mercredi, 19 novembre 2014
Ah… Faire un tour dans la gironde…
Nous descendions donc la rue de Steinkerque qui n’était pas dans la débine où elle est aujourd’hui.
Tandis que j’avais remis à une journée plus faste l’idée de me faire câliner par quelqu’un d’inconnu, Bernard qui scrutait avec attention me donna un coup de coude.
Mon désenchantement s’évanouit d’un coup.
Sur le trottoir en face, deux jeunes filles descendaient elles aussi vers le boulevard.
Chaussées de ballerines, elles avançaient d’un pas souple et le balancement de leur minijupe nous remontait le moral et surtout nous faisait nous perdre en supputations sur la meilleure façon de les aborder.
J’ai freiné un instant l’enthousiasme de mon pote.
- Du calme ! On ne sait pas à quoi elles ressemblent ! Si ça se trouve elles ont plein de boutons et des dents en bois…
- Si elles sont bien, moi c’est la blonde, elle est pas comme l’autre, au moins « il y a de quoi ».
Je voyais bien ce qu’il voulait dire. Il aimait les filles plutôt en chair, contrairement à moi qui ai toujours eu du goût pour les ablettes. Celles dont il me disait « mais qu’est-ce que tu veux faire avec ça ? Y rien à bouffer sur un piaf comme ça ! »
- Allez, on y va !
Il a acquiescé et nous avons allongé le pas de façon à voir leur visage.
C’est ça la flemme. Ne pas se précipiter dans une séance genre parade nuptiale et se trouver tout bête devant quelqu’un que tu ne connais pas et que tu n’as surtout pas envie de connaître.
Nous les avons dépassées, elles étaient en pleine conversation et ne prêtaient pas attention aux deux types qui allongeaient le pas sur l’autre trottoir.
Nous avons regardé avec attention les deux filles. La blonde me semblait quelconque mais avait l’air de satisfaire Bernard.
L’autre, celle qu’il appelait « la maigrelette » était une fille aux cheveux châtains que je trouvai ma foi fort mignonne.
Mon copain dit alors :
- Non seulement elle est épaisse comme un casse-dalle de chômeur mais en plus elle est salement pâlichonne…
- Mais non, c’est juste qu’elle a la peau claire.
Je n’ai pas dit qu’elle me plaisait drôlement, celle-là.
Il ajouta :
- Tu vas voir qu’en plus elle est malade.
Puis, après quelques pas :
- La blonde elle est bien, quand même… Allez, vas-y, après tout, le baratineur c’est toi !
Je n’avais aucune idée de ce que j’allais bien pouvoir dire mais il y a des moments où il faut se lancer. J’allais d’abord essayer de « vendre » mon pote, on verrait bien…
J’ai traversé, me suis placé devant la paire de filles et ai dit gentiment :
- dites moi, j’essaie le « on ne s’est pas déjà rencontré ? » ou « Vous habitez chez vos parents » ou je tente autre chose ?
Un silence profond avec un je ne sais quoi de vexant suivit…
- Si je vous dis « vous voulez boire quelque chose de rafraîchissant avec mon copain ? » vous voudrez bien ?
« Boulotte » semblait trouver la proposition intéressante mais « maigrelette » ne disait toujours rien.
- Vous voulez bien nous épouser après-demain ou vous vous allez vous demander où on veut en venir ?
« Pourquoi après demain ? » a demandé « boulotte »
« On voit très bien où vous voulez en venir… » a dit « maigrelette ».
Voyant que les filles avaient commencé à parler, Bernard s’est donné la peine de traverser.
Il s’est précipité sur « boulote » en tendant la main « Bonjour, moi c’est Bernard ! »
Elle lui a souri.
Le coup de coude de « maigrelette » n’arriva pas assez vite pour empêcher « boulotte » de répondre « Nicole. »
Je suis passé à la droite de maigrelette –eh oui, toujours cet œil…- en lui disant « je m’appelle Patrice et vous ? »
Elle a eu un petit sourire un peu pincé et a fini par lâcher « Françoise »
Bernard, disert maintenant que le plus dur était fait, a demandé :
- On va le prendre, ce rafraîchissement ?
Nous avons continué jusqu’au café au coin de la rue de Dunkerque et de la place d’Anvers.
Les négociations avec « maigrelette » s’annonçaient ardues…
09:29 | Commentaires (11)
Commentaires
Et ?
Pfiouuuu quel suspens !
Écrit par : Praline | mercredi, 19 novembre 2014
Fais gaffe qu'elles ne te retrouvent pas d'ici quelques jours au hasard d'un clic.
Écrit par : mab | mercredi, 19 novembre 2014
Tu sais faire durer le plaisir cher Goût !!
Écrit par : Ysa | mercredi, 19 novembre 2014
Attention, je dirai comme Mab, tu te prépares peut-être à quelques... reconnaissances. Mais j'ai tellement de plaisir à retrouver ce temps-là !
Écrit par : lakevio | mercredi, 19 novembre 2014
Mais quel dragueur ! Je comprends que ton copain t'envoie en éclaireur, comment les filles auraient-elles pu résister à un tel baratin! Moi, ça m'aurait fait rire et , bien sûr, "fille qui rit........
Écrit par : emiliacelina | mercredi, 19 novembre 2014
et comme d'hab, on devra attendre quelques billets pour connaitre la fin de l'histoire...
et Heure bleue... elle tient le coup? ;-))
Écrit par : Coumarine | mercredi, 19 novembre 2014
Je crois que j'aurais cédé à ton baratin ! Mais suis du genre méfiante , un peu comme maigrelette !
Écrit par : Brigitte | mercredi, 19 novembre 2014
Des négociations ardues, c'est un effort certes, mais de ceux que tu dois aimer, non ?
Écrit par : livfourmi | mercredi, 19 novembre 2014
plutôt sympathique ce plan-drague !
Écrit par : liliplume | mercredi, 19 novembre 2014
Ah, ah, ah, maigrelette plate comme une ablette ou comme un sandwich de chômeur. Trop bonne.
J'appelais mon mari "l'ablette". Il aurait bien été avec ta maigrelette.
Maintenant qu'il a pris 10kg, faisant un bon 60 maintenant, je t'avouerai que je préférerais presque retrouver "mon haricot vert" comme je l'appelais aussi.
J'attends la suite avec impatience, voir ce que ça a donné entre vous 2, quoique, on sait que ça n'est pas allé jusqu'au mariage.
Mon mari avait aussi ce genre d'approche, on peut dire que ces hommes-là, les baratineurs à visage d'ange sont les plus dangereux.
Je me rappelle la 1ere fois l'approche de mon mari.... s'approchant de moi dans un bal
Savaient parler à l'époque les mecs.
- vous voulez danser mademoiselle ?
- non.
Voyant cela, a dit
- tant pis....et s'est éloigné...le chameau, moi qui attendais un peu plus d'insistance.
Fort surprise, ébahie de voir qu'un mec n'insistait pas :
- hep, hep, finalement, pourquoi pas.
Et, c'est comme ça que tout a commencé....60 ans après, je le fais encore marcher, courir.;
Écrit par : juliette | jeudi, 20 novembre 2014
Que dis-je ! on voit bien qu'il est tard, très tard...
60 ans, cela voudrait dire que j'allais au bal à 4 pattes, comme merveille number 2...M'étonnerait que ma mère m'eusse emmenée draguer des mecs à tétine. Zut, vais me coucher, ne sais plus accorder les verbes..
Écrit par : juliette | jeudi, 20 novembre 2014
Les commentaires sont fermés.