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lundi, 04 décembre 2017

Travaux d’aiguillette…

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Étonnamment, le marquis arriva vers quatre heures alors qu’il avait depuis longtemps l’habitude de rentrer tard le vendredi.
Non qu’il sacrifiât de quelconque façon au rite de la confession hebdomadaire.
Il avait renoncé depuis longtemps à faire part au Très-Haut de ses écarts de conduite.
Il pensait que puisqu’il était omniscient et omnipotent, ce dernier était sans doute au fait de ses exactions et s’il avait dû être puni, il serait parti en fumée depuis longtemps…
La domesticité était absente, sans doute priée par la marquise de la laisser en paix comme il advenait souvent le vendredi.
Le marquis de C. monta donc précipitamment vers ses appartements pour avouer à la marquise qu’il venait de perdre aux cartes une des fermes de sa dot.
Il s’était préparé à se faire vertement rappeler que les dots n’étaient pas faites pour être jouées aux cartes aussi il tourna délicatement la poignée de la chambre de Madame la Marquise…
Las, il surprit le comte de L. en train de cultiver avec ardeur le jardin secret de la marquise.
Il toussota discrètement, arrachant un juron au comte de L. et un soupir de déception à la marquise de C.
« Vous avez de la chance, Madame ! C’eût pu être un domestique… »
Le comte se rajusta prestement, eut une brève inclinaison de tête :
- Bonne soirée Monsieur.
Se tournant vers la marquise, il ajouta :
- Serviteur, Madame… 
Le comte sorti, le marquis haussa les épaules et leva les yeux au ciel.
La marquise rabaissa sa robe et ne dit rien…
- Tout de même, Madame, pensez à…
- Je ne pense pas Monsieur, vous êtes là pour ça !
- Tout de même mon amie, trouver le compte de L. en train de besogner un jardinet que je pensais secret ou qui du moins m’était réservé…
- Eh bien, voyez vous, l’arrosage régulier, c’est bien mais…
- Mais ?
La marquise ouvrit bien grand les yeux qui lui donnaient cet air angélique qui lui seyait si bien.
- Que voulez-vous mon ami, il faut bien de temps à autre y user d’un plantoir…
Le marquis soupira alors en se disant qu’une différence d’âge de trente ans détruisait plus sûrement l’amour-propre que les articulations.
Il claqua la porte et sortit d’un pas vif du château.
Oui, il était bien cinq heures quand la marquise eut fini d’effacer les traces du jardinage et de remettre de l’ordre dans sa tenue.
La marquise sortit à cinq heures.
Elle se hâta vers le château du comte.
Elle détestait les travaux inachevés…