’après des jours et des jours d’un travail de portefaix à défaire des cartons, nous avions décidé, Heure-Bleue et moi, d’aller traîner dans le quartier, voire de descendre jusqu’à Saint Lazare, il pleut !
Certes, la pluie est légère mais nous aurions préféré qu’il fasse beau encore aujourd’hui.
Que je vous dise pourquoi il fut envisagé d’aller jusqu’à Saint Lazare.
Vous ai-je déjà parlé de mes T-shirts ?
Ceux que j’aime de plus en plus au fur et à mesure du temps qui passe ?
Ceux que les années transforment en « robe de l’Enfant Jésus ».
Cette robe magique qui grandit avec le bébé ?
Cette robe qui chez moi hélas, se transforme aussi en dentelle du Puy.
Plus ces T-shirts sont vieux, plus ils sont doux.
Plus ils sont doux, plus ils sont confortables.
Plus ils sont confortables, plus j’ai du mal à les abandonner.
Encore hélas, la lumière de mes jours, parfois pessimiste, craint régulièrement qu’au hasard d’une visite chez le médecin, ce dernier ne voie l’état de mon T-shirt.
Rien qu’y penser, je lui fais honte d’avance.
Alors est venue cette idée d’aller boulevard Haussmann, acheter d’autres T-shirts…
Peut-être allons nous braver le léger crachin et descendre le long de la rue de Saint Petersbourg, que je n’ai pas connue quand elle s’appelait « rue Petrograd » mais que j’ai longtemps parcourue quand elle s’appelait « rue de Leningrad ».
Puis la rue de Rome, qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut, pleine de luthiers.
Enfin le boulevard Haussmann.
Nous ne nous arrêterons pas hélas, pour acheter du caviar sur le stand Petrossian des galeries Lafayette.
Mais bon, nous sommes déjà revenus à la maison, on se contentera de lire les recettes de J.M. Simmel dans son bouquin « On n’a pas toujours du caviar. »

mardi, 17 octobre 2017

Billet d’où ?

mon coin.jpg

« La lumière était pas mal où on était, mais là… C’est autre chose ! Rien à voir ! »
Et ce n’est pas votre Goût adoré qui dit ça.
Non.
C’est Heure-Bleue.
Il y a deux jours déjà, je m’étais –discrètement car je la connais- rengorgé en entendant la lumière de mes jours me dire « Oh ! J’adore ce quartier ! »
Prudent, je n’en ai fait part qu’à Lakevio.
Heure-Bleue a aussitôt tempéré du « oui mais » habituel mais a fini par admettre que le quartier était chouette.
Vendredi matin, en revenant du « mini-market » avec ma serpillère neuve et le liquide à vaisselle, je me suis arrêté sur la place pour boire un express au café-tabac.
À l’aller déjà, j’avais eu la poitrine soulevée à la vue du ciel.
Ceux qui ne connaissent pas le ciel de Montmartre un matin de beau temps ne comprendront pas pourquoi, rien qu’à remonter la rue, j’ai eu la poitrine dilatée.
Ce ciel n’a pas changé depuis…
Pfiouuu… Au moins depuis que je le connais.
C'est-à-dire depuis toujours.
Il fait comprendre pourquoi le coin est apprécié des peintres et des sculpteurs.
Il fait accepter les raisons de la vie de bohème.
Il aide à comprendre pourquoi Degas en a hanté les rues jusqu’à sa mort.
Délaissé par les danseuses et poursuivi par les huissiers…
Nous, c’est mieux, nous sommes délaissés par les danseuses, ce qui arrange Heure-Bleue, et délaissés par les huissiers, ce qui m’arrange, moi.
J’ai rêvassé à tout ça, assis à la terrasse du bistrot de la place.
Admirant le ciel, regardant les gens.
Surpris qu’à cette terrasse, seule une cliente fixait son « smartphone ».
Tous les autres vivaient et conversaient.
Même le turfiste parlait avec le patron, c’est dire si la « civilisation » n’avait pas encore atteint le quartier.
Et puis nous sommes arrivés au dimanche.
Invités par Imaginer pour un goûter.
Quel goûter !
Un « spritz » d’enfer, préparé par « Chéri ».
Pendant qu’Imaginer et Heure-Bleue engouffraient un cake au citron, « Chéri » et moi avons englouti du saucisson ramené de Venise, un truc du coin.
J’ai même gouté une « grappa » délicieuse.
Bilan ? Deux kilos dans l’après-midi…
À part ce détail, ce fut extrêmement agréable.
J’adore les effusions et Imaginer est très tactile, l’accueil a donc été très chaleureux.
Ce fut très bien.
Sauf qu’elle travaille tout le temps, même le week-end.
Il a fallu lui rappeler que Victor Schœlcher avait obtenu l’abolition de l’esclavage en 1848.
En pure perte évidemment.
Puis nous sommes revenus à pied à la maison, lentement, on a trouvé un boulanger sur le chemin.
C’était bien, comme dit ma moitié préférée…

lundi, 16 octobre 2017

Feu à volonté...

lakevio.jpg

Je tapote mon volant du bout des doigts.
Nerveusement.
Je n’ai même pas pensé à allumer la radio.
Je n’ai pas besoin de plus d’informations aujourd’hui.
Le peu de nouvelles que j’ai eues sont inquiétantes.
Pas mauvaises, non, pas encore mais inquiétantes…
Et ce feu qui traîne.
Qui se traîne.
Qui va bientôt traîner par terre si ce vent persiste.
Et ces nouvelles inquiétantes.
Ça avait commencé dès le matin, en passant devant le standard.
La dame m’a accueilli d’un « Mais qu’est-ce qui vous arrive ? Vous êtes tout pâle ! »
Puis la glace de l’ascenseur m’a montré un type qui me ressemblait mais à qui le sort avait ajouté vingt ans depuis hier soir.
J’ai commencé à me sentir pas très bien.
Pas malade, non, juste pas bien, un peu comme si je tombais petit à petit en panne.
Quand je suis arrivé dans le couloir j’ai croisé « Pupuce » -on l’appelle comme ça depuis que j’ai décroché le téléphone et son épouse s’est méprise et m’a appelé « Pupuce ».
Ce jour là j’ai crié à la cantonade « On demande Pupuce au téléphone ! »
Ça lui est resté.
Ce matin, donc, « Pupuce » m’a salué d’un « Mais qu’est-ce que t’as ? Tu viens de croiser La Faucheuse ? »
La journée s’est étirée, longue, terriblement longue.
Et là je suis en train de regarder ce feu qui s’agite et ne passe toujours pas au vert.
Je pressens que je vais pouvoir passer bientôt.
Mon pied gauche enfonce la pédale d’embrayage, je passe la première sur ma vieille bagnole européenne et j’attends.
Un coup de vent plus violent que les autres arrache ce putain de feu qui arrive tout droit sur mon pare-brise.
Il est mort.
Moi aussi…