samedi, 03 juillet 2021
Je me souviens...
Hier je suis allé chez le dentiste.
« On s’en fout ! » vous entends-je pester d’ici, lectrices chéries.
Mais il s’est néanmoins passé quelque chose en dehors de la satisfaction que le détartrage fut soigné.
Oui, il s’est passé quelque chose.
J’ai pensé à ma mère pendant le voyage qui me mena chez le « menteur ».
Vous ai-je déjà dit qu’elle n’envisageait de prendre le train qu’à la condition expresse « d’en avoir pour son argent » ?
Elle s’y prenait de telle sorte qu’aller de Paris à Montargis lui prenait près de trois heures et trois changements de train et de quai.
« Mais quel rapport avec le dentiste ? » me criez-vous, agacées de cette digression.
Eh bien, voilà.
Ma mère nous emmenait, ma sœur cadette et moi, chez une tante en Bourgogne.
À Venarey-Les Laumes, devenu « Les Laumes-Alesia » depuis qu’on a pris l’habitude de s’enorgueillir des raclées infligées par l’Histoire…
Le trajet était monstrueusement long et ma mère terriblement prudente.
À peine arrêtés à Joigny, ma mère disait « Ah ! On va arriver à Laroche-Migennes ! »
Arrêtés à Laroche-Migennes, elle se levait et vérifiait que la valise ne s’était pas envolée bien qu’elle fût placée juste au-dessus d’elle.
Elle se rasseyait et, après s’être agitée une demi-heure et nous avoir disputés au moins six fois, ajoutait « On arrive bientôt à Tonnerre ! »
Elle se levait alors, demandait à un voyageur de descendre sa valise, boutonnait son manteau et mettait son chapeau.
Deux arrêts plus tard nous descendions enfin du train.
Il s’était écoulé plus d’une heure depuis que ma mère avait mis son chapeau…
Pourquoi donc, ce court voyage a-t-il ravivé ce souvenir ?
Eh bien voilà : À Saint-Lazare, je suis monté dans le train qui m’emmènerait à la gare Les Vallées.
À peine assis un jeune homme s’est assis face à moi, a posé un tapis de sol et un sac de camping à côté de lui puis ouvert son sac à dos et en a sorti un livre qu’il s’est mis à lire.
Il a levé la tête à « Pont Cardinet » et lu attentivement jusqu’à « Levallois-Clichy ».
L’air sérieux il a fermé son livre à « Asnières » et l’a remis dans son sac à dos qu’il a soigneusement refermé.
Il s’est ensuite dirigé vers la porte alors que le train arrivait à « Bécon les Bruyères » et s’est planté devant.
Il s’est accroché à la barre alors que ces trains ont un démarrage particulièrement doux.
La suite ?
Nous sommes descendus ensemble à la gare des Vallées…
Il n’a pas dû lire plus de deux paragraphes de son livre alors que même en le regardant s’inquiéter j’avais lu deux chapitres du mien.
Il ne lui manquait que le chapeau de ma mère…
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vendredi, 02 juillet 2021
88ème Devoir de Lakevio du Goût.
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