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lundi, 09 juillet 2012

En ce temps là, Le-Goût dit à ses disciples…

Je vous ai parlé, il y a quelque temps, de mon embauche chez les Maristes.
Cette petite entreprise spécialisée dans l’élevage à la schlague des gamins de ma génération –et de celle d’avant-.

 Je vous ai aussi décrit la façon particulière de ma mère de me présenter chez ces braves gens.
J’y emmagasinais alors des souvenirs pour le reste de ma vie.
Heureusement, il y avait les périodes de détente.
Maintenant que Robert Sabatier a rendu son tablier d’académicien je vais pouvoir m’atteler à la dure tâche de le remplacer.
Il aurait dû se méfier Robert, Pagnol avait déjà remarqué que « être immortel, c’est déjà être un peu mort »…

Nous voici donc arrivés à cette époque que les andouilles disent « bénie » parce qu’elle fait encore partie de l’enfance.
A se demander s’ils sont passés par l’enfance, pleine d’embûches, d’erreurs, de frustrations et heureusement de grands bonheurs qui font oublier les éléments précédents.
On continue à user les coudes de ses pulls sur des tables et le fond de ses pantalons sur des bancs.
Mais ceux du lycée, cette fois.
Je n’en étais pas encore arrivé à ce moment –hélas trop long- ou on a les membres trop longs, on se sait pas où les ranger, la voix qui se casse, moi qui étais celui qui était désigné volontaire, bien que mal placé pour ce faire mais voix dite « soprano 2 » oblige, pour chanter le dimanche « Agnus dei qui tolis peccata mundi » et devais attendre que le dernier distrait de l’assistance ait fini d’ânonner « miserere nobis.
En revanche j’avais déjà le cœur qui se brise à mauvais escient…

Comme tous les autres, sauf les parents, j’attendais les grandes vacances.
Ma mère avait de la famille en Bourgogne et m’envoyait avec ma sœur cadette passer deux mois du côté d’Alesia.

Et c’est là que les choses se gâtent.
On ne sait pas toujours dire « non » quand on devrait et oser se lancer quand l’occasion se présente.
Mais non, il n’était pas question de mariage.
Ni même de…
Bon, pour être tout à fait honnête, il était tout de même question d’avoir une idée de « comment c’était fait en face ».
Internet n’existait pas, nous n’étions pas encore tenaillés très férocement par nos hormones, les revues les plus osées –Intimité, Nous Deux et Confidences- étaient d’une pauvreté lamentable en matière de renseignements précis.
Quant à la famille, n’en parlons pas, j’ai souvenir d’une engueulade féroce quelques années plus tard pour avoir chantonné « Vénus mon amie », d’après ma tante, j’étais bon pour le bagne.
Si j’avais chanté « En revenant de Nantes » ou « La coloniale » (chanson de corps de garde particulièrement délicate) ça n’aurait pas été pire…

En face du café que tenait ma tante, il y avait un petit immeuble dans lequel habitaient deux filles
La grande ne m’intéressait pas plus que je ne l’intéressais, tu parles ! Une vieille d’au moins quatorze ans, qui, à en juger d’après les cris qui s’échappaient de chez eux, avait plus de chance de décrocher avec quelques années d’avance, un bébé que le bac.

En revanche, et c’est là que je suis obligé de me sacrifier, elle avait une petite sœur –Arlette, comment peut-on s’appeler Arlette…- qui avait jeté son dévolu sur votre serviteur.
Arlette donc, puisqu’Arlette il y a, au cours d’une partie de cache-cache avec les gamins du voisinage, tandis que nous étions cachés sous un buisson, me regarde avec des yeux un peu, comment dire, vagues, bizarres en fait.
Et là elle me chuchote « Le Goût, tu veux bien être mon bon-ami ? ».
Oui, en ces temps reculés, « bon-ami », ça se disait encore beaucoup, dans les campagnes.

Toujours est-il que, bêta comme l’est l’innocent, je dis « ben oui ! ».
Elle me plaque alors un bisou baveux sur les lèvres.
En fait c’était à mon goût assez dégueulasse…
Le pire restait à venir, alors que justement, elle ne m’intéressait pas, j’étais quasiment obligé de jouer avec elle, de l’accompagner faire pipi, etc.
Le drame se joua quand elle s’aperçut qu’en fait, celle qui m’intéressait était une féroce concurrente, Brigitte.
Brigitte P. était « la fille du minotier », un notable du bled et surtout une petite rouquine avec des yeux verts ravissants.
Ma sœur cadette ne réussissait pas, malgré ses efforts, à nous rapprocher, Brigitte P. et moi.
Là où on se pose des questions, même à mon âge bien tendre, c’est quand on constate qu’un concurrent qui n’a vraiment rien d’intéressant réussit dans ses entreprises alors qu’un cador de mon envergure se plante.
Ce « type », non content de s’appeler Jean-Pierre, avait un défaut bien plus grave : Son père était « policier ».
On pensait qu’il était inspecteur, comme dans « Dans les mailles de l’inspecteur Vitos », série vespérale sur Radio Luxembourg, pas encore devenue RTL.
Voire commissaire, comme dans certains épisodes des « Maîtres du Mystère » sur France Inter.
Il nous avait bourré le mou, son père était un agent en pèlerine ! Une « hirondelle » !

La honte sur lui !
Il venait avec ses parents, passer ses vacances à côté du café de ma tante, refusait de me prêter son vélo et maintenant me « soulevait » ma bien-aimée qui ne savait pas encore qu’elle l’était.
Si j’apprenais quelque chose sur les filles cette année là, ce ne serait pas avec elle...

Damned !

Commentaires

les déconvenues amoureuses commencent tôt ...

Écrit par : liliplume | lundi, 09 juillet 2012

Amen!
maintenant tu vas être obligé d'écrire pour 2.

Écrit par : mab | lundi, 09 juillet 2012

ah! que de souvenirs en face!!! j'adore lire ces notes, et retrouver l'esprit de ces années là! pourtant, comme c'est loin!! mais j'aime beaucoup le style! et j'attends la suite!

Écrit par : emiliacelina | lundi, 09 juillet 2012

Sourires... C'était tout de même des moments délicieux.... Belle journée chez vous !

Écrit par : patriarch | mardi, 10 juillet 2012

j'aime lire les souvenirs de nos jeunes années, c'était tellement bien à l'époque, je n'aurais pas voulu en vivre une autre...et l'année d'après...tu l'as eu la Brigitte....? j'espère qu'il y a une suite...

Écrit par : mialjo | mardi, 10 juillet 2012

meme dans les campagnes la concurrence était rude !

Écrit par : maevina | mercredi, 11 juillet 2012

Une rousse aux yeux verts? Ça me rappelle vaguement quelque chose...

Écrit par : livfourmi | mercredi, 10 octobre 2012

Puisque j'y suis autant augmenter le nombre de commentaires. J'ai une question: cette tendance qu'a eu ton coeur à se briser à mauvais escient s'est-elle atténuée avec le temps?

Écrit par : livfourmi | mercredi, 10 octobre 2012

Les commentaires sont fermés.