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jeudi, 06 juin 2013

Pour solde de tout conte…

Le problème des déménagements c’est que si l'on traîne les choses assez longtemps, elles réapparaissent généralement au moment où, non seulement on ne s’y attend pas, mais de plus vous sautent à la figure et à la mémoire au moment le plus inopportun.
Mais pourquoi diable –oui, je ne dis « mon dieu » que dans des circonstances précises et autres-, lectrices chéries, votre Goût préféré et unique s’embarque-t-il dans ces circonlocutions tarabiscotées ?
« Circonlocutions tarabiscotées »… C’est un pléonasme, je sais, mais j’entends tellement de journalistes « prévoir à l’avance » ou de chroniqueurs « high tech » nous vendre des « télécommandes à distance » que je m’autorise de temps à autre ces petites récréations.
Revenons à mon mouton.
Mais qu’est donc réapparu fortuitement dans mon champ visuel qui mette votre Goût adoré dans cet état curieux, mi-attendri, mi nostalgique ?
Eh bien, tout bêtement un problème domestique.
En effet, pour pouvoir pendre nos vêtements, il nous faut une penderie.
Pour faire une penderie, il faut un endroit adéquat.
Cet endroit existe dans notre nouvel appartement.
Un réduit face à la porte d’entrée fait parfaitement l’affaire.
Malheureusement, ce réduit est plein depuis notre arrivée.
Plein de cartons de disques vinyles.
Cartons mis là au hasard du déchargement du camion.
Je me vois donc contraint de vider ce réduit pour y mettre la tringle qui permettra d’accrocher nos vêtements.
Pour ce faire il faut évidemment faire quelque chose pour que ces disques vinyles soient « rangés ».
Je monte donc une des deux bibliothèques achetées chez ce Suédois adepte de la conduite Big Brother envers ses employés.
Une fois la bibliothèque montée et placée, j’ouvre le premier carton de disques afin de placer à bonne hauteur les étagères.
Et sur quel vinyle tombé-je d'abord ?
Sur le coffret de l’enregistrement de Tristan et Isolde.
Et pas n’importe quel enregistrement.
Celui que je traîne depuis mes seize ans, celui dirigé par Wilhelm Furtwängler en 1950, un chef qui savait lui, ce qu’est être amoureux –on ne peut en dire autant de Solti ou de von Karajan-  et dans lequel le rôle d’Isolde était tenu par Kirsten Flagstad.
Il y a des jours comme ça, qui vous feraient arrêter tout de suite ce que vous faites pour vous plonger dans un passé plein de rencontres.
J‘eus la chance en effet, un peu après dix-sept ans, de croiser la route de quelqu’un qui avait fait « Allemand première langue » et aimait cet opéra.
Quelqu’un connaissant si bien le texte et les arcanes de cette histoire que je ne peux m’empêcher d’y repenser à chaque fois que je vois l’image ou entends la voix de Kirsten Flagstad.
Je l'entends encore mourir au troisième acte.
Et j'en ai encore des frissons dans le cou.
Et une pomme de terre de deux kilos dans la gorge... 
Vous comprenez bien, lectrices chéries, que je ne peux vous raconter ici toutes les rencontres que je fis parmi la population lycéenne du 9ème arrondissement de Paris.
Je vous en ai touché deux mots il y a quelque temps, vous parlant de ces gens du lycée, issus de familles bourgeoises qui concoururent activement à mon éducation dans tous les domaines.
Mais non, pasque ça. Pfff…
Et voilà que,  quarante-sept ans plus tard, un coffret de vinyle me ramène à l’âge lycéen…
Franchement, la mémoire est une engeance plutôt féroce et terriblement fidèle.
La musique étant, à l'instar du péché d'Onan, un plaisir solitaire, j
e réécouterais cet opéra un jour où Heure-Bleue sera partie visiter une galerie qui ne me branche pas.
La prochaine fois, si je croise le DVD idoine, je vous raconterai l’histoire du film « Le secret de l’élève Nuylas » qu’on me fit découvrir au ciné-club du lycée…

 

Commentaires

Tu prends le risque de te retrouver face à Dulcinée bis ou ter.

Écrit par : mab | vendredi, 07 juin 2013

c'est incroyable, la mémoire que tu as !! je n'en reviens pas qu'on puisse se souvenir de faits passées il y a presque un demi siècle ! non je me dois d'être plus précise, de faits passés pendant la grande adolescence, parce que je me rends compte que j'ai occulté cette période de ma vie en fait

Écrit par : maevina | vendredi, 07 juin 2013

Je vais aller voir si je peux écouter cet opéra qui te rend si chose.

Écrit par : Berthoise | vendredi, 07 juin 2013

tu as donc un tourne-disque !!

Écrit par : liliplume | vendredi, 07 juin 2013

incorrigible sentimental , Le Goût !
J'avais une énorme quantité de vinyles je les ai un jour donnés à une de mes belles-soeurs qui en avait envie! Peu de temps après j'ai su qu'elle les avait vendus !

Écrit par : emiliacelina | vendredi, 07 juin 2013

Un des très grands enregistrements de Tristan en effet, je l'ai encore, dans un petit millier de disques noirs, sans moyen de les jouer .

J'ai la version de Böhm en CD, ce n'est pas tout à fait la meilleure, mais c'est avec ce disque que j'avais découvert l'oeuvre.

Écrit par : Xiao Bob | jeudi, 20 juin 2013

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