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mercredi, 06 décembre 2017

Johnny, reviens !

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Je vous ai déjà parlé de mon père ?
Je crois…
La mort de Johnny me rappelle beaucoup de choses.
D’abord que ça arrache un des derniers pans de ma jeunesse.
Puis que si Johnny ne faisait pas partie de mes idoles, j’ai écouté avec plaisir des 33T prêtés par un copain que je m’étais fait « en colo » en 1962.
Assez bizarrement, je les lui avais rendus.
Ce copain s’appelait et s’appelle probablement encore Charbonnier.
Il m’avait prêté et j’avais eu d mal à lui rendre, trois disques « Les rocks les plus terribles ».
Comme beaucoup de mes copains de l’époque,  les disques étaient souvent classés en trois catégories :
- Disques empruntés.
- Disques à rendre.
- Disques non rendus...
On ne s’était jamais vraiment demandé d’où venaient tous ces disques.
La source du financement pour ceux qui étaient achetés est restée inexplicablement fumeuse... 
Mon père, donc était un homme patient et plutôt indulgent.
Il fallait bien…
J’ai appris avec effarement de ma grande sœur que notre logement que jusqu’aujourd’hui je disais « exigu » était en réalité minuscule.
Il fallait donc à mes parents une patience d’ange pour résister aux envies de meurtre que ne manquaient pas d’exister quand vous hébergez une tante, un oncle ou une grand’mère dans un deux pièces de 26 m² déjà occupé par deux parents et quatre enfants.
Pour en revenir à Johnny et à mon père, une autre des nombreuses fois où nous sommes descendus chez madame B.
Madame B. était la voisine du dessous, celle qui avait LA télé de l’immeuble.
Pour ce que je me rappelle, ce soir là, nous étions descendus voir cette émeute causée par un de ces « concerts yéyé » qui désespéraient les parents et enchantaient les ados.
Mon père est donc descendu avec ma sœur cadette et moi chez madame B.
Il a regardé l’écran quelque minutes, y a vu quelque chose de très différent de ce qu’il écoutait habituellement –il aimait bien Gilbert Bécaud et Leo Ferré-.
Au bout de quelques minutes il a secoué la tête.
Puis a commencé « Darwin avait parlé de… »
Il resecoué la tête et dit « Y a comme une évolution que se produit… »
Il a soupiré et achevé « mais laquelle ? »
Et il est remonté à la maison…
C’est là qu’on a compris que mon père était passé du côté des « croulants » comme on disait dans les sixties pour ne pas dire « vieux »…
N’empêche, « Les rocks les plus terribles », c’était super.
Mais ma mère n’a jamais voulu m’acheter le blouson en jean de Johnny.
Elle disait aussi des jeans « Ça serre trop, c’est mauvais pour la circulation et ça va rendre les garçons stériles ».
Après j’ai été bien content de mon blazer bleu marine et des mes « Newman ».
Oui, les filles qui me branchaient préféraient le « Newman », les mocassins et les blazers.
Mais, même si j’ai préféré Françoise Hardy, Johnny s’est quand même tiré avec une bonne part de nos jeunes années à tous…