lundi, 09 décembre 2013
Les maux et la langue.
Je relisais hier en début d’après-midi la note dont, lectrices chéries, je vous avais gratifiées.
Ce n’étais pas l’admiration pour mon talent épistolaire qui m’y avait poussé mais la soif de savoir ce que vous en aviez dit.
Tout en même temps, j’écoutais à la radio une de ces émissions dont le dimanche est riche. Ces émissions qui semblent avoir été concoctées tout spécialement pour prolonger les grasses-matinées à coups d’endormissement en sursaut de l’auditeur.
Probablement aussi pour permettre aux pigistes de survivre en ne se rendant aux Restos du Cœur que deux fois par semaine.
Pourquoi cette remarque mesquine sur le talent des pigistes ?
Eh bien parce qu’une écoute un peu attentive pendant la préparation du déjeuner a amené une question à la lisière de la conscience de votre Goût préféré.
Les pigistes sont-ils, ou elles, payés au mot ? Voire au signe.
Et pourquoi cette question existentielle ?
Parce que, depuis un long moment maintenant, je remarque que les expressions telles « les territoires de la ruralité » ou « les passeurs de lien » semblent pousser comme de l’ivraie dans le discours déjà pauvre en froment des « speakers », occupés que sont ces derniers à remplir le temps d’antenne en évitant les sujets qui risquent d’amener l’auditeur à se demander pourquoi il ne s’est pas encore précipité pour acheter une fourche et courir à l’Elysée. Ouf !.
Une écoute un peu attentive me renseigne, la mode est à remplacer « campagne » par « territoire de la ruralité » et « instituteur » par « passeur de lien » ou « professeur des écoles ».
En procédant de la sorte, non seulement vous arriverez facilement à rendre trois pages au lieu d’une mais ça risque, si l’auditeur est assez nunuche, de vous donner l’auréole d’intello dont vous avez bien besoin pour rassurer la lumière de vos jours et assurer la prochaine commande de la station qui sera ravie d’avoir réussi grâce à vous à tartiner pendant cinq minutes au lieu de deux…
Eh oui, lectrices chéries, vous ne vous en rendez peut-être pas compte mais si, au lieu de dire :
Dans les campagnes, les instituteurs sont plus enclins à pousser les élèves sur le chemin de l’usine qu’à les pousser à étudier car le modèle n’est plus la réduction des inégalités mais à l’augmentation de la richesse de quelques-uns.
Vous dites :
Dans les territoires de la ruralité, les professeurs des écoles ont fait le choix de modérer le flux d’apprenants vers les études de second cycle et les ont orientés vers des unités de production car le paradigme économique à changé qui montre un déséquilibre croissant entre le capital et le travail, au détriment de ce dernier favorisant ainsi la croissance du patrimoine existant plutôt que la création de patrimoine sur une assiette plus large.
Eh bien, si vous faites ça, vous aurez noyé la moitié des auditeurs, l’autre moitié aura ricané ou haussé les épaules en levant les yeux au ciel, mais vous aurez rempli votre contrat : Tartiner beaucoup en disant peu.
Ça ravit l’intello à pas cher qui vous signe le « bon à payer » en bas de votre facture.
Ce « bon à payer » étant quand même l’essentiel…
08:48 | Commentaires (6)
Commentaires
tout cela me hérisse, parler ou écrire en noyant le poisson c'est malhonnête!
Écrit par : mab | lundi, 09 décembre 2013
bel effet de style !! arrivée à la deuxième ligne du second texte, je ne savais même plus de quoi tu parlais, ton contrat est accompli !!
Écrit par : maevina | lundi, 09 décembre 2013
Pourquoi faire court quand on peut faire compliquer, hein !
Avec la politique, idem, ils ont une de ces façons de nous embrumer l'esprit pour essayer de nous faire croire que tout ne va pas si mal que ça, que le capitaine tient bien la barre, pendant que le bateau est en train de prendre l'eau de toutes parts.
Écrit par : juliette | lundi, 09 décembre 2013
Mes dernières réunions pédagogiques avec des inspecteurs, ça donnait exactement ça...D'où d'irrepressibles baillements...Quoi tu dis ?
Écrit par : MG | lundi, 09 décembre 2013
sans avoir ton érudition, très souvent et plus simplement peut-être je me suis fait la même réflexion! Beaucoup de bla bla bla !pour dire trois fois rien!
Écrit par : emiliacelina | lundi, 09 décembre 2013
ça c'est la nouveauté des écoles de journalisme sans doute (de gauche bien sûr) c'est pour ça que je n'écoute pas n'importe quelle radio, il me faut absolument mon niveau primaire...lol...des qui parlent comme moi! Y en a encore heureusement, mais peu, à France Inter...d'ailleurs ils ont beau avoir eu 100 ans ils se sont dégradés et fait dépasser au fil des années...mais le pire c'est quand tu écoutes BFM TV en boucle...alors là eu ils détiennent la palme de l'invention des mots...et du journal le moin passionnant de toute les chaînes info... car eux dans le " je ne parle pas de ça car ça va déclencher les foudres, il savent bien faire! en fait le mieux c'est les journaux.. et encore...Bientot tu n'auras plus grand chose à lire...Libé est dans la mouise...depuis qu'ils ont mis à la tête ce benêt arrogant de Demorant...l'huma...presque morte, sauf qu'on va payer pour la sauver ...Marianne, en chute libre...ça va mal pour la gauche...pinaise...
Dis donc je viens de voir que je ne suis même pas dans tes lien et chez HB non plus...alors que tu m'avais fait un patacaisse parce que j'avais oublié de te remettre une fois..da,s les miens! warff warff...
Écrit par : mialjo | mardi, 10 décembre 2013
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