mardi, 14 août 2018
Le livre de ma mère...
Mercredi c est le 15 août.
Bon, en vrai, ce n’est pas que le quinzième jour du mois d’août, c’est celui de l’Assomption.
J’ai remarqué depuis des années que l’Assomption s’est transformée en « 15 août » et les processions en embouteillages.
Ça n’avance pas plus vite, juste ça fait plus de morts.
Ce qui finalement couche assez bien avec cette affaire de « Dormition ».
En réalité, depuis que ma mère est morte, je ne pense plus qu’accidentellement à ce genre de choses.
Je n’y pensais déjà que très peu lorsqu’elle était vivante, j’avais été guéri de toutes ces histoires par un séjour chez les dingues.
Je lui mentais avec aplomb le jour du Vendredi Saint car, comme souvent, le sandwich dit « jambon-beurre » faisait office de déjeuner et bien entendu, en rentrant à la maison, quand par hasard elle était là, j’avais droit à « Tu as « fait maigre » au moins mon fils ? »
C’est en ces occasions que j’ai appris que l’on peut mentir mais à deux conditions :
- Que ce soit sans dommage pour quiconque.
- Le faire avec aplomb.
Je m’étais néanmoins fait sermonner quelques fois de mon impiété.
Le dieu de mon père s’en foutait allègrement.
Ma mère était plus prudente.
Elle avait, dicté par la prudence, un côté cauteleux vis-à-vis des bondieuseries.
Quand je manquais aux devoirs hypocrites de la religiosité, ce qui la gênait, ce n’était pas d’avoir offensé un bon dieu dont ma mère semblait penser que c’était un brave gars mais plutôt mollasson.
Sympa le type, certes, mais faiblard.
Ce qui la gênait plutôt, c’était que la prunelle de ses yeux –moi- pût avoir couru le risque de se trouver face au diable une fois ma dernière heure venue.
En Berrichonne avertie, ma mère croyait plus au diable qu’au bon dieu.
Et selon elle, le diable, c’était du costaud.
Pas un « Père qui êtes aux cieux » gentil, plein de bonté, d’amour qui parlait de pardon et autres gaudrioles finalement inutiles au maintien de l’ordre dans un monde en perpétuel bordel.
Bordel surtout causé, d’après ma mère, par ses enfants.
Non, non, non lectrices chéries ! Pour ma mère, le diable c’était un client sérieux.
Un vrai méchant, un qui vous cramait pour l’éternité à la première connerie.
La plus vénielle, voler le croûton du pain frais par exemple, vous valait une surchauffe fessière censée présager le cramage final.
Si ça se trouve, vu le nombre de pécheurs, le réchauffement climatique, c’est lui…
C’était quand même un type qui venait vous tirer par les pieds pendant votre sommeil, histoire de vous faire regretter d’avoir bouffé en douce une cuillerée de confiture en montant sur une chaise.
Ou pire, avoir piqué un franc dans le porte-monnaie maternel pourtant d’accès peu aisé...
Elle a continué comme ça longtemps ma mère, persuadée qu’une bonne mère ne doit surtout pas s’occuper de foutre la paix à son fils.
Pourtant, un moment dans mon enfance, j’avais écouté avec attention l’histoire sainte chez mes fondus. Déjà intéressé par les sciences, cette histoire de feu qui prenait sans allumettes.
Déjà cette histoire de buisson ardent m’avait intrigué qui préfigurait les mélanges hypergoliques.
Non que je fusse crédule mais cette affaire me turlupinait et je me demandais bien par quel miracle, la chose pouvait ainsi s’enflammer.
Puis je l’oubliai jusqu’à l’adolescence où, en quelques occasions elle me revint à l’esprit.
Je fus alors forcé de constater que cette affaire de buisson ardent n’avait été à l’époque qu’une erreur d’interprétation de ma part.
En y réfléchissant plus tard, l’idée que c’était la révélation du dieu éternel et unique qui fait marcher le monde à coups de buissons ardents, n’était finalement pas si fausse…
08:33 | Commentaires (4)
Commentaires
Le réchauffement climatique dû à Lucie Faire ! Diable diable, mais c'est bien sûr avec le paquet de mécréants que supporte la planète !
Sais tu que j'adore ton humour ? J'espère Qu' BH ne m'en voudra pas ! Tiens je vais aller la lire.
Belle journée à vous deux.
Écrit par : delia | mardi, 14 août 2018
La perspective d'aller brûler en enfer fait réfléchir :)
Écrit par : Nina | mardi, 14 août 2018
Ma foi (c'est bizarre que j'emploie cette expression pour te répondre), le 15 août n'a jamais fait partie de mes introspections, ni quoi que ce soit d'ailleurs. Je suis plutôt neutre sur le sujet et je ne reviendrai pas non plus pour te dire si tu as tort ou raison !
Mais le 15 août pour moi, c'est autre chose : c'est la ste Marie, première partie du nom de ma mère. Et, en riant, mais il fallait la croire sur parole, elle disait : "je recevrai vos souhaits de fête jusqu'à 11 heures" (heure de la grand'messe).
Elle les recevait après aussi, mais c'était une façon pas très discrète de veiller au grain.
Une année, je suis partie en vacances en août, et sachant que je n'y serai pas le 15, j'avais bien envoyé une carte avec mes souhaits. Je suis rentrée le 16 ou le 17, et ma mère a fait jusqu'à réception de la carte, comme si je n'existais pas !!!! juré-craché !!!
Écrit par : Sophie | mardi, 14 août 2018
hé oui, tout ce qu'on n'a pas essayé - en vain mais avec acharnement - de nous faire croire ;-)
Écrit par : Adrienne | mercredi, 15 août 2018
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