vendredi, 07 septembre 2018
Doux bail...
Heure-Bleue et moi, c’est tout l’intérêt de la chose, ne remarquons pas les mêmes choses et n’avons pas le même regard sur les évènements.
Ce matin par exemple, j’ai lu sa note.
Nous sommes allés hier acheter une souris pour remplacer la sienne qui a rendu l’âme puis, nous avons continué notre chemin vers son quartier d’enfance.
Ce qui lui en revient est plus « géographique » que familial.
Je sais qu’elle ne s’est pas amusée tous les jours, sinon elle n’aurait pas claqué la porte à dix-huit ans et travaillé pour continuer ses études.
Elle est restée « mon inconnue » jusqu’aujourd’hui.
Bon, le fait qu’elle « parle fille » n’aide pas à la connaître.
Depuis mon enfance on m’a tanné pour que je fasse des phrases entières, avec sujet, verbe, compléments –directs ou indirects- et même avec plusieurs propositions mais surtout avec une chute.
Elle, « mon inconnue », semble n’avoir retiré de son enfance que des lieux.
Elle-même dit d’ailleurs « ma mémoire est faite d’images, de lumières et de lieux » et elle ajoute, histoire de montrer que nous n’avons pas la même « la tienne est celle de sons ou d’odeurs, de touchers et de sensations ».
J’en retire évidemment l’impression fausse que son enfance fut terne alors que, comme elle me l’a dit, elle « s’enfermait dans un livre » et oubliait le monde qui n’était pas bien gai autour d’elle.
Ce n’est pas qu’il était toujours gai chez moi mais il était apparemment beaucoup plus animé.
J’en retire parfois l’impression que mon enfance a été heureuse, malheureuse, gaie et triste tandis que celle de « mon inconnue » a été dans son esprit lissée à dessein.
Aujourd’hui, avec le temps je me rends compte que c’est assez normal car son père était un homme taciturne, voire un peu misanthrope et sa mère souvent ailleurs.
Chez moi, c’était nettement plus animé mon père avait une « vis comica » parfois étrange et la tendance de ma mère à la grandiloquence donnait des spectacles qui mettaient une ambiance folle à la maison.
Quand Heure-Bleue parle de son enfance, c’est souvent un lieu qui l’a frappée plus qu’un évènement.
Elle regarde le temps qui a passé sur l’endroit et l’a modifié.
Je me rappelle une voix, une situation et aussitôt une histoire de l’évènement surgit.
La lumière de mes jours est un plan de Paris et je n’en suis que le promeneur.
Mais j’adore me promener…
10:34 | Commentaires (10)
Commentaires
Dans ma tête, ,j'arpente les rues de ma jeunesse avec les sensations intactes. Douce nostalgie.
Écrit par : Nina | vendredi, 07 septembre 2018
Difficile de retourner dans le quartier de ma jeunesse. Il a trop changé. Je le fais parfois, rarement, par accident. Il y a une lumière... une atmosphère mais j'ai beaucoup oublié aussi. La mémoire visuelle est faite de flashes. Après les tableaux peuvent s'animer.
Vous vous complétez... C'est ce qui fait, entre autres, l'intérêt de vos blogs croisés !
Écrit par : Pivoine | vendredi, 07 septembre 2018
Imagine... la maison de mon enfance appartient à une chef d'entreprise qui y a ses bureaux et peut-être un logement. Notre ancienne épicerie est une galerie de peinture et l'ancien Delaize attend une rénovation. L'investisseur a invité des graffeurs à l'animer. Des graffeurs de luxe. Pas le premier venu!
Écrit par : Pivoine | vendredi, 07 septembre 2018
j'ai lu "doux babil" et ce billet tout en nuances sur la différence qui s'enracine dans notre enfance n'a pas remis en cause le titre que je lui avais octroyé.
Écrit par : nicole 86 | vendredi, 07 septembre 2018
Et bien, je trouve formidable qu'après pas mal d'années de vie commune, tu parles d'HB comme d'une inconnue.
L'un comme l'autre, vous découvrez des aspects ou des bribes de souvenirs au hasard des mots ou des images. Et franchement, ce doit être être un piment de se demander chaque matin ce que va vous apporter la journée, grâce à l'autre.
Écrit par : Sophie | vendredi, 07 septembre 2018
C'est joli ce que tu dis du promeneur. Dans une promenade, il y a tout : le regard et les lieux, les bruits et les passants. Ce qui importe, c'est la mémoire vivante. Celle qu'on cultive avec une douce nostalgie mais sans regrets. On a vécu mais tant qu'on a des choses à se rappeler et à transmettre... on est vivants !
Écrit par : lakevio | vendredi, 07 septembre 2018
vous complétez parfaitement, dans ce cas :-)
Écrit par : Adrienne | vendredi, 07 septembre 2018
l'empreinte de l'enfance...tellement forte, impossible d'y échapper !
Écrit par : ang/col | vendredi, 07 septembre 2018
J'aime vraiment beaucoup ta dernière phrase.
L'expression de l'amour prend des formes si différentes, j'en suis toujours émerveillée...
¸¸.•*¨*• ☆
Écrit par : celestine | vendredi, 07 septembre 2018
ben! Finalement....je n'aime pas du tout me rappeler ni mon enfance ni ma jeunesse..... j'aime juste me rappeler les années depuis mon mariage !
Écrit par : emiliacelina | vendredi, 07 septembre 2018
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