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jeudi, 01 avril 2010

Condamnés à heurts fixes...

Je dois dire que je suis soufflé par ce que je viens d’entendre à la radio.
Une dame vient de se faire signifier par la maréchaussée de son coin qu’une plainte avait été déposée à son encontre par le préfet auquel elle avait eu l’imprudence, voire l’impudence, de confier son sentiment sur ce qu’elle avait remarqué.
De quoi est-elle accusée ? D’outrage !
 Aux termes d’une loi assez inique, elle risque 7500 €uros d’amende et six mois de prison.
Et pourquoi donc s’est senti outragé le préfet ?
Parce que cette dame a eu l’outrecuidance d’être choquée par le sort d’une famille d’Albanais,  embarquée sans ménagement et expédiée illico en Albanie.
Comme les gamins ont été ramassés au mépris de la loi sur la scolarisation et que la dame fait partie du RESF, emportée par son indignation elle a osé écrire au préfet qu’il serait bon qu’il mette fin à ces « rafles ».
C’est ce dernier mot qui matérialise « l’outrage » auquel le préfet s’est senti soumis.
Subsiste quand même un grave problème dans ce pays (quand je dis « un » c’est évidemment une figure de style…), si les gens qui sortent de l’ENA manient aussi mal la langue que les journalistes (et paf !) et la comprennent aussi mal que le zyva de base, on est bien parti pour envoyer en taule la moitié du pays.
Un examen attentif des dictionnaires indique, pour le mot « rafle »
- « Arrestation massive, à l’improviste » dans le  Robert.
- « Opération policière exécutée à l’improviste dans un lieu suspect, arrestation massive de personnes.» dans le Larousse.
Compte tenu de la culture lexicographique moyenne de la gent policière on va voir pleuvoir les plaintes pour délit d’outrage à un rythme soutenu assorties de saynètes savoureuses, du genre :
- Ouais M’sieur le juge, y m’a traité de « pédé » !
- Comment ça ? 
- Il m’a dit que mes méthodes étaient éculées, je me suis senti insulté.
Evidemment, Mr le Préfet nous explique le plus sérieusement du monde que la dame « a fait allusion au régime de Vichy et aux méthodes de la Gestapo ».

Je me sens donc fondé à dire, sans vouloir outrager quelque fonctionnaire que ce soit, que si la notion d’outrage dépend, non du sens des mots, mais de l’interprétation des mots par un fonctionnaire, on est bien parti pour une interdiction totale de toute critique du pouvoir en place, quelle qu’en soit la forme.
Je me demande aussi pourquoi la loi n'autorise pas le citoyen lambda à déposer plainte pour outrage à chaque fois qu'il se fait implicitement traiter de fainéant parce que que chômeur, de fraudeur à la Sécu parce que malade ou d'escroc à la CAF parce que parent d'une nombreuse famille.
Il existerait donc, au mépris de l'égalité de tous devant la loi, un droit pour "l'élite" et un droit pour les gueux ?
Combien de temps nous sépare désormais d’une nouvelle affaire des « sections spéciales » de sinistre mémoire ?
Nous n’avons manifestement plus le droit de dire à haute voix que nous ne sommes pas d’accord. Combien de temps avant de n’avoir même pas le droit de n’être pas d’accord ?

Commentaires

tous les jours, on voit ce genre de trucs fleurir, il y a du souci à se faire...

Écrit par : saperli | jeudi, 01 avril 2010

Cette semaine, deux directeurs d'école se sont fait rétrograder à simples enseignants parce qu'ils refusent de remplir le fichier sur les élèves que réclame le gouvernement. Je pensais que tout homme avait le droit de refuser de faire une action, contraire à sa morale et aux lois de la République. Pourquoi ne pas attaquer cette loi en justice ?

Bonne journée !

Écrit par : patriarch | jeudi, 01 avril 2010

Je suis sûre qu'un jour, on finira sur écoutes, à tour de rôle et si on dit du mal du chef...

Écrit par : heure-bleue | jeudi, 01 avril 2010

T'es sûre que c'est pas une blague? Hélas, malgré le jour où tu postes ton post, je suis tentée de te croire. Le fichier dont parle Patriarch s'appelle base élèves, non? A mon avis, si on avoue qu'existe ce genre de trucs, c'est que d'autres plus en avance sont déjà en cours, mais encore tus... et tueurs.

Écrit par : Beloubelette | jeudi, 01 avril 2010

@ beloubelette
Je ne suis pas sûr que machin sache réellement ce qu'est le1er avril...

Écrit par : le-gout-des-autres | jeudi, 01 avril 2010

Les commentaires sont fermés.