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mercredi, 15 novembre 2017

Guère épais…

Il arrive parfois des vagues de réminiscences impromptues.
Comme hier soir au moment de m’endormir.
Je venais de refermer « Souvenirs dormants » que la lumière de mes jours m’a offert il y a quelques jours.
A force de me promener dans les souvenirs parisiens de Modiano, je me suis retrouvé dans les miens.
Dans la vague inconscience qui précède le sommeil, je me suis rappelé quelque chose sans intérêt.
Cette étrange faculté de l’esprit qui fait qu’à force de croiser les mêmes personnes, vous en tirez l’impression de les connaître.
Je me souviens comme ça, qu’en descendant quelques rues, j’ai croisé des gens si régulièrement qu’après quelque temps je me prenais parfois à les saluer d’une brève inclinaison de tête.
Assez bizarrement c’est toujours en revenant chez moi, jamais le matin.
Ils devaient être déjà au travail quand je passais, à moins que je ne passasse pas par le même chemin.
Le soir ou en fin d’après-midi, en revanche, je croisais assez régulièrement les mêmes.
Deux bus me ramenaient chez moi, le 85 et le 56.
Je suis longtemps allé prendre le 85 en descendant la rue Turgot et le 56 en descendant la rue de Dunkerque.
Il m’est même arrivé, en descendant la rue Turgot de croiser quelqu’un en haut de la rue, de le saluer d’un hochement de tête puis, pris d’un doute, quelques dizaines de mètres plus bas, de me retourner.
J’ai souvent vu alors quelqu’un me regarder, se demandant probablement qui je pouvais être.
Le connaissais-je ? Me connaissait-il ?
Pas vraiment, c’est seulement que je le croisais depuis des années.
Certains sont morts, je le sais.
Je les ai connus plus jeune.
Un, notamment qui, je crois habitait vers la rue Taitbout, qui s’est suicidé à trente ans.
Il avait un an de plus que moi et était lui, un véritable surdoué, pas un qui s’était  contenté de savoir lire vers quatre ans.
Il était bon en tout et voyait plus loin que nous tous.
Hélas, il s’était fourvoyé et a mal fini.
Nous finissons tous mal, mais lui a fini avant nous.
J’en ai connu d’autres aussi, qui sont morts et me manquent par moment.
C’est là je crois que je me suis endormi en terminant cette note.
J’ai bien cru un instant l’avoir oubliée ce matin…

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