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vendredi, 08 novembre 2013

Miserere mei..

Oui, je viens encore chercher du réconfort auprès de vous, lectrices chéries.
Excepté Heure-Bleue, que j'ai saoulée il y a bien longtemps avec cette histoire, et qui donc a vu sa sensibilité aux mallheurs de la lumière de ses jours, moi, s'émousser sévèrement, il ne me reste guère qu'à taper dans des stocks de commisération que je suppute abondants chez vous, lectrices adorées, pour déverser la longue litanie de misères qui pourraient avantageusement remplacer le chapitre parfaitement inintéressant qui cause de ce Jérémie dans un bouquin resté célèbre... 
Assez causé de ce Jérémie et revenons à mon affaire. 
Je me demandai aussitôt ce que j’avais bien pu faire encore qui contrevienne aux usages de l’école. Je craignis d’avoir gagné « une heure sans » et priai très fort le dieu des écoliers de n’avoir pas gagné par inadvertance « une heure avec ».
Mais non. Le Frère me demanda :
- Vous chantez juste. Où avez-vous appris à chanter ? 
Que voulez-vous que je réponde à ça ? Au début des dernières grandes vacances je sortais de l’école maternelle !
- Ben en écoutant la radio…
- En écoutant la radio, mon Père ! Pas « ben, en écoutant la radio » et on ne parle pas avec cet accent traînant de voyou ! Me gourmanda-t-il.
- En écoutant la radio, mon Père.
- Eh bien désormais, vous viendrez avec moi le jeudi après-midi au cours de chant qui a lieu dans la chapelle après la promenade.
Je venais d’être « désigné volontaire ».
La première leçon aurait lieu aujourd’hui même, cet après-midi, il n’y aurait pas de promenade pour cause de pluie. Nous irions à « la salle des fêtes » voir la première des très nombreuses projections et re-projections du documentaire qui raconte la construction du barrage de Génissiat.
Après le « film » nous sommes tous sortis avec soulagement de la salle. Les Frères surtout, eux devaient connaître le documentaire par cœur… Assez étonnamment, j’avais été prodigieusement intéressé par la construction des énormes machines qui produiraient l’électricité, entraînées par les torrents d’eau qui empruntaient les monstrueuses canalisations qui traversaient le barrage. Allez donc savoir ce qui peut passionner un gamin enfermé un jeudi...
Le Frère battit le rappel des élèves qui devaient suivre le cours de chant. J’étais prêt à faire comme si ma leçon ne devait commencer que le jeudi suivant et me dirigeais vers la cours de récréation quand j’entendis dans mon dos « Monsieur S. ! Dites-moi que vous n’avez pas oublié votre cours de chant ! » Je rebroussai aussitôt chemin avant d’être rattrapé par ces petits cheveux si sensibles qui poussent sur les tempes et qui vous donnaient l’impression que la pesanteur n’existait pas tant vous vous envoliez avec les doigts qui les tiraient. Je suivis donc les autres jusqu’à la chapelle.
Contre toute attente, le cours fut intéressant, on commença par m’apprendre la gamme et on vérifia que je chantais juste.
Des heures de « do-mi-sol-do-sol-mi-do »... « Ascendant ! », « Descendant ! »
Tous les jeudis désormais, je suivrais le Frère jusqu’à la chapelle et apprendrais à chanter selon le rite en vigueur.
Du début du troisième trimestre de cette année-là à la fin de mon séjour chez ces fous,  je serai le soliste des messes. Celui qui servirait de récitant à la voix de « soprano 2 » au « miserere », celui qui chanterait « Agnus dei qui tolis peccata mundi » et attendrait que tout le monde ait fini d’ânonner « Misere nobis »…
Toutes les messe du jeudi.
Du dimanche aussi si j’étais collé.
Je me demande si je n’ai pas parfois été collé juste pour servir de soliste...
Parce que les autres collés de ces dimanches ne savaient pas chanter ?
Allez donc savoir ce qui peut germer dans l'esprit de ces tortionnaires...

Commentaires

Le chouchou par conséquent, heu pas trop j'espère...

Écrit par : mab | vendredi, 08 novembre 2013

Trop bien vos récits ! Je replonge avec grand plaisir dans les souvenirs de mon papa décédé récemment. MERCI.

Écrit par : bibique | vendredi, 08 novembre 2013

Au moins un point positif : le chant ! (pas les colles bien sûr, ni les torgnoles ni les tifs !

Écrit par : lakevio | vendredi, 08 novembre 2013

tu aurais du faire semblant de chanter faux !

Écrit par : maevina | vendredi, 08 novembre 2013

Et maintenant toutes tes lectrices chéries fantasment sur ta douce voix et s'emplissent de sentiments maternels pour toi...
Dis-nous, le Goût, tu n'as pas mué au moins ???!!!

Écrit par : MG | vendredi, 08 novembre 2013

Mg mais si, il a dû muer plus tard...comme les autres, mais il a toujours une belle voix grave un peu à la Jean Pierre Marielle....si si je vous promets...je crois qu'à ta place j'aurais fait des fugues, et pas celles de Bach...pire que l'armé...tu ne t'ais jamais plaint? kiss

Écrit par : mialjo | vendredi, 08 novembre 2013

finalement, celà ne te déplaisais pas trop de chanter ! Si tu as une jolie voix, automatiquement tu dois aimer chanter! Tu n'as jamais fait la sérénade à HB ?
Chaque fois que je lis tes avenntures dans cette galère, je me redis ton âge : 6ans! Et ça me choque !
C'est à la vue de ce film que ton avenir professionnel s'est décidé ?

Écrit par : emiliacelina | vendredi, 08 novembre 2013

Les commentaires sont fermés.