jeudi, 28 juin 2018
L'Amérique, l'Amérique ! Bon, elle m'a eu...
Il y a des années –ça y est, papy radote…- je suis allé passer un moment aux États-Unis.
Un assez long moment, en fait.
Pendant plus d’un an et demi j’ai laissé derrière moi l’amour au profit de problèmes tout aussi délicats.
La première fois que j’y mis les pieds, ce fut au mois de mars 1983.
Le printemps montrait son nez ici.
Paris commençait à se vêtir des atours qui attirent le touriste.
Des havres de verdure insoupçonnés se découvraient derrière des porches habituellement fermés dont on pensait qu’ils ne cachaient que des poubelles posées sur des pavés inégaux.
Mon moral de frileux se réchauffait à l’idée que l’hiver était enfin terminé.
Je dis « enfin » car les hivers sont toujours trop longs…
Mon patron préféré, celui qui me versait chaque mois de quoi renflouer les caisses d’un État perpétuellement impécunieux, me confia alors la mission délicate de ne pas donner de la boîte une impression fâcheuse de « jemenfoutisme » dans l’esprit du client et si possible de faire en sorte que ce qui fut vendu corresponde enfin à ce qu’avait acheté le client.
Encouragé par le printemps naissant et oubliant des détails climatiques, je partis.
J’étais malheureux de laisser derrière moi ceux que j’aimais et en même temps assez curieux de ce que j’allais trouver là-bas.
Ce mois de mars s’annonçait délicieux et doux.
Je mis donc mon costume dit « premier communiant », celui qui me permettait d’avoir l’air innocent comme le fameux agneau.
Nanti d’un passeport dont j’étais assez fier qu’il portât le tampon « Indefintely » sous la mention « valid until » je pris le vol Paris-Detroit qui convenait au rendez-vous.
Las… Arrivé tout près de l’aéroport, les ailes du B-747, une véritable montagne de ferraille, se couvrirent de glace et l’avion dut s’y reprendre à deux fois pour toucher le sol sur ses roues et pas en tombant.
C’eut été dommage car tomber dans le lac Erié au mois de mars quand on est frileux…
J’ai l’habitude faire confiance à la mécanique, malgré la mésaventure du Titanic, mais un autre point me tracassait : Le froid.
J’avais raison.
La veste de mon costume me protégeait du climat à peu près autant que « tu ne voleras point » protège du pick-pocket.
Le pire était à venir. Le taxi m’emmena à l’hôtel sans problème mais pour assez cher.
Je dormis plutôt mal à cause du décalage horaire. Au moment où j’aurais dû être réveillé je ramais dans le pâté.
Je m’habillai, mis mon costume de premier communiant et sortis pour attendre celui qui venait me chercher.
Je me suis avancé vers la route sur le trottoir enneigé.
Hélas, à Detroit les routes sont empruntées par des camions monstrueux et pour éviter qu’ils ne finissent dans les boutiques, les trottoirs sont terriblement hauts.
Je m’en suis aperçu en approchant de la route. Mon pied s’échappa quasiment seul, comme doté d’une vie propre.
Je me suis retrouvé enfoncé jusqu’aux genoux dans une gadoue innommable et pas même gelée car composée d’autant de gas-oil que d’eau et de neige.
Je fus obligé d’acheter dans le hall de l’hôtel des chaussures et quelques hardes sur le champ.
Je me demandais alors quelle idée saugrenue les Américains avaient eu d’écrire sur leurs billets « In God We Trust ».
Je le sais maintenant, c’est parce que « Others pay cash »…
07:50 | Commentaires (6)
Commentaires
Mais alors tu connais la ville où vit ma fillette!!! Même en avril y'a parfois encore de la neige!!!
Écrit par : manoudanslaforet | jeudi, 28 juin 2018
Je sais, c'est pas bien, mais j'ai ri en te lisant, en imaginant la scène !
Ah ces hommes qui, en faisant leur valise, ne prévoient pas le chaud/le froid/la pluie/des "changes complets" jusqu'aux chaussures pour le cazou !!!!
Comme Perrette tu est parti léger et "court vêtu" (et là, je te taille immédiatement en pensée un short).
Et crois-moi, j'ai du mérite à écrire "léger" ce matin....
Écrit par : Sophie | jeudi, 28 juin 2018
Je suis morte de rire ! je t'imagine tellement !
Mais on peut rire maintenant, c'est si lointain et je suis sûre que tu as ri en écrivant.
Écrit par : Praline | jeudi, 28 juin 2018
Ah ces scientifiques qui ignorent la géographie et ses climats ! Mais quel talent de conteur !
Écrit par : nicole 86 | jeudi, 28 juin 2018
Que de sous dépensés en peu de temps ! ☺
Écrit par : Fabie | jeudi, 28 juin 2018
j'imagine très bien! (en plus pour bien comprendre (l'humour') des dernières phrases je suis allée sur internet traduire un peu !
Écrit par : emiliacelina | jeudi, 28 juin 2018
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