samedi, 13 juin 2015
Le vaillant petit ailleurs…
Il y a longtemps, j’avais assisté à ce qui aurait pu tourner à un lynchage au Marché Malik.
C’est un de ces nombreux petits marchés qu’on trouve aux Puces de Saint Ouen.
A l’époque, on n’y trouvait pas que des antiquités plus ou moins antiques ni toutes ces boutiques de fripe chargées d’écouler les surplus du « Sentier Chinois » d’Aubervilliers.
Le Marché Malik, comme celui qui s’étalait le long de la rue Jules Vallès, était une espèce de large couloir plein de stands en enfilade et de boutiques plutôt dédiées à la vente de surplus de l’armée américaine, uniformes compris, d’appareils hors service et de pièces détachées récupérées sur des engins aussi bizarres que les « magnétophones à fil ».
Surtout des tas de pièces détachées super intéressantes pour moi déjà à l’affût de la prochaine expérience.
C’était plein d’instruments en ruine, retirés de tableaux de bord d’avion, de vieux talkies-walkies, des tubes cathodiques à faisceau vert, des tubes cathodiques de radar, de petits moteurs électriques et même de galvanomètres dont certains avaient encore l'aiguille droite, tout ça...
Bref, des merveilles pour gamin curieux et j’y trouvais pour quelques francs des tas de ces bidouilles qui ont forgé ma vocation de bidouilleur d’ingénieur et redonné un coup de fraîcheur à un « langage Porte de Clignancourt » quelque peu rouillé par des années de pension et le début de ma période lycéenne.
Couche de rouille soigneusement épaissie par la surveillance féroce de ma mère…
Mais bon, je n’ai jamais eu « l’accent Porte de Clignancourt ».
Non que je ne sache le prendre mais je n’osais pas, ça m’aurait trop chauffé les fesses…
Vous vous demandez bien, lectrices chéries, ce qui vous vaut ce rappel des mœurs du coin dit « des interdits de séjour », ce qu’était Saint Ouen jusqu’à la fin des années 60.
C’est une polémique récente qui m’a rappelé cet incident.
Un samedi matin, donc, je m’apprêtais à rentrer dans le Marché Malik.
La première boutique, celle de droite à l'entrée, au coin de la rue Fabre et de l’allée du marché, était ce jour là assiégée par un attroupement d’une dizaine de gueulards dans lequel se distinguaient quelques képis.
Des cris s’échappaient de temps à autre et il semblait fortement question d’écarteler un malfrat quelconque.
Je me suis approché et, servi par une taille relativement grande pour l’époque et une oreille jeune et fine, j’ai assisté à un spectacle comique gratuit.
Quand je pense qu’aujourd’hui j’ai l’impression d’errer, quasiment nain, parmi une foule de basketteurs…
Un type donc, s’était fait serrer, la main dans la caisse d’un stand que le proprio avait imprudemment abandonné pour aller chercher un caoua.
Les tenanciers voisins s’étaient précipités, prêts à étriper l’indélicat tire-laine qui ne dût sa survie qu’à l’arrivée d’hirondelles alertées par les cris des partisans de l’accrochage immédiat par le cou à un store ou un réverbère.
Un des flics demanda quelques explications au lascar qui se lança dans un roman vaseux, quelque chose comme « J’ai vu la caisse abandonnée, j’ai aussitôt pensé que quelqu’un risquait de la voler, alors j’ai posé la main dessus pour lui garder sa caisse, m’sieur l’agent .»
En voyant le regard plein de doute du pandore, le type crut bon d’ajouter, ce qui faillit lui coûter la vie « C’est vrai, m’sieur l’agent, j’vous jure qu’c’est vrai… »
Du coup, l’explication avancée n’ayant pas convaincu, les chaussettes à clous l’ont embarqué…
Ça m’est revenu quand j’ai entendu l’excuse du Premier Ministre à propos d’un hold-up sur mes bons sous de contribuable pour aller voir un match de foot à huit cents bornes de chez lui.
Il m’est venu à l'esprit que ce tireur du Marché Malik aurait dû plaider, comme notre Premier Ministre « une erreur de communication »...
Vous ne croyez pas, lectrices chéries ?
06:45 | Commentaires (7)
Commentaires
J'en pense que toute cette histoire montre qu'il n'a rien compris du raz le bol ambiant, ni de notre quotidien. Ça ne me fait même plus rire.
Écrit par : Berthoise | samedi, 13 juin 2015
Une de mes exaspérations : la main sur le cœur et les yeux dans les yeux, tout à fait convaincant dans son "à l'insu de mon plein gré". La main dans nos poches, oui !
Écrit par : lakevio | samedi, 13 juin 2015
Ils nous prennent pour des cons et ils ont raison....
Écrit par : pennylane22 | samedi, 13 juin 2015
Loin des réalités des gens , hélas !
Écrit par : Brigitte | samedi, 13 juin 2015
Je ne savais pas que tu savais quelques phrases de créole , va falloir que je m'y mette ! Pour l'instant , j’assimile l'anglais .
Écrit par : Brigitte | samedi, 13 juin 2015
erreurs de communication !!!! c'est çà !!!! faut le comprendre quand même !!!! qu'est-ce qu'on peut être mesquin parfois !
Écrit par : emiliacelina | samedi, 13 juin 2015
Qu'ils soient de droite ou de gauche (mais ces derniers ne devraient-ils pas laver plus blanc ?) nos politiques vivent sur le dos de la bête (nous) et trouvent ça normal... Je me souviens aussi d'un "Florentin" qui était parti en Amérique du Sud avec des "invités" dont au moins l'une avait dû être rapatriée d'urgence, et un autre parti aux JO de Pékin avec (entre autres) son jeune fils...
De quoi vomir... et aller voter blanc !
Gwen
Écrit par : Gwen | lundi, 15 juin 2015
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