jeudi, 26 octobre 2017
Il y a des morceaux de vers partout.
Et ma cervelle est pleine de morceaux de vers.
Avant-hier, sur la petite place en haut de la rue, Heure-Bleue et moi avons déjeuné d’un « döner ».
Oui, maintenant, quand nous avons la flemme, plus exactement quand j’ai la flemme, de préparer le frichti du déjeuner, nous n’avons que peu de chemin à faire pour manger un « döner ».
Il est moins bon que celui de la rue des Petites Écuries mais il est à portée de pieds.
La petite place n’est pas loin et la pente qui y mène, maintenant que j’y suis habitué, n’est pas si raide que quand nous sommes venus visiter l’appartement.
Nous nous asseyons à une table de la salle que tient le Turc et ça me rappelle les temps durs où nous appartenions aux « classes laborieuses, classes dangereuses ».
Bon, n’exagérons pas, le temps où nous nous échinions pour cotiser lourdement pour une retraite que la CNAV et autre AGIRC répugnent à nous verser.
Étrangement, contrairement à ce qui se passe quand nous déjeunons d’un « döner » sur un banc du square des Batignolles, Heure-Bleue se débrouille mieux que moi.
En habitué de la clochardise que j’aurais sûrement connue si je n’avais croisé la lumière de mes jours, je peux manger debout ou sur un banc, un « döner » sans lâcher un petit de viande par terre ou une goutte de sauce sur ma chemise.
Heure-Bleue, elle, n’y parvient pas sur le banc.
Elle goûte avec précaution et évite avec talent sa chemise, sa jupe, son cache-poussière mais hélas, il y a toujours une tache rouge vif sur sa chemise que pour l’occasion elle a évidemment choisie de couleur blanche…
En revanche, chez ce Turc et celui de la rue des Petites Écuries, elle se débrouille nettement mieux que moi.
je tente de manger, mais par je ne sais quel hasard, il y a de temps en temps un morceau de viande qui tombe.
Un coup par terre, un coup sur mon jean « milleraies » qui est heureusement de couleur « prune » mais jamais sur le plateau.
Que voulez-vous, lectrices chéries, je suis comme ça.
Vous et moi sommes d’accord, qui disons volontiers que les hommes sont des cochons.
Nous ne pensons pas aux mêmes choses, c’est tout…
Les travers de porc peuvent être variés. (Ouais, bon…)
Nous nous sommes ensuite promenés puis revenus à la maison.
J’étais, pour mon compte, enchanté.
Je fus même un instant, prêt dans la lumière du soleil couchant genre fin de western des années soixante, à dire à la dame qui partage ma vie des trucs du genre :
J’adore sur ta peau, voir la douceur du soir
Tandis que peu à peu s’évanouit dans le noir
Ta silhouette pâle…
Ouaip ! Je suis tout à fait capable de lui sortir des trucs comme ça…
Au flan ! Sur l’inspiration du moment.
Mais j’évite. J’évite soigneusement.
Vous savez bien, lectrices chéries, qu’Heure Bleue n’a pas une âme à ça.
Et puis, depuis le temps elle me connaît alors forcément, ça marche moins bien.
Il y a chez elle une nette scission entre la littérature et la poésie.
Que dis-je, une scission ? Un schisme !
Pour elle, ces « petits machins » sont un dévoiement de la littérature.
Quand nous étions plus jeunes, je tentais le coup régulièrement.
En m’entendant, elle me jetait un regard suspicieux.
Mais des fois ça marchait…
09:32 | Commentaires (3)
Commentaires
J'ai l'impression, au fil de tes notes, que tu perds petit à petit des années, et que tu vas bientôt te retrouver homme jeune, fringant et enthousiaste. J'avais d'abord écrit jeune homme, mais faut pas exagérer quand même.
Mais c'est peut-être que, moi, j'ai pris quelques années dans les gencives, va savoir.
Écrit par : Sophie | jeudi, 26 octobre 2017
Aurais-tu déclenché en elle un réflexe de Pavlov?
Écrit par : livfourmi | jeudi, 26 octobre 2017
Tu devrais essayer les poésies grivoises ou les contrepèteries. Ça m'énerve mais ça m'amuse aussi de la part du Maître !
Écrit par : lakevio | lundi, 30 octobre 2017
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