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mercredi, 26 novembre 2014

Quand je n'avais pas dame...

Nous avons traîné lentement en remontant la rue vers le théâtre de l’Odéon et quand j’ai voulu traverser la rue de Vaugirard, elle m’a retenu par le bras.
Elle s’est mise à me tutoyer.
En vrai de vrai à me râler dessus parce que j’allais traverser sans regarder et en dehors des clous.
Elle ne parlait pas mieux que moi, je l’ai remarqué à son :
- Toi, tu ne vivras pas vieux si tu fais ça souvent !
Je faisais ça souvent. Quasiment toujours.
Elle m’a traîné jusqu’au passage clouté, pile devant l’entrée du jardin.
Nous avons commencé à parcourir les allées poussiéreuses.
Alors qu’elle me confiait qu’elle s’était fait plaquer par son petit camarade du moment pile à la fin des dernières UV, elle ralentit le pas et chercha du regard un banc où s’asseoir.
J’avais l’impression que tous les promeneurs du jardin étaient agglutinés autour du bassin plein de bateaux et de gamins.
Nous avons rebroussé chemin jusqu’à l’endroit où la fontaine Médicis est planquée dans son bouquet d’arbres. L’allée était calme et ombragée. Elle y chercha un banc et en repéra un à l’ombre.
Assez bon dans mon rôle d’oreille muette, je l’ai écoutée. Un moment plus tard elle a soupiré.
Compte tenu de ce qu’elle venait de me raconter, je me suis dit que c’était râpé. Puis, comme à ces âges on a l’optimisme chevillé au corps, je lui ai demandé, plein d’espoir, d’un ton « faux-cul compatissant » :
- Tu as encore mal ?
- Oh, de toute façon on n’allait pas se marier mais c’est vexant… D’habitude, ce sont les filles qui plaquent.
J’attendais la suite.
- Et puis il était mignon.
Aïe ! Si on ne pouvait pas dire quelque chose de moi, c’est bien que j’étais « mignon »…
J’ai grommelé un « hahemm » un peu inquiet.
Elle m’a regardé :
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien…
Elle a ri.
- Toi aussi t’es mignon.
J’en ai déduit qu’elle ne voyait pas bien clair mais je n’ai pas profité de l’occasion pour tenter d’avancer mes pions. J’avais souvent remarqué
que c’est en tentant d’avancer les pions trop vite qu’ils se cassent la gueule.
Je ne connaissais rien, –et je n’en sais pas plus- des filles, mais suffisamment pour savoir que l’autorisation ne pouvait être qu’implicite.
En plus, ces hyènes étaient, du moins à l’époque, plutôt pointilleuses sur le sujet de l'autorisation.
Aujourd’hui les choses semblent plus simples mais je ne suis pas sûr, quoiqu’ils connaissent l’aspect anatomique de la chose sur le bout du doigt (!), que les mômes d’aujourd’hui soient aussi affutés que nous l’étions en matière d’interprétation de regard, de soupir, de ton ou de geste…

Commentaires

C'est quand même mignon comme récit, j'ai pas mal souri :)
Aujourd'hui les choses semblent plus simples... semblent, mais je ne suis pas sûre qu'elles le soient, et l'attention à l'autre n'est pas toujours présente, hélas. Bon allez, il y a encore de bons jeunes !

Écrit par : Praline | mercredi, 26 novembre 2014

S'ils étaient plus affûtés, ça se saurait, non?

Écrit par : livfourmi | mercredi, 26 novembre 2014

Les choses avancent on dirait.

Écrit par : mab | mercredi, 26 novembre 2014

elle te l'a dit, il suffisait de la croire:
toi aussi t'es mignon!

(j'aime "l'oreille muette" ;-))

Écrit par : Coumarine | mercredi, 26 novembre 2014

Hum.... elle est en train de ferrer le poisson, c'est mignon !!

Écrit par : Ysa | mercredi, 26 novembre 2014

Mr le goût, je me permets une remarque
- pas bien de traverser en dehors des clous. J'espère que tu ne donnes pas cet exemple à tes merveilles.

Écrit par : juliette | mercredi, 26 novembre 2014

ce n'était pas facile à l'époque...

Écrit par : liliplume | mercredi, 26 novembre 2014

Tu as raison , il fallait , il faut avancer les pions mais avec tactique , les filles c'est un pas en avant , deux pas en arrière , le tempo doit être respecté sinon , c'est mort !

Écrit par : Brigitte | mercredi, 26 novembre 2014

" Mignon"... je me marre.

Écrit par : Berthoise | mercredi, 26 novembre 2014

c'est vrai !! C'était presque pareil, sauf que c'était beaucoup plus long............ le chemin avant l'arrivée!

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 26 novembre 2014

Si je te dis "T'as de beaux restes, tu sais ?", tu ne me balances pas une taloche quand on se revoit ?... Mignon et futé, tu l'étais, mais c'est bien sûr !

Écrit par : lakevio | mercredi, 26 novembre 2014

Les commentaires sont fermés.