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mercredi, 21 août 2013

Des hauts et des bas nylon...

Ma mère avait certes un goût de ch…, ce que j’avais constaté à mes dépens avec cette histoire de veste au lamé turquoise, mais aussi une ouïe de chat, un nez de chien et un œil d’aigle.
Ce qui lui permettait de détecter la moindre bêtise commise par sa progéniture.
Cette ouïe de chat avec valu à ma sœur cadette, dite « Souricette », une taloche d’importance.
Un jeudi que ma mère avait décidé de ramasser le souk que nous avions mis dans la chambre et s’y était attelée à grand renfort de récriminations voire de cris, dans « la grande pièce » où nous étions assis côte à côte sur le divan, ma sœur m’avait chuchoté à l’oreille « Tiens ! Voilà la mère S. qui se déchaîne ».
Et que vîmes-nous dans l’instant ? Une tempête arriver de la chambre, coller une taloche à « Souricette » en criant « Je vais te montrer, moi, si je me déchaîne ! ».
Elle appuya sa remarque d’une claque sur les fesses de la coupable.
Ce n’est pas de cela que je voulais vous parler, lectrices chéries, mais de cette affaire de bas.
Cette histoire de bas tua dans l’œuf la première tentative d’évolution de ma grande sœur dans le monde des adultes et élimina dans l’instant le fruit de mois d’économies entièrement réalisées à l’huile de genou de frère et sœur. Il lui fallu des mois pour réitérer l'expérience. Elle avait fait des progrès en dissimulation. Et nous aussi.
Grande sœur avait eu quinze ans cette année là, elle « causait » de temps à autre avec un garçon du nom de G.
Il n’était question de rien. Sauf qu’un jour elle escroqua de mon père l’autorisation d’aller voir  « Sissi Impératrice » qui était en exclusivité pile poil pendant les grandes vacances.
Nous on irait voir rien…
« Souricette » et moi avons assisté aux préparatifs de grande sœur.
Avec une check-list de pilote de ligne.
Coiffure des cheveux châtain clair : OK
Ballerines cirées : OK
Socquettes blanches : OK
Kilt impeccable : OK
Corsage blanc impeccablement repassé : OK
Petit gilet bleu marine sans fil tiré ni bouton manquant : OK
Petit sac à main : OK
Ne restait qu’à attendre l’heure de partir. Avec tromperie sur le temps de voyage à pied, cette fois-ci elle prendrait le métro.
« Souricette » et moi admirions grande sœur si belle pendant qu’elle attendait un moment où ma mère irait dans la cuisine.
Le moment arriva. Grande sœur nous fit signe que « chuuuttt… », se précipita sur son cartable, en tira un emballage mince qu’elle plia et mit rapidement dans son sac à main.
Elle dit « au revoir !!! » d’un ton super guilleret et partit.
Elle aurait dû revenir à l’heure où ma mère faisait les commissions mais les séparations prennent souvent plus de temps qu’escompté vers ces âges là…
Ce quart d’heure de retard fut funeste.
Elle rentra à la maison, alla rapidement dans « la grande pièce » et hélas y trouva ma mère.
Le nez de chien frappa d’abord. « Tu t’es mis de mon cadeau ! » dit ma mère, allusion à l’eau de toilette reçue à Noël et qui finirait éventée des années plus tard.
Puis ce fut l’œil d’aigle qui vit se concrétiser les pires craintes de ma mère et de grande sœur.
« Mais… Mais… Mais tu as des bas !!! » cria ma mère et son réflexe premier fut de   coller une tarte à grande sœur.
« Du parfum et des bas ! Tu tournes mal ma fille ! » hurla-telle de plus belle, n’oubliant pas d’ajouter « Tu vas finir comme ces filles de la Porte de Clignancourt ! Des filles à soldats ! Attends que je le dise à ton père ! ».
Mon père ne la tua pas. Il tenta seulement de calmer ma mère.
Ce qui lui retomba sur le nez…

Commentaires

ça ne rigolait pas à l'époque... j'ai connu ça

Écrit par : liliplume | mercredi, 21 août 2013

pas facile la "Daronne" qu'il disent dans le 9/3 MDR...c'est sur que des bas avec le porte jarretelles, c'était plus sexy...surtout à 15 ans...par contre avec deux minutes de retard supplémentaire elle aurait pu remettre les soquettes blanches...mais bon, faut dire que les bas c'était tellement fragile...ton père à très bien réagi je trouve, c'est toujours mieux les pères avec les filles! kiss

Écrit par : mialjo | mercredi, 21 août 2013

Mes premiers bas nylon m'ont été offerts par un oncle qui magouillait + ou - avec les GI's. Il disait les avoir payé 800 francs (les anciens : ceux de 1950). C'est possible, car je commençais à travailler pour un salaire mensuel de 11.900 francs (au ras des pâquerettes, sans doute l'équivalent du SMIC)
Ils étaient assez épais et beaucoup moins fragiles que les bas "cristal" à couture noire qui sont apparus plus tard.
En quelle année la Mère S. s'est-elle fait escroquer par ta grande soeur ?
Gwen

Écrit par : Gwen | mercredi, 21 août 2013

moi, c'est le rouge à lèvres que j'avais mis une fois rendue au coin de la rue, mais comme c'était à l'époque du "rouge baiser" impossible de l'enlever au retour!
Elle rigolait pas ta mère!!!

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 21 août 2013

C'est drôle, j'ai lu toute cette scène avec des images en noir et blanc... L'époque sans doute ! Comme si on y était. Une rude femme que ta mère !

Écrit par : lakevio | jeudi, 22 août 2013

Ma mère était du même genre.... et mes sœurs devaient marcher droit....

Bonne journée. Amicalement

Écrit par : patriarch | jeudi, 22 août 2013

On ne dira jamais combien "Sissi impératrice" a fait de mal sur l'âme des petite filles de ma génération. Dès 16 ans elles ont toutes cherché le prince-charmant-à-l'air-gland comme François-Joseph. Heureusement j'étais là, l'air gland en moins. Elles se jetaient sur moi dès que je sortais dans la rue. Toutes mes vestes étaient sans bouton. Finalement parmi le troupeau j'en ai sélectionné une, mais les autres ne m'ont jamais lâché prise. A présent leurs filles me courent toujours après...

Écrit par : Jeanmi | jeudi, 22 août 2013

hé ben !! ça rigolait pas!! mes parents étaient naturistes, campeurs, randonneurs alors les bas, je n'ai pas connu !!! ça m'a évité des claques !!

Écrit par : maevina | jeudi, 22 août 2013

Et Porte de Clignancourt, ça a marché pour elle ?

Écrit par : MG | jeudi, 22 août 2013

Mon père me disait : " tu as encore mis du noir aux yeux ! " et je lui répondais : " c'est pas du noir , c'est du bleu ! " Après , il avait l'habitude et ne disait plus rien , par contre , l'heure des repas était importante!

Écrit par : Brigitte | jeudi, 22 août 2013

Mais quelle corvée les bas, le plus tard possible pour moi.

Écrit par : mab | samedi, 24 août 2013

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