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samedi, 27 octobre 2012

Privés de dessert...

Elle lui demanda de tenir son araignée pour pouvoir nettoyer ses lunettes. Il adorait regarder ses yeux vagues dans ces moments là. Il avait pourtant constaté « de tactu » récemment, très récemment même, que leur douceur était trompeuse...
Pour parfaire la réconciliation, il proposa « d’aller au chinois ».
- Tiens ! T’as des sous, toi ?
Jeta-t-elle, farceuse, un brin mesquine et l’œil de nouveau malicieux.
- Ben non mais on ne mangera rien et on boira la carafe d’eau, au moins on sera au chaud.
Se tenant par la taille, ils sortirent et eurent d’abord l’idée d’aller vers la Montagne Sainte Geneviève, riche en gargotes extrême-orientales.
Il fit remarquer que c’était quand même loin et qu’il avait quand même à travailler. Elle acquiesça.
- D’accord, on va vers chez moi, il y a « des chinois » pas très loin et après on travaille chez moi.
Elle insista lourdement.
- J’ai bien dit « on travaille »…
Pour une fois qu’il n’avait pas d’idée derrière la tête, elle lui en donna…
Passé le pont vers la Bastille, ils prirent les petites rues jusqu’au métro Chemin-Vert. Rue Amelot ils trouvèrent une gargote chinoise pleine de monde où on les mit à une petite table libre au fond de la salle. Leurs poches retournées leur permettaient tout juste des entrées.
Le déjeuner se limita à un hors-d’œuvre chacun, elle jeta son dévolu sur une salade de poulet, lui aurait bien voulu des nems mais la salade limiterait les frais et permettrait une boisson, une seule.
Pour une fois délicat il lui laissa la boisson. Toujours à « faire du genre » elle but du thé. Lui la carafe d’eau. Le maigre repas fut vite avalé et ils partirent « travailler »…
Elle poussa l’énorme portail de l’immeuble de sa tante et l’entraîna. Il pensait qu’elle habitait chez la tante mais non, celle-ci lui avait laissé la chambre de service du cinquième étage. Elle pourrait y vivre et travailler tranquillement, ne descendant chez sa tante que pour le dîner et quelques menus services.
Arrivés dans la chambre, ils jetèrent leurs araignées sur la petite table et accrochèrent leurs manteaux à la patère de la porte.
L’ambiance changea et le silence s’alourdit.
- Bon, au boulot !
Dit-il, plus pour détendre l'atmosphère que par réelle envie de travailler.
Il poussa la petite table vers le lit, trop bas pour elle, s’y assit tandis qu’elle tirait l’unique tabouret vers la table pour y prendre place.
C’est là qu’elle eut un réflexe malheureux. Elle se pencha et posa un baiser qu’elle espérait léger sur ses lèvres. Il n’était pas, hélas, assez léger. Ce fichu problème d’aimants, toujours… Il l’attira à elle, c’était assez pratique finalement de s’être assis sur le lit pensa-t-il. Pendant que ses lunettes tombaient sur la table, sans qu’ils se séparassent, elle passa de son côté.
Une chose en entraînant une autre, ils auraient fait une énorme bêtise si elle ne s’était souvenue à temps que méthode préconisée par le bon docteur Ogino était en grande partie responsable du « baby-boom ».
La loi Neuwirth était encore à l’Assemblée qui lui aurait permis l’accès à une « pilule » que de toute façon ses parents lui auraient refusée.
Lui, faute du matériel adéquat renonça à une entreprise si bien engagée.
Ils s’en tinrent donc là, avec difficulté certes, mais ils y parvinrent. Ils réarrangèrent leur mise et se mirent au travail sérieusement chacun à leur côté de table.
Ils n’étaient pas trop acquis à l’idée d’aller demander à maman si être grand-mère la dérangerait, aussi évitèrent ils de trop se regarder et laissèrent de côté l’idée d’échanger quoi que ce soit, surtout pas des baisers.
Bref, c’était une journée à hors-d’œuvre...

Commentaires

il faut beaucoup de volonté (ou de craintes des conséquences )pour parvenir à se contrôler dans une telle situation! Je le sais, je l'ai vécu !!!!!!! tu remues des souvenirs là !!! quoiique très lointains! Mais tu racontes vraiment bien !

Écrit par : emiliacelina | samedi, 27 octobre 2012

C'est là que je me réjouis d'être un poil plus jeune, et pilulée jusqu'au trognon à l'âge où les envies sont impérieuses.

Écrit par : Berthoise | samedi, 27 octobre 2012

Aujourd'hui, tu as des journées cultures....

Écrit par : heure-bleue | samedi, 27 octobre 2012

bé dis donc quel gentleman....tu aurais pu faire en sautant en marche...lol...mais bon...c'est sur que vous étiez trop jeune pour savoir tout ça...elles étaient vraiment libre les filles de l'époque!!! moi je fliratais...des fois très chaud, mais jamais plus loin...tellemnt ma mère m'avait fichu la trouille!!!

Écrit par : mialjo | samedi, 27 octobre 2012

On ne parlera jamais assez de l'importance du baiser, des envies qu'il déclenche et des portes qu'il ouvre.

Cela dit, expliquer le baby boom par la méthode du dr ogino, c'est un peu simple, non? En tout cas une chose est sûre, les gens à cette époque-là étaient „enthousiastes et persévérants”, tant qu'à donner une autre explication.

Écrit par : livfourmi | samedi, 27 octobre 2012

Ah, l'angoisse pour les filles de tomber enceinte ! Qu'est-ce-qu'il y a eu comme mariages "forcés", accélérés, d'avortements à cette époque.....Les mecs n'étaient pas raisonnables de laisser le soin aux filles de se "démerder"..Eux, ne pensaient qu'à leur plaisir...
Bizarre, tu parles sans arrêt des yeux de la fille..Brouillerais-tu les pistes sciemment en l'affublant d'yeux gris, de lunettes, de myopie ? M'étonne qu'HB te laisse gentiment raconter ça....J'ai l'impression que tu as déguisé la nana...
ps : me croyant enceinte quand j'étais avec mon mec (mari actuellement), et, ne l'étant pas, j'ai gardé la belle montre offerte par mon chéri pour fêter ça..

Écrit par : jujunumber3 | samedi, 27 octobre 2012

Pendant que certaines travaillent, d'autres écrivent.... Punaise j'ai un de ses retards!!!!!!

Écrit par : C - Jane | samedi, 27 octobre 2012

"pour une fois qu'il n'avait pas d'idée derrière la tête" , ha ça, je n'en crois pas un mot !

Écrit par : liliplume | samedi, 27 octobre 2012

De toute façon, étant donné l'épaisseur du "petit manteau" à l"époque, c'était encore mieux de s'en passer ! Et puis l'attente et l'imagination remplissaient nos jours !

Écrit par : lakevio | dimanche, 28 octobre 2012

Les commentaires sont fermés.