dimanche, 27 décembre 2015
Quand les vieux convolent…
Hier soir, Heure-Bleue et moi papotions au lit.
Oui, lectrices chéries, on papote partout.
Même au lit.
- Minou, je crois qu’on vire « vieux cons »…
- Ben tu sais, je suis comme toi, je préfèrerais qu’on vire « jeunes cons »…
- Oui mais non, c’est pas ça.
« Aïe » me suis-je dit, ça doit être sérieux, si ça commence par « oui mais non »…
- Hon hon…
- C’est pour Merveille…
- Hon hon… Oui, Merveille…
- Quand l’Ours allait à la communale, et qu’il a dit « On est que cinq Français dont trois Yougoslaves », ça ne nous a pas frappés plus que ça.
- Et ?
- Quand il est allé au collège et au lycée, pareil, on lui a fait confiance.
- C’est vrai, pourtant dans ce lycée il y avait un sacré mélange de rebeus, de blacks, de « noiches », de juifs, de musulmans, de boudhistes, de chrétiens et de riens du tout…
J’ai repensé à ses copains, Memet, le Turc aux yeux gris qui a une boîte de textile à présent, à Cao, le Viet qui était venu tout petit à la maison, à Li Sing, le Chinois qui a maintenant une boutique de bijoux fantaisie dans le IIIème, son pote Togolais, jamais vu un type aussi noir, carrément bleu-marine, le mec, à qui ma mère avait dit « Mon dieu que vous êtes noir ! Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi noir ! »
Et cette petite rouquine kabyle qui regardait l’Ours comme un gâteau et qu’il ne voulait pas approcher parce qu’elle avait « des tas de frères à embrouille avec des rasoirs plein les poches ».
Nous lui avons fait confiance et il n’a pas « mal tourné ». Nous l’avons élevé avec un peu de principes, c’est tout.
J’ai dit :
- C’est vrai on lui a fait confiance…
Heure-Bleue a lâché, en me serrant le bras :
- On devrait faire confiance à Merveille, elle va s’en sortir.
- Oh, mais ce n’est pas en Merveille que je n’ai pas confiance, c’est dans ceux qu’il y a autour… Mais après tout, on peut travailler partout…
- Et puis elle a des parents…
- Et finalement, l’environnement n’est pas pire que celui de l’Ours à l’époque, le coin n’était pas ce qu’il est devenu, un ghetto de bien lotis.
Oui, le coin de Merveille n’est pas un ghetto de voyous dangereux.
Beaucoup sont « mal élevés » et savent sur « le camp d’en face » des choses qu’on ne devrait pas savoir à leur âge, et fausses de surcroît vu qu’ils les ont apprises sur le Web mais la sortie du lycée Turgot, pour ce que je me rappelle ne ressemblait non plus à une réception à Buckingham…
Alors…
- Alors oui, Minou, faisons confiance à Merveille.
- Oui ma Mine, vu sa façon de s’exprimer elle va faire comme son père, elle va les manipuler.
- Je me demande de qui elle tient ça, Minou…
- Ben…Tu me manipules bien, toi…
09:58 | Commentaires (11)
Commentaires
Ce n'est pas de la manipulation, c'est de l'intelligence.
Et je crois bien que c'est une denrée qui ne manque pas chez vous.
Écrit par : Berthoise | dimanche, 27 décembre 2015
c'est le sort de tous les enfants nouvelles générations
Écrit par : maevina | dimanche, 27 décembre 2015
J'aime bien le ton de votre conversation, et vos conclusions. Et vous avez raison, faire confiance tout en ouvrant l'oeil c'est sans doute le bon choix.
Bonne journée à vous deux.
Écrit par : Anita | dimanche, 27 décembre 2015
Ce n'est ni le sujet, ni le ton de la conversation qui m'interpellent, mais ce qui a bien pu pousser Heure-Bleue à ces réflexions au sujet de Merveille... l'atmosphère actuelle ? une réflexion de la petite ?
Nous sommes bien plus nombreux en France qu'au temps de ma jeunesse (50 % de plus au moins) et un melting-pot plus accentué. Mais il n'empêche, même au village nous avions des italiens, des polonais (qui travaillaient dans les mines, et devenez quel était leur dénomination péjorative !!) . Au collège, ça s'est encore élargi... dans les années 60, de nouveau une vague d'arrivants pas toujours bien acceptés. Heureusement, j'étais dans un contexte familial et de travail qui m'amenaient à essayer de comprendre avant de juger.
Et je crois bien qu'en votre compagnie, et celle de ses parents, Merveille sera bien munie (en plus des armes de sa féminité !!!!)
Écrit par : Sophie | dimanche, 27 décembre 2015
"Jamais vu un noir aussi noir " , ben si , ma belle-fille , même que je ne l'avais pas vue sur mon canapé marron , un soir où elle était assise sans rien dire ! Mes enfants sont allés à l'école publique , au collège dans une zône populaire et finalement , ils se sont bien armés pour être dans la vraie vie oû on côtoie des bons , des pas bons , des mals élevés , des gens tolérants et intolérants . Ne pas trop les protéger mais leur apprendre à réfléchir , et les soutenir sans en faire trop , bref , Merveille saura bien y faire avec l'appui de ses parents et grands - parents .
Écrit par : Brigitte | dimanche, 27 décembre 2015
Un noir presque bleu marine...tu manies le paradoxe avec dextérité !
;-)
¸¸.•*¨*• ☆
Écrit par : celestine | dimanche, 27 décembre 2015
et... forts de ce constat, vous vous êtes endormis l'âme rassurée !
Evidemment qu'il faut faire confiance à Merveille , vu la jugeotte qu'elle me semble posséder et l'intelligence de son entourage familial !!!!
Écrit par : emiliacelina | dimanche, 27 décembre 2015
oui il faut leur faire confiance (pas le choix d'ailleurs) mais aussi les armer le mieux possible pour affronter ce qui les attend
Écrit par : liliplume | dimanche, 27 décembre 2015
J'ai toujours entendu la génération des grands-parents se tracasser pour la génération des petits enfants, s'interroger sur le monde dans lequel ils vivent et les petit-enfants finir par rétorquer : "Ben quoi, je vais pas me tirer une balle, c'est mon monde, je vais faire avec. Toi t'as fait comment ?"
Simplement, insensiblement je me dirige vers celui qui se tracasse et quitte celui qui rétorque...
Écrit par : Brin de broc | lundi, 28 décembre 2015
C'est le rôle des grands-parents de s'inquiéter non?
Écrit par : mab | lundi, 28 décembre 2015
Je pense en effet que c'est pire que tout de surprotéger les enfants
Écrit par : marié-madeleine | lundi, 28 décembre 2015
Les commentaires sont fermés.